Depuis jeudi, la ville d’Antsohihy était en effervescence. Un événement inédit s’y était en effet déroulé, troublant la quiétude d’une population habituellement paisible : la destitution brutale et sans motif du premier magistrat de la ville et de trois autres maires de communes rurales, par Ruffine Tsiranana, ministre de la Décentralisation. Ce qui n’a pas plu aux électeurs et autres partisans des trois maires qui étaient prêts à en découdre.
Deux choses ont empêché la confrontation : un appel téléphonique de détresse adressé au vice-Premier ministre chargé du Développement et de l’Aménagement Hajo Andrianainarivelo le jour même des faits, suivi de la réponse de ce dernier qui a promis une solution dès le lendemain même (hier), puis le fait que, comble du ridicule, l’intronisation des nouveaux présidents de délégations spéciales et leurs adjoints s’est déroulée au... lycée de la ville, à l’occasion de la Journée des écoles ! Car les partisans des maires étaient convaincus d’être dans leurs bons droits puisque aucun motif valable n’a été évoqué pour les destitutions, et puisque la procédure en la matière a été bafouée de bout en bout (lire nos articles d’hier, en page 2). Par ailleurs, plus de deux mois après son « incarcération » (il passe en fait ses journées à l’hôpital de Majunga dès le deuxième jour), l’ombre du CST Jao Jean plane encore sur la population d’Antsohihy, avec ses manières rogues et sa générosité appréciée des plus humbles. Or, ses partisans et ceux du maire d’Antsohihy Victor Mikhet Rakotondravony et consorts sont en gros les mêmes. L’emprisonnement (injuste à leurs yeux) de Jao Jean, ajouté à la destitution à la fois illégale et illégitime de ces quatre élus, ont failli mettre le feu aux poudres et verser Antsohihy dans une situation qui la mettra à feu et à sang, et ceci peut-être même au risque d’atteinte à l’intégrité physique de la ministre téméraire. Ainsi, la ville l’a échappé belle !
Tout est donc bien qui finit bien, puisque les écharpes tricolores des élus leur ont été rendues dans la liesse animée par la belle musique entraînante de Wawa, par le vice-Premier ministre Hajo Andrianainarivelo, le ministre de l’Intérieur Florent Rakotoarisoa et le ministre de la Communication Harry Laurent Rahajason, lesquels ont fait figure de héros hier. Mais, au fait, quelle mouche a donc piqué la ministre de la Décentralisation à Antsohihy ? Velléité de placer ses pions suffisamment à l’avance en vue des prochaines élections, ou volonté délibérée de faire imploser le régime de transition en instituant le désordre de l’intérieur du système ?...
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