Saturday, April 21, 2012
Hold-up dans les banques malgaches : 1,220 milliard Ar dérobés depuis la crise
Samedi, 21 Avril 2012
« L’insécurité à Madagascar n’a pas encore dépassé le seuil de l’intolérable », avait déclaré un haut gradé de la Gendarmerie nationale, très bien connu du public. Une déclaration qui n’est apparemment pas conforme à la réalité, surtout depuis la crise de 2009 où les actes de banditisme ont pris une proportion inquiétante.
Dans le domaine bancaire par exemple, les hold-up se sont multipliés, selon les chiffres communiqués hier par Vololona Rakotondralambo de l’Association Professionnelle des Banques (APB). Au total 1,220 milliard Ar ont été dérobés au cours d’attaques à main armée dans les banques depuis la crise. En tout, 7 attaques depuis 2009 jusqu’en 2012. Les banques exercent leurs activités dans un contexte de crise », selon Vololona Rakotondralambo. Un contexte de crise qui provoque évidemment le traumatisme chez les agents et les cadres des banques dont certains ont été injustement soupçonnés d’être mêlés dans ces attaques.
En tout cas, ce climat d’insécurité caractéristique à la transition dirigée par Andry Rajoelina figure parmi les éléments de blocage du développement économique cités hier par le Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM), lors d’une conférence de presse (voir article par ailleurs) tenue hier à son siège. Le secteur du tourisme figure également parmi les activités économiques qui font les frais de l’insécurité grandissante. Le cas récent de la Française sauvagement assassinée à Toliara figure parmi les phénomènes qui risquent de porter un coup fatal au tourisme, l’unique secteur économique qui a commencé à connaître une relance ces dernières années. Décidément, l’actuelle transition n’apporte au pays que ruines et destruction.
Trois ans après le coup d’Etat de 2009 orchestré par Andry Rajoelina, le pays continue de s’enfoncer dans le gouffre de la pauvreté.
« La crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis plus de 3 ans a eu des impacts socio-économiques négatifs sur lesquels le secteur privé a attiré l’attention à plusieurs reprises », a déclaré le Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM) hier lors d’une conférence de presse, où ce groupement patronal a également invité les partenaires techniques et financiers afin que ces derniers puissent attendre des solutions du GEM sur la situation actuelle à Madagascar.
Tableau très sombre. Sur le plan économique, le GEM dresse un tableau très sombre de la transition. Un taux de croissance de -3,7% en 2009, 0,6% en 2010 et une prévision de 2,8% en 2011 ; un taux d’investissement très faible de 25,4% en 2011 et surtout, 360.000 emplois perdus depuis le début de la crise. Une crise qui met le pays à genoux puisque l’industrie, par exemple, ne tourne plus qu’entre 35 et 60% de ses capacités de production, avec 10.000 emplois perdus. Même topo pour les BTP qui ont perdu 60% de leurs chiffres d’affaires et qui ont également vu la disparition de 10.000 emplois. Par ailleurs, le secteur de la pêche et de l’aquaculture a connu une chute de production de 50%. Seul le tourisme a connu une nette reprise, mais l’élan risque d’être freiné par la recrudescence de l’insécurité dans les sites touristiques et la fragilité d’Air Madagascar.
Prise de responsabilité. Selon le GEM, la principale cause de ce déclin économique sans précédent est l’absence de visibilité politique et économique. « L’absence de visibilité sur le retour à la normalité freine considérablement l’investissement direct étranger dont le pays a besoin pour la relance de l’économie », dénonce le GEM qui estime, par ailleurs que « les tergiversations induites par une situation précaire nuisent à la bonne gouvernance et bloquent le développement des nouveaux projets ». Face à une telle situation, le GEM demande la prise de responsabilité des dirigeants afin de mettre un terme à la crise. A défaut, ce groupement prendra des mesures dont le premier sera le retrait des représentants du secteur privé dans le conseil d’administration de certains organismes publics. Une affaire à suivre.
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