Mercredi, 04 Avril 2012
Un épisode curieux s’est déroulé l’autre dimanche à l’hôpital de Bellepierre, à Saint-Denis (Ile de la Réunion) : le malade Norbert Ratsirahonana, conseiller spécial d’Andry Rajoelina, fut interviewé par des membres du GTT (pro-Ravalomanana). Bien que censé être malade, l’homme s’est plié de bonne grâce à cet exercice, peut-être car les « journalistes » venus le voir étaient surtout… féminins. L’interview, visible actuellement sur le Net, n’a pas de consistance particulière, Norbert Ratsirahonana répétant qu’il n’est « responsable de rien », par exemple sur le putsch du 17 mars. Citons deux répliques qui valent la peine d’être rapportées. D’abord celle-ci : « Il n’y a plus de prisonniers politiques. Les seuls qui restent en prison sont les militaires qui ont commis un coup d’Etat (Bani et Fign) ». Puis cette autre : « Si la pauvreté gagne du terrain, c’est parce que les aides et les financements de la communauté internationale ont été interrompus ». En tout cas, les « journalistes » n’ont pas abusé du temps de ce malade âgé aujourd’hui de 74 ans. Ils ont trouvé Norbert Ratsirahonana « embarrassé » mais courtois, et ont terminé l’interview par un vœu de prompt rétablissement.
Signalons que cet hôpital de Bellepierre (nom d’un quartier situé sur les hauteurs de Saint-Denis) n’est autre que l’hôpital Félix Guyon où est soigné le lieutenant-colonel Charles Randrianasoavina, autre figure du putsch du 17 mars avec Norbert Ratsirahonana. On ne sait si les deux ex-compères ont eu des contacts dans cet hôpital. En tout cas, il y a un mois, les membres du GTT ont été refoulés par la police réunionnaise quand ils ont voulu rendre visite au lieutenant-colonel, peut-être en raison de l’état de santé précaire de l’officier.
Tout ceci rappelle un fait : en 2005, l’épouse de Norbert Ratsirahonana fut évacuée dans cet hôpital réunionnais. Le mari, alors ambassadeur itinérant de Marc Ravalomanana, fit office de garde-malade et s’est beaucoup plaint sur les ondes à son retour à Antananarivo. En effet, le chef d’Etat qu’il servait n’a pas accordé au couple une enveloppe pour financer le séjour et les soins. Norbert Ratsirahonana rapporta qu’il fut contraint de faire en bus le va-et-vient entre Saint-Denis et l’hôpital. Ayant conservé une dizaine de tickets de bus non utilisés, il déclara vouloir les offrir aux journalistes malgaches qui comptaient se rendre à la Réunion les semaines suivantes. A la suite de ce couac, Norbert Ratsirahonana prit ses distances vis-à-vis de Marc Ravalomanana et rompit d’ailleurs avec ce dernier l’année suivante. Voilà, en tout cas, une séquence particulièrement révélatrice sur la mentalité du chef du parti AVI. Le mois dernier, pour son évacuation dans l’île de la Réunion, le régime de transition a certainement doté Norbert Ratsirahonana d’indemnités conséquentes. Raison pour laquelle à son retour, le conseiller spécial n’a pas exhalé sa contrariété sur les ondes…
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