Nadine Ramaroson demeure vivante dans le cœur de sa famille mais aussi des milliers de gens qui ont apprécié son engagement envers la population, les femmes et les couches défavorisées plus particulièrement. Sa notoriété est telle que des esprits malintentionnés l’utilise aujourd’hui pour organiser une escroquerie à grande échelle.
Depuis trois semaines maintenant, le nom de la regrettée ministre de la Population est, en effet, utilisé sur la côte est dans une combine malsaine. Les initiateurs de l’arnaque vulgarisent notamment un projet d’allocation financière comprises entre 500 000 et 2,5 millions francs aux femmes âgées de 15 à 59 ans. Ce « fonds en faveur de la promotion des femmes » serait « envoyé par un « vazaha » pour les œuvres de Nadine Ramaroson ».
Ce crédit est indiqué à taux 0 mais avec une « cotisation » fixe de 15 000 francs par an et sans aucune limite quant à la durée de remboursement. Pour en bénéficier, il suffit de fournir une photocopie de la carte d’identité nationale, 4 photos d’identité et des frais dits d’adhésion de 32 500 Fmg. Le crédit s’éteint par ailleurs avec la mort de l’emprunteuse ou en cas d’incendie de sa case (sinistre assez fréquent dans les villes côtières où les maisons sont habituellement construites en tôle, en bois ou en rabane, des matériaux assez inflammables).
« Tout est organisé par des femmes », nous rapporte-t-on d’Ilaka-Est (à environ 30 km de Vatomandry) où un groupe a débarqué, il y a plus deux semaines de cela. Mais quelques jours auparavant, c’était déjà la queue devant le photographe du village et devant la mairie. Les femmes se bousculaient dans l’espoir de bénéficier de cette manne tombée du ciel, surtout en cette période de soudure. L’engouement a d’autant plus surpris les hommes du village qu’il n’y avait aucune annonce officielle sur ce pseudo-projet. « Pour une campagne de vaccination, on mobilisait une voiture avec haut-parleur sinon dans les hameaux éloignés de la commune, c’est le crieur de service qui passe l’information avec sa clochette. Cette fois-ci, tout s’est fait de bouche-à-oreille et le bruit s’est répandu littéralement comme une traînée de poudre ».
Des esprits censés ont tenté de raisonner la gent féminine mais rien n’y fit. « Des scènes de ménage ont été enregistrés dans de nombreux foyers. De nombreuses femmes se sont endettées auprès des parents ou connaissances pour payer les frais de 32 500 Fmg », ajoutent des sources concordantes.
Au moment où les émissaires venues de Vatomandry pour collecter les dossiers et les frais étaient sur place, un conseiller du chef de région Atsinanana était de passage en affirmant qu’à Toamasina, personne n’était au courant de « la chose ». Le chef de district de Vatomandry aurait également affirmé qu’il n’était pas non plus avisé de ce pseudo-projet. « Cela semble corroborer le fait que la déléguée de la Radio nationale à Vatomandry n’a rien rapporté sur les ondes alors qu’à chaque évènement, elle transmet systématiquement les informations ».
Quelques jours après pourtant, le délégué de la commune rurale d’Ilaka-Est revenait de Vatomandry et déclarait aux notables de la localité que le chef de district lui aurait dit que le pseudo-projet n’a rien de suspect. Et l’opération se poursuit inlassablement.
« La semaine dernière, un autre groupe est allé à Narovana (un village voisin) pour la même opération. Et de folles rumeurs circulent que les femmes de Mananana-Nord ont déjà reçu les financements promis », poursuit-on pour expliquer l’engouement que suscite cette combine très bien ficelée qui utilise à la fois la notoriété de feue Nadine Ramasoron et la crédulité de la gent féminine.
Plusieurs milliers de femmes seraient déjà victimes de cette grosse arnaque. Des centaines de millions de francs envolés alors qu’au moment même de l’opération, l’organisme de micro-finance OTIV a procédé à l’inauguration d’un immeuble flambant neuf qui aura du temps à se rentabiliser après cette escroquerie laquelle continue de lessiver toute une région.
Ce qui est étrange est l’immobilité voire la complicité des autorités locales qui laissent faire. A moins bien sûr qu’elles subissent une forte pression quelque part. Mais qui d’autre que la hiérarchie officielle peut leur donner des ordres ? En tout cas, cette affaire n’a aucunement pour objectif d’obliger les femmes à se faire délivrer une carte d’identité nationale. L’argent, fût-il très conséquent, pourrait être accessoire. Car qui sait, si ce n’était pas pour couper l’herbe sous le pied à ceux et celles qui se veulent être les héritiers politiques de feue Nadine Ramasoron pour les élections futures ?
L’Etat doit faire la lumière sur cette sombre affaire et punir sévèrement ses auteurs. Il doit le faire pour protéger la population et rendre ainsi un ultime hommage à l’un de ses grands serviteurs.
Salomon Ravelontsalama
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