Après notre article d’hier relatif à la plainte de Mamy Ravatomanga, Lalatiana Rakotondrazafy de Free FM a fait une sorte de droit de réponse à travers une interview.
Midi : Votre réaction concernant la plainte de Mamy Ravatomanga
Lalatiana Rakotondrazafy : « Nous le disons haut et fort, il s’agit juste d’une stratégie du régime transitoire en place pour nous clouer le bec. Je connais très bien la personnalité du président Andry Rajoelina qui n’ose pas nous faire face et envoie quelqu’un d’autre à sa place. La preuve, pourquoi la plainte contre nous n’a-t-elle été déposée qu’au lendemain de la fameuse lettre de mise en demeure nous enjoignant de revenir à la grille de programmes de la défunte Techimad Radio, alors que les faits diffamatoires à nous reprocher auraient été commis depuis janvier 2012 ? Free Fm gêne le régime parce que nous dénonçons les abus, injustices et autres pratiques malsaines perpétrées par les dirigeants. Pour nous, c’est un régime qui ne supporte guère la liberté d’expression et la démocratie pour lesquelles nous nous sommes pourtant battus au péril de nos vies en 2009. En tout cas, nous sommes prêts à faire face à tous les moyens déployés par le régime pour y arriver, tribunal, décisions administratives, intimidations, insultes et allégations calomnieuses en tous genres sur la radio du président. C’est incroyable d’ailleurs que l’on déploie tout l’appareil d’Etat pour museler deux petits journalistes qu’on traite de tous les maux. Nous ne nous laisserons pas faire et nous nous battrons jusqu’au bout ».
Midi : Pourquoi aviez-vous quitté Viva ?
Lalatiana. : « Avec Fidèle, j’ai été remerciée par Andry Rajoelina parce qu’il ne supportait plus la ligne éditoriale que nous avions adoptée dans l’émission « Anao ny fitenenana » programmée à l’époque sur Viva. Vous savez que même sur Viva, nous n’avions jamais cessé de dénoncer les dérives et autres malversations des dirigeants de la transition. Le président nous avait carrément adressé une lettre, à moi et à Fidèle, nous demandant de « ne pas critiquer les ministres du premier gouvernement Vital ainsi que ceux qui entraient dans le gouvernement d’union nationale ». Nous n’étions pas d’accord car nous avons toujours convenu avec lui que l’émission devrait avoir sa liberté, et nous avions eu de vives discussions avec lui au Palais d’Iavoloha qui se sont terminées par sa décision d’arrêter l’émission sur Viva. Nous n’avions émis aucune objection, et nous avions arrêté. De toutes les façons, je ne pense pas que nous aurions pu continuer plus longtemps vu la tournure des choses peu de temps après. Les affaires douteuses des ministres du deuxième gouvernement Vital faisaient régulièrement scandale, nous n’aurions jamais accepté de nous taire devant cela et nous n’aurions pu continuer à travailler sur la radio du président dans ces conditions, à moins de vendre carrément nos âmes ».
Midi : Qui est derrière Free FM ? On dit que vous êtes soutenus par des politiciens.
Lalatiana : « On dit beaucoup de choses. On nous accuse même d’avoir reçu une grosse somme d’argent de Marc Ravalomanana, c’est mal nous connaître. Je le dis haut et fort, jamais au grand jamais je n’accepterai de toucher de l’argent de sa part parce que je suis profondément opposée à ce qu’il revienne au pouvoir car il a mené ce pays à la dérive pendant sept ans. Je pense honnêtement que ce n’est pas bon pour les Malgaches de le voir revenir à la barre. Qui est derrière nous ? Il y a juste Fidèle et moi et quelques amis proches ainsi que nos convictions, mais ce sont nos auditeurs, les citoyens qui partagent la cause que nous défendons qui sont derrière nous, et croyez-moi, ils sont nombreux ».
Midi : Envisagez-vous de renverser carrément Andry Rajoelina du pouvoir ?
Lalatiana : « Nous avons des revendications claires depuis le début, à savoir, non aux entraves à la liberté de la presse, non aux restrictions contre la démocratie, nous réclamons seulement que Andry Rajoelina respecte la liberté et la démocratie qu’il avait tant réclamées sur la place de la Démocratie et celle du 13 mai. Qu’on laisse Free FM faire son travail en toute liberté et qu’on accorde aux gens des régions leur droit à l’information avec l’extension de Free FM au lieu de leur imposer un seul son de cloche avec Viva. Je ne pense pas que le régime puisse être renversé en accordant la liberté aux citoyens, à moins d’être un régime faible et en fin de parcours… Voilà nos revendications, mais si c’est cela renverser le président, alors, oui, nous l’assumons ».
Midi : Maintenant que vous avez quitté le camp Rajoelina, ne pensez-vous pas que vous faites le jeu de l’opposition ?
Lalatiana : « Nous n’avions eu de cesse de dénoncer les pratiques de ce régime, le pillage des richesses de ce pays, le népotisme, les abus, les injustices et j’en passe. Si l’opposition y trouve son compte, tant mieux pour elle. En tout cas, vous savez très bien que nous dénonçons également les actions, la versatilité, les méthodes ainsi que les dérives de l’opposition. Mais savez-vous que le régime s’affaiblit lui-même s’il ne veut pas être critiqué ? Qu’il rectifie le tir au lieu de s’en prendre à tous ceux qui osent dénoncer son mode de gouvernance. De l’autre côté, l’opposition est faible à Madagascar, si elle était forte et crédible, il y aurait eu un contre-pouvoir. Maintenant, c’est nous, en tant que journalistes citoyens, qui faisons ce travail de garde-fou, de veille et de balises ».
Midi : Vous donnez l’impression de faire des « ampamoaka » sur la HAT en faisant des révélations pour ne citer que celle relative aux 4 x 4.
Lalatiana : « Nous faisons régulièrement des « ampamoaka » à l’antenne. Dossiers à l’appui, fruits de nos investigations. Vous savez, les gens en ont tellement assez de ce régime de transition, même ceux qui se trouvent en son sein, que ce sont eux-mêmes qui nous livrent des dossiers compromettants, ou nous mettent sur la piste des affaires douteuses à creuser. Pour les 4x4, nous en avions effectivement parlé sur notre radio. Quelques hauts responsables et d’anciens ministres de la transition en ont reçus».
Midi : Est-ce que vous allez mettre à exécution votre projet de descendre sur la place de la Démocratie si le ministère de la Communication ferme Free FM ?
Lalatiana : « Nous ne ferions qu’appliquer strictement la leçon bien apprise de Andry Rajoelina et de Rahajason Harry Laurent eux-mêmes s’ils s’aventuraient vraiment à fermer Free FM. On avait fermé la TV Viva à l’époque, et on était descendu à Ambohijatovo d’abord, réclamant entre autres la démission du ministre de la Communication de l’époque et la réouverture immédiate de la TV Viva en scandant le respect de la liberté et de la démocratie. Et en faisant de grosses révélations sur les affaires du pouvoir de l’époque. Le régime Ravalomanana ne voulait rien entendre et on était descendu sur la Place du 13 mai. Eh bien, nous allons refaire exactement la même chose, que le régime en place ne vienne pas nous dire que c’est un coup d’Etat ou que c’est interdit parce que c’est illégal, car il s’accuserait lui-même d’avoir versé dans l’illégalité à l’époque. Je m’interroge d’ailleurs si Andry Rajoelina oserait utiliser la force contre nous comme Ravalomanana l’avait fait à l’époque, chose qu’il avait dénoncée et condamnée jusqu’au bout.
Midi : Où en sont vos relations avec le ministre Harry Rahajason ?
Lalatiana : « Fidèle Razara Pierre avait dit il y a quelque temps à la radio que nous ne souhaitons plus avoir de contacts avec le ministre tant qu’il est à sa place même si nous étions des grands amis auparavant parce que nous ne pouvons tolérer l’hypocrisie. Les démarches de ce ministre depuis qu’il occupe ce poste nous font conclure malheureusement que le pouvoir change les hommes, jamais je n’aurais cru qu’il puisse agir comme il le fait actuellement, hélas je me suis lourdement trompée. Vous savez que ce ministre nous avait raconté que peu de temps après l’ouverture de Free FM, il y avait une réunion au bureau du SGP où les gens du régime cherchaient déjà les moyens de nous faire taire, et bien il nous avait assuré qu’il prenait la défense de la radio parce qu’elle est parfaitement légale, et qu’il démissionnerait de son poste si on lui demandait un jour de fermer la radio. Eh bien, maintenant, un an après la première émission sur les ondes de Free FM, il trouve que la radio n’est pas en situation légale et rédige lui-même la lettre nous menaçant de fermeture ».
Midi : Où en êtes-vous avec l’extension de Free FM ?
Lalatiana : « Là encore, il s’agit d’un deux poids deux mesures flagrant. Le ministère nous a refusé notre demande d’extension dans huit régions, alors qu’il avait bien accepté que Viva puisse s’étendre partout en provinces. J’ai moi-même personnellement effectué les procédures ayant permis ces extensions de Viva alors que je travaillais encore là-bas. Eh bien, là encore nous appliquerons la leçon, dans les régions, on avait d’abord implanté Viva avant de régulariser les autorisations d’extension auprès du ministère, nous allons donc implanter Free FM dans les huit régions que nous avons énoncées dans notre demande et nous procéderons par la suite à la régularisation. Si le régime nous en empêchait, il faut donc empêcher Viva d’émettre aussi dans les régions, surtout que la fameuse décision du ministère prétendue suspendant l’autorisation d’extension des stations audiovisuelles dans les régions n’est ni plus ni moins qu’un abus et un détournement de pouvoir, elle aurait été prise en janvier 2012 suite à un conseil des ministres de juin 2010, donc, seulement un peu moins de deux ans après. Entretemps, je me souviens très bien que l’extension de Viva a été régularisée bien après juin 2010. Bref, Rajoelina, encore une fois, avait répété exactement ce qu’il avait reproché à Ravalomanana sur le cas de la MBS de l’époque. C’est inadmissible. Et dire que c’est Lalatiana et Fidèle qu’on accuse d’avoir trahi le « tolona » de 2009 ».
1 comment:
idéologie politique de Lalatiana Rakotondrazafy est pas claire.
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