Sunday, March 04, 2012

Restauration forestière: Il faut trouver 800 millions de dollars

Alors que l’Etat n’a perçu que 30 à 40 millions de dollars en 2009 pour les exportations « légales » de bois de rose, il faut 800 millions de dollars (soit 8 fois le montant versé par Wisco pour l’accès au gisement de fer de Soalala) pour restaurer les espaces forestiers brûlés ou déboisés. Le calcul est du CCPTF-E/UNESCO et il est rapporté dans le programme intérimaire 2012-2013 du Système des Nations unies (SNU) pour Madagascar. Ce chiffre est calculé sur le taux de déforestation estimé à 1,2 million d’ha entre 1990 et 2005. En fait, les points de vue divergent selon les bailleurs de fonds. La Banque mondiale qui a beaucoup financé le secteur environnement parle d’un taux de déforestation en recul, alors que le SNU évoque un taux demeuré élevé. Mais le problème est le même : le pays continue à déboiser jusqu’aux bois précieux dont certains mettent plus d’un siècle pour atteindre la maturité. Si les trafics de bois de rose ne sont plus ce qu’ils étaient en 2009, la filière a encore 200 000 rondins à écouler. Et le gouvernement tarde à faire le nécessaire pour une commercialisation transparente et juste de cet énorme stock. De quoi conforter l’opinion sur l’incapacité de l’Etat à contrôler la situation et à favoriser ainsi la poursuite des trafics, même à une échelle moindre qu’en 2009.
Le pays est perdant sur plusieurs tableaux. Il n’a pas perçu grand-chose des exportations « légales » de bois de rose. A ce sujet, la Banque mondiale affirme : « Pour les bois précieux et pour la seule année 2009, la valeur marchande de l’ensemble des containers exportés serait d’environ 200 millions US$. 15 à 20% de cette valeur, soit 30 à 40 millions US$ aurait été versés dans les caisses de l’Etat, faible somme pour des arbres dont le coût d’exploitation et de transport jusqu’au bateau est, compte tenu de la localisation des forêts et des techniques utilisées, reste très faible en pourcentage de la valeur marchande. Par conséquent, l’exploitation du bois de rose entame le stock, provoque des dégâts écologiques irréversibles et contribue peu au développement du pays. C’est un véritable paradoxe dans un pays qui essaie de réunir les fonds pour financer ses aires protégées ». Mais celles-ci font partie de la biodiversité mondiale. La Banque mondiale a donc accordé exceptionnellement un financement pour les aires protégées.
De son côté, le SNU avance : « La grave anarchie qui règne dans l’exploitation des espèces protégées et l’ampleur du phénomène de trafic de bois précieux, notamment dans la région SAVA, ou 20 000 ha de forêts ont été exploitées illicitement entre 2009 et 2010, montre l’urgence d’une politique draconienne de sauvegarde du patrimoine environnemental. Les activités extractives des industries internationales d’exploitation minières risquent d’avoir de sérieux impacts négatifs sur l’environnement sans une application rigoureuse de la réglementation en vigueur. La perte de la couverture végétale suite au déboisement et aux feux de brousse constitue un facteur favorable d’aggravation du phénomène de changement climatique ».

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