Tuesday, June 19, 2012

Jirama : La descente aux enfers


PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 19 Juin 2012
Le manque d’électricité couplé à un manque d’eau, rien qu’en y pensant, cela fait frissonner.
1 franc symbolique. Vendre à perte, tel est le mot d’ordre de la Jirama, même en cette période de crise. Mais jusqu’à quand la Jirama pourra-t-elle encore tenir ? En utilisant des stations thermiques, qui de plus fonctionnent avec du gasoil et avec le prix du carburant qui n’a cessé de monter depuis 2009, les charges ont toujours augmenté alors que les tarifs ont été bloqués pour des motifs sociopolitiques. A force de vouloir préserver le pouvoir d’achat de la population et la compétitivité des industriels, l’Etat a fini par oublier les règles essentielles de l’économie : sans hausse tarifaire ou autre contrepartie, la Jirama finira par déposer le bilan, et cela quelque soit son Statut et son organisation. La faillite, c'est maintenant... si on ne fait rien. Certaines mauvaises langues prévoient déjà l’achat à 1 franc symbolique de la Société… D’autres disent que les repreneurs sont déjà à nos portes…
Situations alarmantes. La Jirama actuellement déficitaire perd, et a déjà perdu sa capacité de financement ainsi que sa capacité d’endettement. Mais aucun dirigeant, qu’il soit  de la Société ou de l’Etat ne semble s’inquiéter de cette situation. Aucune mesure concrète ne semble poindre  à l’horizon pour corriger les défaillances. On dit même que pour arrêter les délestages, il a fallu louer et utiliser des groupes électrogènes, mais leur usage génère des coûts importants, augmente le nombre de centrales déficitaires, ce qui accentue encore plus la vente à perte. En tout cas, la situation demeure précaire. On se souvient des grands délestages « techniques » et « économiques » qui prévalaient en 2005. Mais à cette époque, malgré la réticence du président de la République, il a fallu prendre des mesures impopulaires pour sauver la Jirama : augmenter les tarifs jusqu’en 2008 et augmenter le capital de la société.
Corruption. Comme la Jirama est une entreprise d’Etat,  il est  de son devoir  de garantir tant sa viabilité financière que sa pérennité institutionnelle. Mais les dirigeants qui se sont succédés n’ont pas su prendre les mesures adéquates pour cette survie, ni avancer les solutions appropriées pour ne pas arriver à cette impasse. En plus, le secteur énergie est aussi gangrené par la corruption perpétrée par des hauts dirigeants de ce régime, et par des entreprises privées qui effectuent une mauvaise exécution délibérée des prestations auprès de la Jirama. En effet, certains barons du régime cumulent  leur fonction au palais d’Ambotsorohitra avec celle d’administrateur de cette société d’état  et font  des affaires juteuses avec des opérateurs véreux sur le dos de ladite société en abusant de leurs pouvoirs et ce, au détriment de toute la population en particulier et de l’économie en général.
Sans énergie, sans industrie. Faute d’une bonne maintenance et encore moins d’investissements et d’infrastructures, on assiste à une dégradation rapide et inexorable de la Jirama. Les industriels s’inquiètent car en temps normal,  ils dépensent déjà 40 % de leur charge en énergie et les problèmes de trésorerie de la Jirama vont encore aggraver leurs difficultés  et mettre à mal  leur compétitivité. Un responsable d’une usine franche nous confie même que « Les industriels ont déjà accepté un tarif à la hausse pour la survie de la Jirama, mais aussi pour la continuité de leurs propres activités, mais ils sont étonnés de voir les dirigeants de l’Etat n’en faire qu’à leur tête ». Ceci expliquant cela ; les pertes enregistrées par cette société profiteraient  à certains qui sont en embuscade et n’attendent que le fruit bien mûr ne tombe dans leurs mains pour presque rien.
Jiro sy Rano ? La Jirama, depuis sa création en 1975 jusqu’en 1998, a conservé le monopole du transport et de la distribution de l'énergie électrique ainsi que de la production, du traitement et de la distribution d'eau potable. Récemment, le ministère de l’eau a sorti une décision habilitant la CUA à devenir  maître d’ouvrage. Quelques mois auparavant, le même ministère a émis par voie de presse un arrêté ministériel sur la gestion de l’eau dans tous les centres de la Jirama. On ne comprend absolument pas pourquoi il n’y a aucune mesure urgente pour résoudre les problèmes subis actuellement par la Jirama, alors qu’on s’occupe de ce  qui pourrait attendre. Ceci n’est-il  pas utilisé à d’autres fins ? Aujourd’hui, la situation est telle que l’Etat doit revoir ses priorités.

No comments: