Un million trois cent cinquante mille Euros, soit près de 19 milliards Fmg, sont en jeu aujourd’hui même. C’est l’évaluation de la valeur des quelque 270 tonnes de crevettes en attente de certification, pour la seule ville de Mahajanga, à ce jour. 1 350 000 Euros et 270 tonnes de crevettes, prêtes à l’exportation, que les autorités vétérinaires halieutiques de Mahajanga sont en train de mettre en péril avec leur grève.
Les autorités vétérinaires halieutiques de Mahajanga sont actuellement en grève. Pour appuyer leurs revendications d’ordre purement salarial, elles n’ont pas hésité à mettre en péril, d’une part, les pêcheries, pourtant en pleine crise économique, et, d’autre part, l’équilibre financier national pour qui la manne de l’or rose représente 7% du Produit intérieur brut, ou Pib.
« La manne rose qui, en outre, est l’une des principales ressources en devises du pays », selon les propres déclarations du ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, dernièrement de passage à Mahajanga.
Agrément européen en péril
Plus grave, en impliquant les services vétérinaires européens dans leurs conflits internes - par un courrier signé de leur main - et sans respecter les procédures de communication officielles, ces techniciens de l’Ash (Autorité sanitaire halieutique) mettent en péril l’agrément sanitaire général attribué par l’Union européenne (Ue), laquelle s’inquiète désormais du bon suivi des procédures de certification dans le pays et pourrait imposer un embargo. Des techniciens vétérinaires qui ont ainsi adopté un comportement jugé irresponsable, frisant même la déstabilisation, par toute une profession véritablement « prise en otage ». Cette dernière ne s’étant jamais impliquée dans le fonctionnement de cette Administration d’Etat, respectant l’intégrité requise par les normes de certification européennes. Et, jusqu’à ce jour, respectant toutes les procédures agréées. Quoi qu’il en soit, ce refus de travailler, adopté par ces inspecteurs vétérinaires, représente, aux yeux de ces opérateurs crevettiers, un déni de Droit et une violation de leurs devoirs, tant face à l’Administration générale, envers qui ils ont une responsabilité contractuelle - étant des fonctionnaires et dont l’emploi est garanti -, qu’envers la profession qui occupe la totalité de ses activités au sein de la production spécifiquement halieutique.
Une voie sans issue
Des opérateurs que nous avons contactés - qui souhaitent conserver l’anonymat par crainte de représailles, il faut bien le dire pour dénoncer le climat de chantage qui règne actuellement dans ce secteur - sont scandalisés par un tel comportement. D’une source officieuse, dans le cadre de cet événement, l’actuelle Directrice de l’Ash, officiellement mise en place après un concours organisé par L’Ue, aurait été démise verbalement de ses fonctions et remplacée par le responsable même des services techniques, lequel ne dispose pourtant pas de l’agrément requis par l’administration vétérinaire de l’Ue. Ce qui entraînerait le pays de facto dans une voie sans issue. Par ailleurs, nos investigations, auprès du ministère des Finances, nous ont permis d’apprendre que les revendications salariales des grévistes, d’où semble provenir cette crise, ne sont absolument pas recevables, tant elles échappent au cadre général des rémunérations des fonctionnaires. Cette crise ne semble donc pas être engagée sur la voie d’une résolution alors que déjà les navires se présentent au port de Mahajanga pour embarquer les conteneurs frigorifiques déjà remplis de crevettes.
De surcroît, il est déjà acquis que, en raison de l’alerte transmise à l’Ue par ces techniciens vétérinaires eux - mêmes, la totalité de ces produits sera, pour le moins, passée en contrôle renforcé à l’arrivée.
Sabordage national…
En tout cas, en cette situation de crise générale, il était attendu des services publics de soutenir les quelques segments économiques encore en activité. Mais il apparaît donc pour cette « Autorité sanitaire halieutique », pas trop loin de la profession de… marins, que, au bout du compte, le sabordage national soit plutôt de rigueur. Un service minimum a été mis en place par la structure toujours officielle et reconnue par l’Ue. Service minimum pourtant contesté par le noyau dur des grévistes. Ce comportement porte un nom : déstabilisation nationale ! Quoi qu’il en soit, les opérateurs crevettiers attendent, dès ce jour, du Gouvernement Vital de respecter ses propres devoirs et de rouvrir de suite, par quelques moyens que ce soit, y compris la réquisition, ce circuit commercial majeur pour notre économie nationale. Le Gouvernement qui, en outre, doit absolument veiller à ce que, quels que soient les problèmes intrinsèques à ses services, aucun handicap ne vienne obstruer les activités de ces opérateurs crevettiers, lesquels ont pour pratique traditionnelle de toujours respecter leurs devoirs, tant en matière fiscale qu’en respect des normes européennes auxquels ils sont affiliés. En tout cas, le marché de fin d’année représente l’enjeu immédiat de ces exportations de crevettes. Et, dans les jours à venir, les navires crevettiers, de retour chez eux avec les cales pleines, vont progressivement être désarmés. L’urgence est donc de rigueur. Que représente ainsi cette subite cessation de travail, décidée en pleine campagne d’exportations de crevettes ? Réponse : une réelle menace de fermeture des frontières de l’Union européenne pour nos produits halieutiques ! Ceci, à cause d’une simple revendication salariale que ses auteurs auraient pourtant pu présenter d’une autre manière que la grève. Quoi qu’il en soit, cette grève comporte une spécificité : trahison contre la Nation !
Recueillis par Rolly Mercia
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