Saturday, March 24, 2012

Air Madagascar: Airbus rafle enfin la mise !

Samedi 24 mars 2012

20 ans après le début de la bataille dans le ciel malgache entre les deux constructeurs, Airbus a finalement été préféré à Boeing. Andry Rajoelina l’a annoncé hier soir sur la chaîne de télévision privée TV Plus dans l’émission « l’invité du Zoma ». Aucun détail n’a été donné sur le type d’appareil ni les conditions du contrat. Tout juste si le Président de Transition a révélé qu’il s’agit d’un achat.
Les spécialistes rectifieront d’eux-mêmes ce lapsus sinon le manque de précision de la part d’Andry Rajoelina car depuis l’acquisition du Boeing 747 qui a été mis à la ferraille sans que le prix ait été acquitté entièrement par l’Etat malgache auprès de la banque américaine Eximbank, il est impossible pour Air Madagascar d’acheter un avion, neuf ou d’occasion.
Le contrat n’étant pas encore signé jusqu’à présent, qui sait si le mot achat a été lâché parce que l’avion qui rejoindra la flotte de la compagnie nationale ne serait donc pas acheté mais plutôt loué avec option d’achat à la fin du contrat de location. En plus clair, le nouvel appareil serait loué comme le Boeing 767 et les Boeing 737 exploités actuellement mais contrairement aux locations faites depuis les années 90, le nouveau contrat donne la possibilité à Air Madagascar d’acheter les deux appareils à un prix moindre à la fin de la location. C’est sans doute pour cela qu’en répondant à la journaliste Onitiana Réaly, Andry Rajoelina a exprimé la fierté du régime de transition de pouvoir procéder à un achat dans le contexte actuel.
La signature imminente du contrat éclairera le public sur l’acquisition de ces Airbus A340-300. C’est en effet ce type d’appareil qui a été choisi par Air Madagascar. L’avion quadriréacteur est prévu d’atterrir à Ivato le 11 avril prochain. D’après nos informations, il s’agit de deux avions d’Air France qui seront mis aux couleurs d’Air Madagascar mais gardant toujours son immatriculation française.
Cette « bizarrerie » ferait suite à la sanction de Madagascar par l’Union européenne qui nous a classés, il y a un an de cela, dans le fameux annexe B. D’après les spécialistes, cette sanction interdit en réalité le survol du ciel européen par n’importe quel aéronef immatriculé à Madagascar, qu’il appartienne à Air Madagascar ou à une autre compagnie de droit malgache. Que la compagnie nationale achète ou loue donc un Boeing ou un Airbus ou un Tupolev russe, elle ne peut exploiter aucun appareil (fût-il neuf) sur Paris ou Berlin tant que la sanction persiste.
Bref, les contraintes sur la présence d’Air Madagascar en Europe et surtout sus la ligne traditionnelle Antananarivo-Paris ont forcément pesé sur le choix d’Air Madagascar où il y a de la résistance très humaine. D’abord parce que la compagnie nationale était jusqu’à présent configurée tout Boeing. Mais aussi parce que certains se sentent plus intelligents pour devenir suspicieux quant au choix.
En tout état de cause, l’annonce faite par Andry Rajoelina semble indiquer que le choix est irrévocable. Air Madagascar qui va signer le contrat, devra argumenter publiquement son choix. Les explications seront d’ordre technique et financier. Airbus sera à la rescousse. Boeing pourrait réagir mais devant le piètre comportement de l’ambassade américaine à Antananarivo, le constructeur américain est fortement handicapé. On indique notamment au sein des chancelleries que le choix Airbus a été décisif après le communiqué de l’ambassade américaine de chercher à bloquer les financements de la Banque mondiale en faveur de la population malgache.
20 ans après, Airbus rafle donc la mise à Madagascar. En effet, c’était lors la transition de 1991 que la bataille entre les deux constructeurs a débuté chez nous. Air Madagascar pensait acheter de nouveaux appareils. A la délégation de haut niveau d’Airbus, l’ambassade américaine ripostait par voie de presse en faveur d’Airbus. La bataille était latente mais depuis novembre 2010 quand M. Rajoelina avait sous-entendu la préférence à Airbus lors du meeting référendaire au palais des sports, Boeing était littéralement tombé dans le silence. L’avionneur américain savait qu’à cause de la politique de son pays qui sanctionnait à mort la population à cause de la haine contre un seul personnage, il avait perdu la bataille à Madagascar.




Andry Rajoelina : « La fermeture de l’aéroport d’Ivato était ma consigne... »
C’est avec un ton ferme qu’Andry Rajoelina a affirmé sur Tv-Plus hier soir, « j’ai donné la consigne pour empêcher l’appareil de Marc Ravalomanana d’atterrir à l’aéroport international d’Ivato ». Une révélation arrivant des mois après l’évènement et après que des rumeurs aient couru autour de la circonstance entourant cette décision. Durant sa prise de parole, Andry Rajoelina a manifesté la volonté de rétablir l’ordre et la sécurité.
En effet, conscient de la menace qui pèse sur la sécurité de l’ex-président démissionnaire et ses conséquences sur la stabilité de la nation, Andry Rajoelina a pris à deux mains la responsabilité d’interdire l’atterrissage de l’appareil transportant Marc Ravalomanana à Ivato et de l’ordonner à atterrir à Morondava. Le président de la Transition n’est pas en effet le premier responsable de la sécurité puisque cela relève du président de l’Emmo-Nat (état-major mixte opérationnel national), assuré par le Premier ministre.
C’est dans le souci de préserver la sécurité que M. Rajoelina a décidé de prendre en main le rétablissement de l’ordre et la sécurité : « je mettrais à la disposition des forces de l’ordre tout les moyens qu’ils estiment nécessaire pour rétablir la sécurité, tout en établissant des répartitions de secteurs, de l’organisation des patrouilles ». Et lui de s’interroger : « comment se réconcilier avec des hommes qui en veulent à votre vie ? ». Au début de l’année, le chef de la Transition semble regretter d’avoir libéré des officiers inculpés d’atteinte à la sécurité intérieure, qui ont par la suite voulu attenter sur ordre de l’exilé en Afrique du Sud d’attenter à sa vie.

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