Sunday, March 04, 2012

Rajoelina et Ravalomanana écartés: L’ambassadeur de France récuse le «Monde Diplomatique»

«C’est un article qui passe à côté de la réalité». C’est en ces termes que SEM Jean Marc Châtaigner a réagi aux révélations du magazine « Le Monde Diplomatique» sur la crise malgache. La conjoncture actuelle a également été au centre des discussions que nous avons eues avec l’ambassadeur de France à Madagascar.
Ma-LAZA : L’article paru dans le Monde diplomatique parle d’un deal passé entre la France et l’Afrique du Sud pour que ni Marc Ravalomanana ni Andry Rajoelina ne se présentent aux prochaines élections. Qu’en est-il?
SEM JMC : Il n’y a jamais eu de «deal» entre la France et l’Afrique du Sud sur une solution politique pour écarter la candidature de Andry Rajoelina et de Marc Ravalomanana aux prochaines élections. Le «deal» est un terme de commerce entre partenaires commerciaux. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que depuis le début de la crise malgache, nous avons appuyé toutes les initiatives de médiation et de tentatives d’accord, celle de l’Union Africaine, des Nations Unies, de la SADC… Il n’y a pas un seul effort de sortie de crise international que nous n’avions pas soutenu. Nous avons un intérêt commun à la stabilité, à la paix et à la prospérité de Madagascar.

Ma-LAZA : La France y est qualifiée «d’acteur-clé de la crise malgache». Comment réagissez-vous à ce propos ?
SEM JMC : Cet article est, à mon avis, à côté de la réalité. La France n’est pas un acteur de la crise malgache, elle en est spectateur. Nous ne sommes pas partie prenante de la crise. (…) Les véritables intérêts de la France portent sur le développement politique, économique et social de Madagascar. Cela passe par une justice indépendante, la lutte contre la corruption, l’établissement d’un véritable Etat de droit, la tenue d’élection et l’ouverture de Madagascar à tous les intérêts.

Ma-LAZA : La même publication du Monde Diplomatique parle du Président de la Transition comme étant le «chouchou» de la France. Cela est-il vrai ?
SEM JMC : Non, on ne peut pas personnaliser la crise malgache. La crise malgache n’est pas un concours de beauté… Il y a des problèmes de pauvreté, des problèmes économiques et autres. L’intérêt n’est pas dans le soutien à telle ou telle personne, il est dans l’idée de trouver une solution durable qui passe par des élections. La France ne soutient ni Rajoelina, ni Marc Ravalomanana, c’est aux Malgaches de choisir. Les élections doivent ainsi se tenir le plus tôt possible, mais elles doivent être bien organisées, non contestables, observées internationalement et répondant aux critères de transparence. Il ne faut pas s’arrêter à une date. Il faut aller vite et bien.

Ma-LAZA : Pensez-vous que la feuille de route doit toujours être appliquée ?
SEM JMC : La feuille de route est le seul cap qui veille, le seul cap soutenu par toute la communauté internationale. C’est la voie qui devra mener à l’organisation des élections et à la sortie de crise sur laquelle les protagonistes doivent trouver un accord. Il faut aller de l’avant, vers les élections, et ne pas faire un pas en avant et deux pas en arrière.

Ma-LAZA : La date du 29 février pour l’adoption de la feuille de route n’a pas été respectée. Cela constitue-t-il un blocage, à votre avis?
SEM JMC: La loi d’amnistie n’a pas pu être adoptée avant le 29 février. Ce n’est pas un blocage. Nous sommes dans un processus. Il est important de souligner qu’il n’y a pas eu de blocage ni de veto. Les parties prenantes sont toujours là, même si elles n’ont pas réussi à se mettre d’accord. A noter que des efforts ont été effectués notamment dans la mise en place du bureau de la SADC. Marius Fransman devra se rendre d’ici peu dans la Grande île.

Ma-LAZA : Que pensez-vous des «dinika samy Malagasy» ou encore de la médiation du FFKM?
SEM JMC : Je n’ai pas de commentaire particulier à faire sur les initiatives menées par les acteurs malgaches. Je pense que les initiatives de médiation doivent aller dans un même sens, celui de la réconciliation et de la reconstruction de l’unité nationale et du développement du pays

Ma-LAZA : Votre mot de la fin?
SEM JMC : Si je puis me permettre un conseil, ce serait de dire qu’il faut tirer leçons des crises antérieures afin de ne pas refaire les mêmes erreurs. Il faut mettre fin au cercle vicieux de la crise, car les mêmes causes produisent les mêmes effets. D’où l’intérêt de s’attaquer aux causes réelles des problèmes.

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