Friday, October 15, 2010

Bientot on aura besoin d'un BAC + 5 pour etre tireur de pousse pousse

Plusieurs quartiers de la ville de Tamatave ont été, hier, le théâtre de plusieurs scènes de pillages, de Bazary Be au Bazary Kely en passant par les trois autres emplacements de marchés que compte le Grand Port. Au milieu de la matinée, la capitale de la région Atsinanana est devenue ville morte. Tous les magasins ont baissé leurs rideaux, les établissements scolaires ainsi que les bureaux de l’administration ont également fermé leurs portes.

Manifs. A l’origine, des tireurs de cyclopousses et des propriétaires de bicyclettes, après une réunion mercredi dernier, ont décidé de tenir une grande manifestation et une marche à travers la ville. Ceci afin de contester l’application d’un arrêté communal exigeant de chaque tireur d’être en possession d’une capacité pour pouvoir exercer sa profession. A défaut, leurs outils de travail seront mis en fourrière durant une dizaine de jours ainsi que l’acquittement d’une amende d’une somme de 9 000 ariary. Depuis l’application de cette mesure, quelque 200 cyclopousses et vélos ont été saisis. Mais ce qui irrite le plus ces travailleurs de bras, c’est que les contrevenants doivent payer également 5 000 ariary à la police municipale lors des contrôles de cette fameuse capacité. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase !

Quartier populaire. Hier matin, il a été décidé que les manifestants ne se contenteront plus d’un sit-in. Une marche à travers la cité s’ébranle depuis un quartier populaire. Une simple contestation qui a dégénéré en actes de vandalisme. Pillages, mises à sac ont été enregistrés un peu partout. Premières victimes, les taxi- phones se trouvant sur leur passage. Au Bazary Be, cinq magasins ont subi une perte allant de 50 à 80%. D’autres commerçants ont vu leur étalage pillé. Au Bazary Kely, même topo, vendeurs de fournitures scolaires, vendeurs d’ustensiles de cuisine et même de bananes, ont fait les frais de ces actes de pillages. A Anjoma, un restaurateur Halal a subi le même sort.

Des blessés, des arrestations. A Tanambao V, le responsable de l’association des conducteurs de cyclopousses a été tabassé. Deux personnes ont été interpellées ainsi que six autres et parmi elles les supposés instigateurs de ces actes. Ce qui porte à huit le nombre des arrestations.

Ce jour, une rencontre entre une délégation de la municipalité et les manifestants aura lieu pour trouver une solution. En attendant, le chef de district a suspendu l’application de cet arrêté pris en 2008.

Au fait d'où viennent ces pousse pousse ?


Ce sont les pays de cette région du monde, en particulier la Chine, qui sont les premiers à l'utiliser. D'ailleurs, ce sont les mains-d'oeuvre chinoises qui ont débarqué pour la construction des lignes de chemin de fer, qui amenèrent cette technique à Madagascar. En d'autres termes, le pousse-pousse est arrivé sur l'île vers le début du XXe siècle, c'est-à-dire au temps de la colonisation. A l'heure actuelle, les pousse-pousse sont présents dans la plupart des villes malgaches. Ils remplissent aussi bien les rues de Majunga que celles d'Antsirabe, de Tamatave, de Fénérive-Est et de Tuléar. Toutefois, c'est Antsirabe qui est plus connue comme étant la ville des pousse- pousse en raison de ses quelques 4000 véhicules d'une qualité offrant un confort presque parfait. En dépit de sa présence dans la plupart des grandes villes, il convient de rappeler tout de même que les pousse-pousse sont absents des rues d'Antananarivo, ceci en raison des ruelles très abruptes de la capitale. Les pousse-pousse peuvent servir pour des utilisations très diverses dans la vie quotidienne des Malgaches. D'abord, ils sont utilisés pour le transport des passagers qui se déplacent en ville en effectuant leur va-et-vient quotidien.

Autrement dit, ils sont utilisés par les travailleurs pour se rendre à leur lieu de travail. Ils sont également le moyen de transport privilégié par les écoliers qui font parfois un abonnement mensuel. Les pousse-pousse sont également prêts à servir tous les autres clients qui souhaitent transporter des marchandises. Il faut surtout rappeler que les tireurs de pousse-pousse sont susceptibles de transporter des poids dépassant l'entendement, c'est-à-dire avoisinant le 1,5 tonne.
Pour leur part, les touristes étrangers se servent de ce moyen de transport pour se déplacer en ville, pour faire une petite ballade aussi bien dans la journée que la nuit et enfin, pour goûter au plaisir de cette voiture assez authentique. Par rapport aux autres moyens de transport urbains, les pousse-pousse sont considérés par les citadins comme étant très abordables. Ils affichent un frais de course largement à la portée de tous, c'est-à-dire trois à cinq fois moins cher que celui des taxis. Les pousse-pousse sont également plus pratiques tout en offrant un peu plus d'intimité par rapport au bus. A Madagascar, la plupart des pousse-pousse, quelle que soit la ville, ont des traits très caractéristiques. Ces traits sont constitués par des couleurs très vives telles que l'orange guilleret qui est toujours présent. A ce dernier vient s'ajouter le rouge très intense.

Et à ces deux principales couleurs viennent se joindre, soit le bleu, soit le vert, soit le blanc. En général, les pousse-pousse sont de fabrication locale. Ils sont faits de bois, de fer et d'une toile imperméable et sont portés avant tout par deux roues métalliques de diamètre inférieur ou égal à un mètre environ. Ces roues peuvent être des roues de vélo ou faites d'un cercle de métal recouvert légèrement de caoutchouc. Elles soutiennent une caisse plus ou moins spacieuse destinée à recevoir au maximum deux personnes. A cette caisse est fixée une capote pliable qui sert d'abri. Enfin, deux brancards sont placés en saillie par rapport à l'ensemble de la carrosserie. Par rapport à cette forme classique de pousse-pousse, ces deux dernières années notent aussi l'apparition d'une nouvelle forme à savoir les cyclo-pousses. Ces derniers commencent à inonder un grand nombre de villes malgaches. Par exemple, leur nombre dépasse actuellement la moitié du nombre total des pousse-pousse à Tamatave. Les cyclo-pousse sont légèrement différents des pousse-pousse classiques. Au lieu d'être tirés par des hommes à pied, ils sont tractés par des cyclistes. Ils sont largement préférés aux pousse-pousse classiques puisqu'ils sont plus spacieux et ne présentent pas de risque de basculement. Ils sont appréciés en raison de leur vitesse qui est de deux à trois fois plus vite. Enfin, ils ont révolutionné les pousse-pousse en améliorant leur confort et leur stabilité.

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