Friday, March 09, 2012

Antananarivo: Grenade lancée contre l’Episcopat: Qui en veut à Mgr Odon Razanakolona ?

Samedi 10 mars 2012

Forte explosion à l’Episcopat à Antanimena, hier. Un acte qui n’est pas… très «catholique». La population appréhendait une journée de jets de pierres, mais c’est une sorte d’attentat à la grenade qui a eu lieu.

Une forte déflagration a été entendue hier, vers 4h30 du matin, aux alentours de l’Episcopat Antanimena, ont rapporté des témoins. Il était d’une telle intensité que des vitres du bâtiment ont été brisées.
Plus d’uns s’interrogent toujours sur le choix de ce lieu comme cible. Quelqu’un en voulait-il à l’archevêque Odon Razanakolona, ce lieu servant notamment de lieu de réunion de la Conférence des Evêques de Madagascar? Ou cela aurait-il un lien avec les démarches entreprises par le FFKM dont fait partie l’Eglise catholique pour reprendre la médiation?
Les spéculations vont bon train. Certains avancent un lien avec la politique alors qu’aucune réunion de la sorte ne s’y tenait. L’Archevêque s’est abstenu de tout commentaire à ce propos, hier dans la matinée, en se rendant sur les lieux.
«Nous attendons les résultats de l’enquête avant de faire une quelconque déclaration», a précisé pour sa part le père Frédéric Lucien Rakotozafy, Secrétaire Administratif adjoint de la Conférence des Evêques de Madagascar dans un communiqué qui a annoncé qu’une plainte contre X a été déposée. Il a jouté qu’il n’y a eu ni mort d’homme ni dégâts majeurs.
La police scientifique a fait comprendre que cet explosif, assez puissant, a été fabriqué artisanalement. Les responsables attendent les résultats des expertises avant d’en dire plus
On a toutefois appris de ceux qui se trouvaient dans le bâtiment qu’ils ont aperçu un véhicule 4×4 s’arrêter au niveau du portail de l’Épiscopat juste avant l’explosion. Les occupants du bâtiment n’ont pu voir davantage, car ils ne sont sortis qu’après un bout de temps, appréhendant une suite à cet attentat.

Et la vie continue...

Tana a vécu une journée normale. Avec son lot d’embouteillages, de pauvreté et de richesse, de petites bricoles, de rumeurs et d’intox malveillante… C’est comme ça. Depuis janvier 2009, la paix sociale est un mot rayé du bréviaire politique local. Et quand presque une fois par mois, on rapporte que des fokonolona et des gendarmes en viennent aux mains et que généralement cela se termine par une mort d’homme, les choses sont plus inquiétantes.
La journée de … menace d’hier s’est résumée en de nombreux tracts, de mise engarde de la police et de la gendarmerie, deux jets de cocktail Molotov. Les dommages collatéraux sont politiques et moraux. Pourquoi un cocktail contre l’Episcopat ? Les auteurs se sont –t-ils trompés d’année? On aurait compris le geste en 2009 lors des nébuleux incidents de l’Episcopat.
Ces incidents semblent voulus pour justifier une situation de trouble et de crise. En tout cas, pour des observateurs avertis, ils ne profitent à personne. Plus particulièrement pas à Marc Ravalomanana dont le retour est lié par un climat apaisé et sécurisé.
Tout cela intervient au moment où des juristes de la SADC sont dépêchés pour nous aider à la rédaction de la loi sur l’amnistie. Ils ont l’expérience. Et précisément l’expérience en matière de lois internationales sur la question.
Cela va titiller encore l’amour propre de certains politiciens se réclamant patriotes. Prompts à parler d’ingérence. La SADC est claire : les Malgaches prennent l’initiative, leurs experts sont là pour les accompagner.
Au fond, il ne reste plus que deux lois pour que le tour soit joué : la loi sur l’amnistie et la loi sur la réconciliation nationale. Deux gros morceaux. La Présidence de la transition a son jeu. Ravalomanana et sa mouvance ont le leur. Tout comme celle d’Albert Zafy ou de Didier Ratsiraka. Quant aux autres, ils ne restent pas les bras ballants. Et au final, on a un embrouillamini en sorte que personne n’arrive à sortir sa tête de l’eau.

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