A défaut de l’arrestation de Marc Ravalomanana, les autorités malgaches peuvent se consoler en sanctionnant la compagnie aérienne qui avait transporté l’ancien chef d’Etat. Elles ne seraient pas en tort en décidant de prononcer des sanctions contre la compagnie et surtout le pilote de l’appareil. Dans le petit monde aéronautique malgache, on est offusqué par le comportement du pilote de l’avion sud-africain sans que la réaction soit liée à un quelconque positionnement politique.
Ce dernier a, en effet, refusé d’obtempérer à un ordre de l’Asecna d’atterrir à l’aéroport de Morondava. Cet organisme est celui qui gère l’espace aérien malgache. Il est reconnu internationalement et il agit suivant les directives des autorités malgaches, en l’occurrence l’ACM (l’aviation civile de Madagascar).
Samedi, il n’y avait aucun Notam sur cette descente sur Morondava dans la mesure où l’ordre ne concernait que le seul avion d’Airlink transportant Marc Ravalomanana (un Notam comme son nom l’indique est destiné à tous les pilotes volant ou projetant de voler dans un espace aérien donné). L’Asecna avait toutefois donné l’ordre au pilote de l’avion de descendre sur Morondava. Il a refusé et est reparti sur Johannesburg.
Dans la réglementation internationale, ce genre de refus est passible de graves sanctions. Les autorités malgaches peuvent par exemple interdire ce pilote de ne plus traverser l’espace aérien malgache. Pareillement, on peut prononcer des amendes ou retirer la licence d’exploitation d’Airlink sur la ligne Madagascar-Johannesburg. Dans ce dernier cas pourtant, c’est l’accord aérien entre Madagascar et l’Afrique du Sud qui pourrait être dénoncé. Ce qui serait contraire aux intérêts des deux pays et de la SADC en général.
En tout cas, les pilotes et les contrôleurs aériens du pays ne tolèrent pas du tout le peu de considération que le pilote de l’avion sud-africain ait fait montre aux techniciens locaux.
Le PDG d’Airlink explique les raisons qui ont conduit son avion à faire demi-tour. La compagnie n'a pas le droit d'atterrir à Morondava.
Airlink sort de son silence. Cinq jours après le « retour forcé » de son avion à Johannesburg, Rodger Foster, président directeur général (PDG) de la compagnie, indique que Morondava ne pouvait pas être une option. Selon son explication, « cette infrastructure aéroportuaire n'est pas appropriée pour des services aériens internationaux ». Apparemment, il n'y existe pas de service d'urgence adéquat et, légalement, l'avion lui-même ne pouvait pas y atterrir. « Le pilote n'a eu d'autre choix que de retourner à Johannesburg. Toamasina et Mahajanga sont les aéroports d'alternance d'Airlink en cas de détournement d'Antananarivo. Or, tous les deux ont été déclarés fermés par l'Aviation civile malgache (ACM), ainsi que les autres aéroports alternatifs viables (Toliara et Tolagnaro) », rapporte Rodger Foster.
Raisons de sécurité
Au vu de toutes ces contraintes, le premier responsable de la compagnie qui a transporté l’ancien président, Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud, ne compte pas lâcher l'affaire facilement. D'autant plus que les procédures légales ont été respectées à en croire ses propos.
« L'autorisation de vol de la compagnie a été correcte. L'avion était déjà dans l'espace aérien malgache quand l'ACM a décidé de son retour forcé. Les responsables de cette structure devrait fournir des explications sur ce qui s'est passé et leurs responsabilités peuvent être engagées », souligne Rodger Foster.
« L'affaire a été signalée à l'autorité aéronautique sud-africaine », poursuit-il.
Face à cette démarche de la compagnie, des experts en aéronautique ont indiqué que « Airlink a le droit de porter plainte. L'ACM a bafoué la loi de l'Organisation de l'aviation civile internationale et de l'Association internationale du transport aérien. Entre autres, elle peut être accusée d'avoir mis en danger la vie des passagers ». Benjamina Ramanantsoa, ministre du Transport, justifie pour sa part la décision de dernière heure de samedi par des raisons sécuritaires. « Le Notice to airmen (Notam) peut être pris si les responsables de la sécurité jugent qu’il y a danger », argumente-t-il. Mais selon Airlink, cette décision devait être prise avant le décollage même, d'autant plus que l'ACM a déjà été avisée de la liste des passagers.
« La compagnie Airlink a été consciente que certaines personnes étaient considérées par l'État malgache comme “persona non grata” (...) Mais nous avons été informés de l'annulation du Notam A1204/11 par le Notam A1210/11, publié le 19 décembre 2011, à leur encontre. Airlink a présenté à l'ACM la liste de ses passagers et a demandé l'autorisation de vol, ce qui a été accordé en bonne et due forme », souligne toujours le PDG de la compagnie. « Au moment du départ à 0800Z (UTC), Airlink n'a pas été informé de tous les éventuels problèmes qui pourront survenir, notamment la fermeture imminente de l'ensemble du port international des aéroports d'entrée à Madagascar », enchaîne-t-il.
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