Thursday, April 12, 2012

Les petits poissons menacés par les fermes aquacoles



Les petits poissons – sardines, harengs, anchois et leurs semblables – ont cette particularité qu'ils se meuvent en bancs très compacts, appelés "baitballs" (littéralement "boules d'appât"). Naturellement, donc, ils s'avèrent très faciles à attraper, moins pour la consommation directe que pour fabriquer de la farine destinée à nourrir les poissons d'élevage. Une pratique responsable du déclin rapide de ces espèces, préviennent treize scientifiques internationaux, auteurs d'un nouveau rapport, Little Fish, Big Impact, financé par la fondation Lenfest.

Jusqu'à récemment, les petits poissons n'étaient pas surexploités, en raison de l'absence de réels débouchés pour cette pêche. Mais aujourd'hui, ces "poissons-fourrage", comme on les surnomme, sont largement utilisés dans l'agriculture et l'aquaculture : 90 % sont broyés et transformés en farine de poisson et huile de poisson, aliments pour le bétail et les fermes d'élevage – qui produisent la moitié des poissons et fruits de mer consommés dans le monde –, contre seulement 10 % pour la consommation humaine. Résultat : les petits poissons représentent actuellement 37 % de l'ensemble de la pêche dans le monde contre 8 % il y a cinquante ans.

Au-delà du déclin de ces petits poissons, qui ont déjà disparu de certaines régions (mer Noire, Namibie), cette surpêche d'un maillon essentiel des écosystèmes marins met aussi en danger les prédateurs qui en dépendent pour leur nourriture, à savoir les gros poissons, les oiseaux de mer et les mammifères marins. Selon les auteurs, diviser par deux les prises, et laisser au moins 40 % de la biomasse vierge, serait la seule façon de limiter de manière fiable le déclin des poissons, tant petits que gros.

Et, une fois n'est pas coutume, cette mesure serait tant bénéfique pour l'environnement que pour l'économie. D'après l'étude, les petits poissons auraient ainsi plus de valeur dans les océans que capturés. Comme proies pour les gros poissons vendus plus chers une fois pêchés, tels que les thons ou les morues, les sardines ou anchois représenteraient ainsi 11,3 milliards de dollars, soit deux fois plus qu'en tant que "fourrage" pour les fermes aquacoles (5,6 milliards).

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