«Des rumeurs fantaisistes ». Le ministre de l’Environnement et des Forêts a répondu ainsi quand le Président de la Transition l’a interpellé quant aux suspicions de reprise des exportations de bois de rose rapportées dans nos colonnes, mardi dernier.
L’arrêté n° 0741/2012 du 18 janvier 2012 que Joseph Randriamiarisoa a cité n’a pourtant rien de fantaisiste. Son article 4 stipule que « l’exportation des produits principaux des forêts naturelles toutes catégories confondues est autorisée sous toutes ses formes par l’Agent forestier responsable de l’Administration forestière concernée. La personne désireuse d’en exporter doit justifier l’origine légale de ses produits ». En plus clair, cela veut dire que l’on peut exporter toute essence qu’elle soit ordinaire ou précieuse du genre bois de rose ou bois d’ébène, qu’elle soit brute, semi-travaillée ou transformée. Le reste de l’arrêté n’est que de la littérature sur l’octroi d’un agrément d’exportation et les redevances d’exportation selon la catégorie du bois composant la cargaison à exporter.
Depuis sa signature, ce texte a suscité à la fois inquiétude et optimisme dans les différents milieux intéressés au secteur de l’environnement en général et du commerce du bois de rose en particulier, l’interprétation générale du texte étant que le ministre veut autoriser l’exportation de bois de rose. En tout cas, les trafiquants ne vont pas chercher midi à 14 heures quand on leur donnera ce texte ministériel. Il suffit de mettre dans la combine quelques douaniers pour liquider les redevances et autoriser l’embarquement. Et le tour est joué pour des dizaines et pourquoi pas des centaines de conteneurs jusqu’à ce que des voix s’élèvent .
On ne sait pas ce qui s’est effectivement passé sur le terrain. Près du ministère, on tente d’expliquer ce texte suspicieux par la volonté de débloquer 500 conteneurs de palissandre bloqués au port de Mahajanga. Si c’était vraiment le cas, M. Randriamiarisoa n’avait qu’à demander une autorisation spéciale en conseil du gouvernement après avoir effectué les contrôles d’usage. D’après nos informations, l’Administration des douanes a refusé l’exportation de cette cargaison car elle ne remplirait pas les conditions nécessaires et suffisantes.
En tout cas, le fait que le ministre de l’Environnement ait préféré prendre unilatéralement un texte plutôt que d’exposer le cas devant ses collègues ministres est plutôt suspect. D’autant plus suspect que le texte est très mal fait en recelant des contradictions manifestes avec la réglementation en vigueur. Et cela nuit à la crédibilité même du ministre qui n’est certes pas du secteur mais entouré par des supposés professionnels du secteur, et à celle de la mouvance Zafy qui exigeait ce ministère pour faire le contraire de ce que son arrêté ministériel tentait virtuellement de faire.
Aujourd’hui, on attend que Joseph Ramiandrisoa lève tous les doutes sur ce texte. Comme pour la destitution des maires dans le nord du pays à la suite de laquelle le Premier ministre a annulé sa propre signature, notre ami docteur peut bien annuler purement et simplement cet arrêté. Mercredi dernier, le rapport du conseil des Ministres souligne que le ministre de l’Environnement « a martelé que la coupe, le transport et l’exportation de bois de rose restent encore formellement interdits ». « Ainsi, le Chef de l’Etat a donné consigne au Ministre de l’Environnement et des Forêts de réagir, sur le plan médiatique, pour rétablir cette vérité ». M. Ramiandrisoa attend sans doute sa tournée dans la région de la SAVA pour s’exécuter. Mais qui dit que depuis le 18 janvier dernier, aucune exportation de bois de rose n’a été faite sous le couvert de cet arrêté ?
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