Sur Terre, l'évènement est attendu de pied ferme par les astronomes. Vénus - déesse romaine de l'amour, déesse saxonne de la fertilité, déesse maya de la guerre - est une cousine de notre planète, née dans le même nuage de gaz et de poussière il y a 4,6 milliards d'années, et qui partage avec elle la spécifité d'être enveloppée d'une atmosphère. Or, l'astre a rendez-vous, cette nuit, avec le Soleil. Sa sphère noire se détachera en ombre chinoise devant le disque solaire, dans un parfait alignement, dès l'aube pour la France métropolitaine.
- A quelle fréquence survient ce phénomène ?
Les transits surviennent par paires espacées de huit ans. Ces couples d'événements sont eux-même séparés, une fois de 122 ans, l'autre de 105 ans - le tout formant un cycle de 243 ans. L'alignement Soleil-Vénus-Terre de cette nuit est le second du XXIe siècle, après celui observé en juin 2004. Le précédent couple de phénomènes est survenu en 1874 et 1882. A l'avenir, il faudra attendre 2117 et 2125, puis 2247 et 2255, 2360 et 2368, etc.
- Quand l'a-t-on découvert ?
L'alignement des planètes est, depuis cette date, scruté par les scientifiques. En 1761 par exemple, lorsqu'ils détectent pour la première fois une auréole autour de Vénus, qui leur évoque une possible atmosphère. En 1874, les Français organisent six expéditions, trois dans l'hémisphère boréal et trois dans l'hémisphère austral, desquelles ils tirent des clichés grâce à un "revolver photographique" inventé pour l'occasion par l'astronome Jules Janssen.
- Comment l'observer ?
L'alignement aura lieu mercredi 6 juin, entre 0 h 10 et 6 h 50, heure de Paris. En métropole, c'est donc à la première heure du lever du soleil, qui pointe ses rayons à 5 h 52 sur la capitale, que le phénomène sera observable. Aux antipodes, les territoires d'Outre-mer, de Tahiti à la Nouvelle-Calédonie, seront aux premières loges.
Comme pour toute éclipse solaire, regarder le phénomène à l'œil nu, avec des lunettes de soleil et films radiologiques ou, pire, à travers jumelles, téléscope ou appareil photo, est hautement dangereux pour la rétine. Il faut donc se munir de lunettes "à éclipse", récentes et certifiées CE, rappelle l'IMCEE (Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides).
- Qu'est-ce qu'il nous apprend ?
Si le transit de Vénus a eu son importance lors des siècles passés pour calculer la distance entre la Terre et le Soleil et, grâce à cette unité astronomique, prendre la mesure de l'univers, il a aujourd'hui autre chose à dévoiler. Pour les scientifiques mobilisés, il s'agit de détecter l'atmosphère de Vénus en captant son auréole, au début et à la fin de son passage devant le soleil. Et ainsi de collecter des données sur les hautes couches de cet atmosphère dense, dont la climatologie est encore mal connue. Ces couches se situent au-dessus des nuages d'acide sulfurique qui enveloppent toute la planète, ses montagnes, plaines et volcans.
De densité, de composition chimique et de taille comparable à la Terre, Vénus est toutefois étouffée par un effet de serre qui entraîne des températures atteignant 465°C en surface. Malgré ce qui a longtemps été suspecté, point de vie sur cette planète, donc. Mais la modélisation de son transit devant l'astre solaire, qui permet d'apprendre à détecter une atmosphère, peut servir à reproduire l'expérience avec des exoplanètes, où la possibilité de la vie n'est pas exclue.
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