Tuesday, June 07, 2011

Gaborone: Pas de surprise...



GABORONE — La question du retour au pays de l'ancien président Marc Ravalomanana divisait profondément les différents partis malgaches, réunis mardi à Gaborone pour tenter de sortir la Grande Ile de deux ans de crise politique.

Marc Ravalomanana, son rival Andry Rajoelina qui l'a renversé en 2009, et les chefs de neuf autres partis tentaient d'aplanir leurs différends à l'invitation des dirigeants de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC).

Les médiateurs de la SADC, qui ont qualifié les entretiens de Gaborone de "réunion de la dernière chance", ont proposé une "feuille de route" qui fait la part belle à Andry Rajoelina, puisqu'elle envisage que l'actuel homme fort de Madagascar continue à diriger le pays jusqu'à l'organisation de nouvelles élections.

Mais les rivaux restent divisés quant à savoir si M. Ravalomanana, qui est en exil en Afrique du Sud depuis son éviction et dont le retour n'est pas garanti dans la feuille de route, sera autorisé à se présenter à ces élections.

Marc Ravalomanana, qui comme les anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy refuse de signer le plan de la SADC, le considère comme un brouillon.

"Ils vont en préparer un nouveau", a-t-il indiqué à l'AFP. "La feuille de route est comme un document pour commencer, et puis nous verrons."

L'ex-président a ajouté qu'il croyait que la SADC --qui tout comme l'Union africaine a suspendu Madagascar après le coup d'Etat de M. Rajoelina-- est favorable à son retour à Madagascar pour qu'il puisse se présenter à de nouvelles élections.

"Sur (la question de) mon retour à Madagascar, ils ont dit clairement: si nous voulons mettre en oeuvre une véritable démocratie, laissons les gens choisir (qui) ils veulent être leur chef", a-t-il déclaré.

"Ma condition (pour accepter la feuille de route) est simple: fonder une véritable démocratie à Madagascar. C'est mon espoir."

Marc Ravalomanana a été condamné par contumace à la prison à perpétuité à Madagascar après que la garde présidentielle eut tiré sur un groupe de manifestants lors des violentes manifestations qui ont conduit à son renversement en 2009.

Le camp Rajoelina estime que la feuille de route doit être mise en oeuvre dans sa forme actuelle, et que M. Ravalomanana doit choisir entre l'exil ou la prison au pays.

"La feuille de route ne mérite plus d'être amendée, parce que c'est une feuille de route qui répond à la demande de tous", a indiqué à l'AFP Augustin Andriamananoro, conseiller spécial de l'actuel homme fort de la Grande Ile.

"Si je me réfère un peu à la position actuelle de M. Marc Ravalomanana, qu'est-ce qui est plus important pour un être humain? C'est d'avoir la liberté... Il est maintenant libre, même s'il est en exil!"

"Je pense que c'est dans son intérêt aussi, pour préserver donc cette liberté, de le laisser tel que c'est. Il n'est pas encore envisageable pour le peuple malgache de concevoir un retour de Marc Ravalomanana", a-t-il ajouté.

Les négociateurs de la SADC ont rencontré individuellement les représentants de toutes les parties, Andry Rajoelina ayant été le dernier à défendre son point de vue mardi matin.

Désillusion

Une session plénière devait réunir les onze partis mardi après-midi, avec une demi-journée de retard.Pas de session plénière, aucune signature


Deux jours de consultations des parties prenantes effectuées par le président de la SADC, assisté par le président de la Commission politique et défense et d’autres personnalités de la SADC, mais aucune signature. Quelque part, c’est la déception mais il faut bien se faire une raison car jusqu’ici la fameuse feuille de route est encore sur les rails ou du moins dans l’esprit de la réunion de Gaborone. Le chargé de communication de la Présidence de la HAT a encore de la matière à se mettre sous la dent car comme il l’a laissé entendre sur une radio privée de la capitale, la cérémonie de signature pourrait se dérouler à Madagascar. Qu’est-ce à dire ? Et quand est-ce que cet événement va-t-il se produire alors que la SADC insiste sur l’adhésion de toutes les parties prenantes et que des chefs de file des parties prenantes sont sous le coup de Notam ? Le ministre de la Communication de la HAT intervenu sur Radio Antsiva ce mardi 7 juin 2011 depuis Gaborone, a laissé comprendre que la SADC connaît déjà les parties prenantes qui ne vont pas signer cette feuille de route et qu’il ne voulait pas usurper le rôle de la SADC qui révèlera donc en temps voulu, les secrets de ces rencontres à huis clos.

Quoi qu’il en soit, et comme la SADC n’a pas jugé nécessaire de faire appel à la presse indépendante malgache pour couvrir cette rencontre de la dernière chance de Gaborone, c’est la voix officielle de la HAT qui modèle le plus l’opinion publique. C’est par les communiqués de la Présidence de la HAT, sinon par ceux du camp Ravalomamana, que parviennent les informations.

Ainsi, l’issue ou les résultats de cette rencontre de Gaborone se limitent encore à l’annonce d’une autre réunion au sommet des chefs d’État de la SADC prévue le 11 juin prochain à Sandton en Afrique du Sud. Une réunion dont l’objet est de partager aux chefs d’État membres de la SADC le rapport des consultations ; et c’est au cours de cette réunion du 11 juin que la SADC fera part de sa décision sur le sort réservé à Madagascar.

En tout cas, la cérémonie de clôture de la réunion des « acteurs du dialogue politique à Madagascar » — comme l’intitule le communiqué de la SADC repris par le Chargé de communication de la Présidence de la HAT — a été marquée par deux grands discours : celui du président de la Namibie et président de la SADC, Hifikepuney Pohamba et celui du doyen des parties prenantes malgaches, en l’occurrence, le Professeur Albert Zafy.

Le président Hifikepuney Pohamba, a rappelé, d’après le communiqué du Charge de communication de la Présidence de la HAT que, « au cours de cette réunion à Gaborone, des consultations ont été engagées avec chacun des acteurs politiques malgaches à propos de ce qui suit :

Les décisions prises par le Sommet à sa réunion extraordinaire tenue à Windhoek (Namibie) le 20 Mai 2011 ;
La Feuille de route pour une sortie de la crise politique à Madagascar ».

Le président namibien a aussi souligné les points de convergence entre les parties prenantes sans toutefois faire allusion aux autres points de divergence ou de discorde.

Le communiqué officiel du Chargé de communication de la Présidence de la HAT a fait l’impasse sur le discours du président Pr Albert Zafy, pourtant invité à la tribune officielle comme devant représenter en tant que doyen d’âge, raiamandreny, les parties prenantes malgaches. L’ancien président de la République de Madagascar, chef de file de la mouvance qui porte son nom et président du Rodoben’ny Malagasy ho an’ny Tanindrazana, a remercié les hôtes pour leur persévérance à aider Madagascar face à ses crises. Bien que les problèmes malgaches aient la réputation d’être complexes et que la crise actuelle soit loin de son issue définitive, Albert Zafy a souhaité que les efforts continuent sans se lasser et aboutissent.

Conclusion

Le sort en est jeté. La SADC se retrouve au dos du mur et devra trancher ce samedi. Sous peine de sombrer dans le ridicule, elle ne pourra faire autrement qu’officialiser sa position après une réunion de Gaborone qu’elle avait elle même présentée comme étant celle de la « dernière chance ».

La chance est-elle réellement passée ? Il semble bien que oui : les différends entre les deux protagonistes principaux ont été purement et simplement confirmés, et n’ont pas été aplanis. Chacun s’est montré déterminé à assumer face à l’Histoire les conséquences de son intransigeance. La mouvance Ravalomanana n’a cessé de contester la teneur de la feuille de route, et a refusé de la signer, tandis ce que le TGV et l’UDR-C ont refusé de lâcher du lest sur les points que la mouvance Ravalomanana contestait.

Le principal différend reste la demande de retour au pays de Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka. Le président Ravalomanana a revendiqué non seulement son retour au pays, ce qui aurait peut-être pu faire l’objet de négociations, mais aussi exigé que ce retour soit immédiat. Une telle exigence a été jugée inacceptable par le camp d’en face, qui a toujours mis en avant que le retour au pays de Marc Ravalomanana ne pourrait qu’aviver dans les deux camps un activisme politique qui serait périlleux pour la paix publique.

La défiance réciproque sur ce point est compréhensible, entre un camp qui a par exemple et de tous temps tardé à traduire en faits concrets une ouverture affichée au retour de Didier Ratsiraka, et un autre camp qui n’a jamais renoncé à remplacer Andry Rajoelina à la tête de la transition. Le problème perdure depuis Maputo, chaque semaine qui passe ne fait que l’amplifier.

Dans la capitale du Mozambique, c’était en principe volontairement que l’ancien Président s’était engagé à ne pas participer à la période de Transition. Les ambiguïtés sur ce point et sur la question des candidatures aux élections présidentielles auront torpillé l’accord n°2 de Maputo sur le cas de l’ancien Président, puis mis à mal l’ensemble de la construction d’Août 2009.

Celle-ci est-elle pour autant complètement morte et enterrée ? Il ne faudrait pas croire que les Nations qui ont été les témoins de ces accords soient amnésiques. Si elles se sont permises d’entériner la feuille de route, c’est que les principes de celle-ci ne lui ont pas paru sur le papier si éloignés de ceux des accords de Maputo. À plusieurs mois de distance, les deux séries de documents présentent en effet des ressemblances, en positif comme en négatif. Y compris un silence pudique sur pas mal de questions qui vont finir par émerger maintenant.

Pour ma part, je parie que la SADC prendra position pour des élections législatives précèdant les présidentielles.

Toamasina : Menace de « rotaka » en cas d’échec

Les partisans du mouvement Fédéraliste dans l'ex-Province de Toamasina menacent d'effectuer un « Rotaka » en cas d'échec de la rencontre politique qui s'est tenue à Gaborone. C'est ce qu'aurait déclaré un des leaders de ce mouvement au cours d'une réunion organisée dans un hôtel situé dans le centre ville de cette localité la semaine dernière. L'occasion pour les fédéralistes tamataviens de dénoncer le « diktat » et « l'unilatéralisme » de la HAT qui constitue un « blocage à la résolution de la crise politique actuelle ». Et de rappeler au passage « les accords signés à Maputo et à Addis-Abeba dont la réalisation a été reniée par les dirigeants actuels ». Pour faire pression sur les pro-HAT, les fédéralistes menacent de radicaliser leur mouvement dans la ville du Grand Port. La tension risque donc de monter d’un cran à Toamasina, probablement dès ce week-end. De sources concordantes, les partisans locaux des trois mouvances ont prévu la tenue d’un « Diabe » samedi dernier. Un « Diabe » qui a dû être reporté à cause de l’annonce du départ des délégations des différentes entités politiques pour Botswana. Selon toujours nos sources, les trois mouvances envisagent d’organiser une descente dans la rue, dans les chefs lieu des six ex-Provinces, si les dirigeants de la HAT s’entêtent à bafouer les décisions prises à Gaborone.

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