Parler de crise politique en jouant une comédie grecque du Ve siècle avant J.-C. c’est le projet mené par une troupe de théâtre malgache et un metteur en scène français en jouant La Paix d’Aristophane. Une comédie antique qui parle donc de paix, de guerre, de puissants et du pouvoir de l’argent. Thèmes universels mais qui résonnent d’un écho particulier en cette période de crise que traverse la Grande Ile.
C’est sur le son de la valiha, instrument traditionnel malgache, que s’ouvre la pièce : « Nous autres les Malgaches, petit peuple vaillant, vivant à l'écart des causes planétaires, avons décidé de relever le défi.... »
Le défi que va tenter de relever le personnage principal est de frapper aux portes de l’Olympe et de réclamer auprès des dieux la restitution ferme et définitive de la paix sur terre. Une démarche qui peu ressembler à celle de nombreux compatriotes, selon Doly Odéamson, comédien et directeur de la compagnie Landy volafotsy.
« Je pense que beaucoup de Malgaches pensent la même chose parce qu’on en a assez, on est un peu sur les genoux. En plus, nous autres les Malgaches, nous sommes habitués à parler aux dieux, aux ancêtres, donc on se sent un peu comme un poisson dans l’eau dans cette pièce d’Aristophane ! »
Des éléments du théâtre traditionnel malgache se mêlent aux scènes burlesques. Ce mélange des genres est orchestré par le metteur en scène français Vincent Colin, qui est venu dans le village de la compagnie Landy volafotsy pour monter la pièce : « On est dans le village avec ces gens qui possèdent aussi des zébus… des activités quotidiennes, et qui se consacrent au théâtre. Ça c’est la première chose qui est très touchante de Landy volafotsy : des gens qui sont à moitié paysans et en même temps qui se revendiquent comédiens. »
La pièce sera jouée une seconde fois aujourd’hui à l’Institut français avant une tournée à La Réunion puis en France.
Décidé, après dix ans de guerre, à exiger des dieux qu’ils renvoient sur terre la paix, un vigneron athénien, Trygée, monte au ciel, à cheval sur un bousier géant que nourrissaient ses esclaves. Mais les dieux ont déménagé, laissant Polémos (Guerre) maître des lieux ; ce dernier s’apprête à broyer la Grèce dans un énorme mortier et Paix, sa prisonnière, est enfermée dans une caverne. Trygée appelle à l’aide tous les peuples de la Grèce ; avec eux, et surtout avec les paysans de l’Attique qui constituent le choeur de la comédie, il parvient à délivrer Paix, une belle jeune femme qu’accompagnent Théoria (« Festivité ») et Opora (« Trésor d’été »).
Chef-d’oeuvre peu connu d’Aristophane, nul doute qu’il y a près de 2500 ans, cette pièce donnait lieu à un grand spectacle épicé d’humour et de farce. C’est dans cet esprit que la Compagnie Landy volafotsy s’en empare pour en livrer une version à la fois décalée et amusée.
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