Mercredi 4 avril 2012
Marc Ravalomanana a beau dire qu’il n’a pas besoin d’amnistie parce qu’il ne reconnaît pas la Justice malgache qui l’a condamné, son arrogance risque cependant de lui coûter très cher. En effet, les victimes du 7 février 2009, regroupées au sein de l’association AV7 ont décidé de réagir à cette « provocation » que les « magistrats sans doute complexés par celui qui les a littéralement écrasés durant son règne, n’ont pas relevé ».
L’AV7 vient notamment de déposer plainte auprès de la justice sud-africaine contre Marc Ravalomanana pour crime contre l’humanité. L’hebdomadaire « The Sunday Independent », en fait, un long article, dimanche dernier, en expliquant que la saisine de la justice sud-africaine par des tiers non-résidents pour un crime, commis en dehors du territoire sud-africain, est parfaitement valable en vertu de la loi de 2002 sur la Cour pénale internationale (CPI).
D’après la presse sud-africaine, le cas de Madagascar constitue d’ailleurs le second intenté dans le cadre de cette disposition de la CPI la semaine dernière. Le premier est relatif aux tortures présumées perpétrées par des cadres du parti du Zanu-PF au Zimbabwe.
Le NPA (ministère public sud-africain) est ainsi « invité à mener des enquêtes sur une éventuelle poursuite contre l’ancien président malgache en exil, Marc Ravalomanana pour des crimes présumés contre l’humanité commis à Madagascar, il y a trois ans ».
Pour celui qui laisse entendre être protégé par le gouvernement sud-africain, la démarche de l’AV7 n’était pas au programme. Avant qu’on ne soit fixé sur la suite donnée à sa plainte, l’AV7 voulait d’abord être fixé si effectivement M. Ravalomanana est le chouchou du président sud-africain Jacob Zuma comme le soutiennent les partisans de l’ancien chef d’Etat malgache. Ainsi, c’est à l’ambassade de l’Afrique du Sud à Ankorondrano que l’association a entrepris ses démarches la semaine dernière. « Informés par des militants sud-africains sur les possibilités de recours, nous avons été bien reçus auprès de l’ambassade qui nous ont été d’un grand secours », rapporte un responsable de l’AV7 en nous indiquant par ailleurs qu’« un représentant a quitté le pays ce jour (mardi) pour ramener tous les dossiers et suivre la procédure » qui semble s’accélérer.
D’après nos confrères sud-africains, AV7 a déjà réussi à se faire représenter par un avocat, Erleigh David, qui exerce au Cap. D’ores et déjà, il adhère à la conviction de son client qui estime que « la fusillade était un crime contre l’humanité tel que définit la loi régissant la CPI et les autorités sud-africaines et devraient, donc, poursuivre Ravalomanana ». D’après des membres de l’association, des hommes de loi mais aussi des associations oeuvrant pour les droits de l’homme et la justice se disent prêts à se mobiliser en faveur
des victimes du carnage d’Ambohitsorohitra.
Il est évident qu’AV7 n’a pas les moyens matériels et financiers pour ce genre d’action. En clair, ce serait le mouvement TGV qui va appuyer l’association. En tout cas, Marc Ravalomanana est attaqué là où il jouit d’un exil doré. Pour lui, la plainte d’AV7 sera un quitte ou double : s’il gagne son procès, c’est banco pour la vie et la mort pour Andry Rajoelina. S’il perd, c’est sa disparition.
Marc Ravalomanana aura, en réalité, à affronter trois fronts : le projet d’amnistie soumis au vote du Parlement de la Transition, la plainte déposée à la Justice sud-africaine, et le recours en Belgique. La même loi sur la CPI a, en effet, conduit la justice belge à décider d’être compétente à juger des crimes contre l’humanité perpétrés en dehors du territoire du royaume. AV7 va ainsi déposer prochainement une plainte contre M. Ravalomanana en Belgique, là où un certain Louis Michel, un corrompu notoire, n’a eu de cesse de condamner le départ de M. Ravalomanana.
AV7 nous indique cependant qu’il ne s’agit pas de narguer dans leur propre pays des proches de l’ancien président. « Avec la reconnaissance internationale qui vient, il est de notre devoir de rappeler à la communauté internationale que le peuple malgache a engagé le changement, bien avant le printemps arabe. Amnistie ou non, l’impunité ne doit jamais être acceptée ».
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