En ces temps de crise où les salariés attendent, sans trop y croire, à une hausse de leur rémunération, certains sont nettement privilégiés. Citons les membres du Parlement de la transition. Ces gens-là touchent au moins 3 millions d’ariary par mois (15 millions de fmg). Ce qui leur fait un confortable salaire annuel de 36 millions d’ariary. La rémunération moyenne des salariés issus du peuple est très loin d’un tel pactole. Le salaire des membres du Parlement est, en effet, 53 fois plus que le salaire moyen annuel d’un paysan (674 000 ariary) si l’on fait un petit calcul à partir du salaire moyen en milieu rural de l’Enquête périodique auprès des ménages (EPM 2010) de l’Institut national de la statistique (INSTAT). De qui se moque-t-on ? Le salaire des parlementaires est près de 26 fois le revenu moyen annuel de l’emploi salarial au niveau national. En ce qui concerne les fonctionnaires, rien n’est encore clair sur les agents de l’Etat concernés par la hausse salariale de 25% annoncée par le président de la transition. Quoi qu’il en soit, les fonctionnaires sont relativement mieux lotis par rapport aux autres salariés. L’EPM 2010 précise que le revenu annuel moyen des fonctionnaires est de 2 410 000 ariary. Cette moyenne est de 1 388 000 ariary pour l’emploi salarial dans le secteur privé.
Il s’agit de moyennes car si l’on regarde de près le traitement des fonctionnaires, l’inégalité est flagrante, même entre agents de même diplôme et de même nombre d’années d’expériences. Les avantages procurés par les statuts particuliers viennent encore creuser cette inégalité. C’est la raison pour laquelle des syndicats des fonctionnaires réclament l’instauration de la grille indiciaire unique pour les agents de mêmes diplômes et de même ancienneté. Mais si l’on avance que les fonctionnaires sont généralement mieux lotis, il faut aussi voir à quel point l’inflation à deux chiffres sous le précédent régime a miné le pouvoir d’achat des ménages. Et même si l’inflation est passablement maîtrisée depuis la crise, celle-ci aggrave la situation avec ses lots de misère pour la majorité. Cette dernière est d’ailleurs obligée d’adopter le système D dans le sens où l’emploi salarié qui procure une certaine stabilité, se fait rare. Il représente moins de 10% des emplois existants dont 3% dans la fonction publique. Sinon, 44% des emplois créés en 2010 sont des emplois indépendants. Une proportion qui reflète probablement la montée du secteur informel, une des voies pour surmonter tant bien que mal les difficultés engendrées par la crise. Mais même si l’informel est une bouée de sauvetage, il faut aussi souligner qu’il est souvent synonyme de précarité et de conditions de travail déplorables.
Comparé à l’année 2005, le taux de pauvreté a augmenté en 2010 selon l’Enquête Permanente auprès des Ménages réalisée par l’INSTAT entre juin et octobre 2010. Il se chiffre à 76,5% contre 68,7% il y a cinq ans, a annoncé Ravelomanantsoa Gérard, le directeur général de l’INSTAT, lors de la présentation des résultats descriptifs de cette EPM hier au ministère du Plan à Anosy. Et lui de préciser que le rapport sur les analyses et les commentaires des chiffres publiés officiellement, sera connu en mars prochain.
Inégalité de revenus.
Les plus touchés par la pauvreté sont les populations dans les régions de Vatovavy Fitovinany, d’Atsimo Andrefana, d’Androy et d’Anosy ainsi que de la SAVA. Il a été également évoqué lors de cette enquête que les 2/3 des chefs de ménage sont des agriculteurs ayant, dans la majorité des cas, des petites exploitations. Ils résident également dans une habitation construite avec des matériaux rudimentaires. Et parlant de revenu, une grande inégalité est observée entre les familles riches et les ménages pauvres. « En effet, la proportion de 20% des ménages les plus riches dans le pays accapare les 47% du revenu total », a rapporté Gérard Ravelomanantsoa. Quant au taux de chômage, cela a augmenté de 1 point mais ce sont plutôt les sous-emplois qui dominent sur le marché du travail, a-t-il précisé. L’augmentation en nombre des enfants qui travaillent est aussi constatée, suite à l’EPM 2010 financée par le PNUD, le FNUAP, l’UNICEF et la BAD.
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