Friday, June 14, 2013

Politique - LALAO RAVALOMANANA, Née RAKOTONIRAINY
Lalao Ravalomanana, candidate à l’élection présidentielle et épouse de l’ancien président Marc Ravalomanana, parle de ce qui l’a poussée à se présenter à la présidentielle et assure qu’elle ne sera pas l’ombre de son mari lorsqu’elle sera élue. 
Comment se porte Bebe Razay, votre mère ?

Je voudrais remercier Dieu sur ce point. Depuis que je suis rentrée, son état est stable. Je l’ai ramenée à la maison depuis Pâques. Par deux fois, elle aurait dû revenir en réanimation, mais j’ai dit aux médecins de la laisser à la maison. Aujourd’hui, elle n’est pas tout à fait bien, mais elle n’est pas non plus au plus mal.

Reviendrez-vous en Afrique du Sud lorsqu’elle se portera mieux, comme il était prévu ?

Je prierai afin de voir ce qui est bien pour le pays.

Quand avez-vous décidé de faire de la politique et de vous porter candidate à l’élection présidentielle Etait-ce avant de quitter l’Afrique du Sud ?

Je suis rentrée à Madagascar parce que ma mère était malade. Mais en arrivant à Ivato, j’ai été surprise par les difficultés quotidiennes des Malgaches. Il y a eu une forte dégradation de la vie des Malgaches. J’ai entendu les gens qui se plaignaient de l’insécurité. La majorité ne mange plus à sa faim. J’ai vu des enfants qui ne vont plus à l’école. Et même quand ils vont à l’école, leurs parents ne peuvent pas leur acheter les fournitures. Les gens disent qu’il ne faut pas tomber malade. Sans parler de tous ceux qui ont perdu leur travail. J’ai vu tout cela en arrivant ici. Puis plus tard, la mouvance Ravalomanana est allée en Afrique du Sud. À leur retour, ils m’ont demandé d’être candidate. J’ai accepté avec joie, parce que pour moi, cet appel vient de Dieu. Et mon objectif est que les Malgaches se tournent vers Dieu. Mon objectif en tant que femme, c’est donner aux Malgaches, aux pauvres et aux plus vulnérables, la nourriture spirituelle dont ils ont besoin. Mais comme nous sommes encore de chair, il faut aussi s’occuper de la nourriture pour le corps.

Ne pensez-vous que votre candidature ait violé les accords du « ni … ni … » et puisse être à l’origine de troubles pour le pays ?

Sur ce sujet, je précise que je n’ai jamais signé aucun accord. C’était une affaire entre les chefs d’État. Un accord entre eux deux (l’ancien Président et le président de la Transition). Je suis rentrée pour ma mère. La condition était que je ne parle pas politique. Et je n’en ai pas parlé. Même quand Magro m’a sollicitée, je n’y suis pas allée. Puis est arrivée une autre échéance, le moment de déposer la candidature à l’élection présidentielle. Que je sache, tout le monde peut se présenter. N’importe qui, en tant que citoyen, a le droit et le devoir d’être candidat.

Mais n’êtes-vous pas gênée que votre époux ait dû renier sa signature ?

Quand mon mari était président, je n’ai pas fait de politique. J’ai œuvré pour l’évangélisation du peuple malgache. Ma manière de le soutenir, c’est d’amener le peuple à la prière. L’évan­gélisation m’a forgée. Je suis heureuse que la parole de Dieu qui dit : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu, et tout le reste vous sera accordé », se soit réalisée à mon égard. J’ai cherché, et aujourd’hui, avec ma candidature, le reste m’est accordé.

Le président de la Transition avait mis en avant le verset 24 du chapitre 2 de la Genèse qui dit que « les époux deviendront une seule chair » pour dire qu’en vous présentant à sa place, il a violé l’engagement de ne pas être candidat. Et vous, ne vous sentez-vous pas liée par la signature de votre époux ?

- (Rires) Aujourd’hui, lui, il a sa chair en Afrique du Sud. Et moi, je suis ici, à Madagascar. Non, cela, c’est l’image que Dieu veut donner du mariage. Mais ici, il est question d’individu et de la vie d’un pays. Quand mon mari était président, il avait ses idées. Moi, en tant que femme, j’ai les miennes. Et les femmes ont aussi des idées pour sauver le pays. Sauver un pays, c’est comme gérer un ménage. Quand un ménage est en difficulté, ce sont les femmes qui se préoccupent et s’occupent davantage des enfants. Elles ont leur instinct maternel et la compassion pour cela. Les femmes ont mal quand les enfants ne vont pas à l’école. L’éducation est, je le rappelle, ce qui nous fera ressembler aux pays développés.

Donc, vous acceptez que votre époux renie sa signature pour que vous puissiez sauver le pays ?

Renier ou pas, là n’est pas la question. Mais je pense que c’est la meilleure voie pour sauver le pays.

La Communauté internationale estime que votre candidature constitue un blocage au processus électoral. La retirer ne serait-elle pas une solution ?

Chacun peut penser ce qu’il veut. Moi, mon principal problème aujourd’hui, c’est la pauvreté des Malgaches, mes compatriotes. L’insécurité, l’insécurité alimentaire dans les ménages malgaches alors que notre pays est un pays agricole. Mon problème, c’est notre progéniture qui ne va plus à l’école. Que vont devenir tous ces jeunes ? Quel sera l’avenir du pays ? Si les membres de la Communauté internationale voyaient les difficultés auxquelles les Malgaches sont confrontés, ils auraient le même avis que moi.

Que pensez-vous de la menace de non-reconnaissance de la Communauté internationale si vous êtes élue ?

Un participant à une récente réunion qui s’est déroulée à Bruxelles vient justement de me dire lorsque l’ordre constitutionnel sera rétabli, la communauté internationale apportera sa reconnaissance, et reviendra avec les aides internationales. Je prie pour que cela arrive. C’est nous, les Malgaches entre nous, qui ne nous entendons pas. Ce n’est pas la Communauté internationale. C’est pourquoi, je ne cesse de prier pour qu’il y ait un apaisement à Madagascar. Aujourd’hui, je suis ravie que le processus de réconciliation soit en cours. Et je prie pour que cela se fasse au plus tôt et réussisse. Il faut que la solidarité et le pardon règnent dans notre pays.

Comment feriez-vous pour gérer l’économie du pays alors que la SADC et l’Union africaine martèlent que vous ne seriez pas reconnue si vous êtes élue ?

Je ne travaillerai pas seule. J’ai des collaborateurs avec lesquels tout cela sera discuté. Mais à mon avis, dès lors que les étrangers voient qu’il y a la paix, la sécurité, et que ce que l’on fait a vraiment des impacts sur le peuple, ils reviendront. Ils n’ont pas un cœur de pierre. Il faut prier. Dieu peut changer le cœur des hommes.

Mais quelles seront les grandes lignes de votre politique économique ?
C’est le talent que Dieu m’a donné. J’ai déjà dirigé une grande entreprise, Tiko. Cette entreprise a traversé bien des épreuves. Mais quand on est proche de ses collaborateurs, quand on sait les écouter, et partager avec eux quand il y a des bénéfices, les choses peuvent aller sans problème. Quand on sait travailler avec le peuple, et partager avec lui les fruits de la croissance, je sais qu’il y a une justice dans un pays. Il faut faire régner la justice. Il ne faut pas non plus mettre des barrières avec les gens. Il faut être proche des gens.

Ne vous sentez-vous pas instrumentalisée par votre époux Quel rôle jouera-t-il lorsque vous serez présidente ?

En tant que femme et compte tenu de ce que je sais et de mes expériences, j’ai ma propre personnalité. Quand je serai présidente, ce sera son tour (celui de Marc Ravalomanana) de diriger l’entreprise. Il est impossible que des époux dirigent ensemble un pays. Il faut aussi reconnaitre aux femmes leur valeur. 

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