Saturday, June 23, 2012

La Syrie reconnaît avoir abattu un avion de combat turc


Un avion F-4 turc lors d'un exercice militaire, le 26 mai 2010.

 

 

 

 

 

 

 

 

La Syrie a reconnu samedi 23 juin avoir abattu la veille un avion de combat turc en Méditerranée. D'après Ankara, l'appareil avait pu violer l'espace aérien de Damas. "Quand vous pensez à la vitesse des jets lorsqu'ils volent au dessus de la mer, il est courant qu'ils passent et repassent les frontières pour un court laps de temps", a déclaré le président turc Abdullah Gül. "Ce sont des choses non intentionnelles qui se produisent en raison de la vitesse des avions", a-t-il souligné.

La Turquie a coupé les ponts avec le président Bachar Al-Assad, en raison de la répression sanglante du mouvement de contestation anti-gouvernementale qui agite la Syrie depuis mars 2011. Alors que la presse était unanime samedi à tirer à boulets rouges contre le régime de Damas à cause de cet incident, exigeant qu'il en "paye le prix", le vice-premier ministre Bülent Arinç a adopté une position modérée. "Nous devons rester calme. Ne nous laissons pas aller à des déclarations et attitudes de provocation", a-t-il déclaré, cité par l'agence Anatolie.
RECHERCHES EN COURS EN MÉDITERRANÉE
Il a précisé que le F4 turc "accomplissait une mission de reconnaissance-entraînement", et n'était pas armé, espérant que les circonstances de cet incident seraient éclaircies dans les plus brefs délais. Vendredi, Ankara a attendu près de douze heures pour confirmer que l'un de ses appareils avait été abattu par la DCA syrienne, excluant la thèse d'un accident.
Des recherches étaient en cours samedi en Méditerranée, au large de la province turque de Hatay (sud), pour tenter de retrouver les deux pilotes de l'appareil, des opérations auxquelles participe la Syrie, a indiqué le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui a tenu une réunion de crise à Ankara.
"Après évaluation des données (...), on comprend que notre avion a été abattu par la Syrie", avait annoncé dans la soirée un communiqué de son service de presse. "La Turquie fera connaître son attitude définitive et prendra avec détermination les mesures qui s'imposent quand toute la lumière sera faite sur cet incident", indiquait le communiqué.
RISQUE D'ESCALADE
Des haut responsables civils et militaires turcs se sont de nouveau réunis samedi au ministère des affaires étrangères. Aucune déclaration n'a été faite au terme de cette réunion. L'armée syrienne a auparavant affirmé que l'appareil turc volait à basse altitude, à un kilomètre seulement de la côte de la Syrie, lorsqu'il a été touché par la défense anti-aérienne.
Ankara accepte que son territoire serve de base de repli aux rebelles de l'Armée syrienne libre et laisse le Conseil national syrien, principale structure de l'opposition à Bachar Al-Assad, se réunir à Istanbul. La Turquie a prévenu récemment qu'elle pourrait invoquer l'article 5 du traité de l'OTAN, qui prévoit une action de tous les membres de l'Alliance atlantique, pour protéger sa frontière avec la Syrie, après des tirs des forces syriennes vers le territoire turc.
MANIFESTATIONS ANTI-RÉGIME
En Syrie, au moins quinze civils ont été tués samedi dans les violences, où les troupes du régime du président Bachar al-Assad poursuivent sans relâche leur répression de la contestation a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Vendredi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre le président Bachar al-Assad à travers le pays. 96 personnes ont péri dans les violences, dont 50 civils, selon un bilan de l'OSDH.
Sur le plan diplomatique, la France a appelé vendredi les membres de l'armée et des forces de sécurité syriennes à déserter. La veille, un pilote de chasse syrien, qui a demandé l'asile politique en Jordanie avait symboliquement fait défection.

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