Selon Ocean 2012, plus d'un quart des poissons vendus en Irlande sous l'appellation "morue" sont en réalité des lieus jaunes, des lieus noirs ou des merlans.
Pour faire face à l'épuisement des stocks du fait de la surpêche, les professionnels du marché de la pêche n'hésitent pas à vendre des poissons de moindre qualité sous un étiquetage mensonger, affirme jeudi 26 avril l'alliance Ocean 2012.
Selon les recherches effectuées par la centaine d'organisations de défense des écosystèmes marins regroupées au sein de cette alliance, plus d'un quart des poissons vendus en Irlande sous l'appellation "morue", par exemple, n'en sont pas. Il s'agit en réalité de lieu jaune, de lieu noir ou de merlan portant des étiquettes frauduleuses.
"Le fait de paner, fumer ou enrober ces filets dans de la pâte à frire permet d['en] masquer l'apparence, l'odeur et le goût", assure l'alliance dans un rapport.
MERLU AFRICAIN ET PANGASIUS ASIATIQUE
De même en France, le consommateur non averti ignore que la roussette, la saumonette ou encore le chien de mer sont en réalité de petits requins. Tandis qu'en Espagne, un tiers des poissons vendus sous l'étiquette "merlu" sont en fait une variété de second rang pêchée dans les eaux africaines, selon des études menées par l'université espagnole d'Oviedo. Le kilo de merlu frais européen était vendu 11,72 euros en 2010 contre à peine 6,79 euros pour le merlu africain. Les fraudeurs n'ont pas hésité à mettre le second sur les étals européens en prétendant qu'il avait été pêché dans les eaux locales.
Autre fraude dénoncée par Ocean 2012, le pangasius, un poisson élevé dans les eaux chaudes, douces et saumâtres d'Asie du Sud-Est, et actuellement le moins cher sur le marché mondial, a été servi comme de la morue, poisson des eaux froides de l'Atlantique, dans des "Fish and Chips" britanniques. En dix ans, les importations en Europe de ce poisson de basse qualité ont bondi de 2 000 à 220 000 tonnes.
UNE DEMANDE EN HAUSSE, DES STOCKS QUI DÉCLINENT
En France, la consommation de produits de la mer augmente en moyenne de 2 % par an depuis deux décennies, rappelle l'alliance. "La demande ne cesse d'augmenter, alors que les stocks de poissons exploités localement ne cessent de décliner pour cause de surpêche", indique Stéphane Beaucher, coordonnateur politique pour Ocean 2012.
Les pratiques frauduleuses de certains opérateurs sont d'autant plus aisées que la plupart des consommateurs ne sont pas capables d'identifier les espèces, indique l'alliance. En outre, les contrôles sont peu nombreux en raison de la dispersion des points de distribution.
Jeudi 26 et vendredi 27 avril se tient à Luxembourg le conseil européen des ministres de l'agriculture et de la pêche, qui doit se pencher sur l'épineux sujet de la pêche européenne : la ressource se raréfie - 82 % des stocks de poissons de la Méditerranée et 63 % de ceux de l'Atlantique sont surexploités -, l'emploi des professionnels est en chute libre et les subventions publiques sont épuisées.
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