Wednesday, June 06, 2012

Air Austral : la recapitalisation ou la mort


JIR
Air Austral : la recapitalisation ou la mort
"Si nous ne faisons rien, nous courrons le risque de voir Air Austral être bradée auprès d’investisseurs aux aguets compte-tenu de sa situation financière actuelle", indique Didier Robert.
En l’absence d’investisseurs extérieurs de poids, la Sematra vole au secours d’Air Austral. La Région entérinera ce matin une nouvelle augmentation de capital à hauteur de 34 millions d’euros que devrait abonder le Département. La Caisse des dépôts et consignations et des investisseurs privés devraient compléter le tour de table. Au total, la compagnie réunionnaise devrait disposer de plus de 80 millions d’euros. Avec les nouveaux apports des collectivités, Air Austral devient, de fait, une compagnie publique. Mais d’ici deux ans, avec le retour espéré à l’équilibre, Région et Département au travers de la Sematra devraient réduire leur participation.

La Région présente son bilan “rigoureux et dynamique?

TRANSPORT AÉRIEN
Si notre île avait un drapeau, il pourrait flotter pendant les deux années à venir sur le fuselage des avions d’Air Austral aux côtés de ceux de la France et de l’Europe. Après le vote sans surprise aujourd’hui par les conseillers régionaux d’une nouvelle augmentation de capital, la compagnie réunionnaise va devenir de facto une compagnie à capitaux majoritairement publics avec la Région et le Département réunis au sein de la Sematra même si la situation n’est que provisoire. Si cette porte de sortie ne s’était pas ouverte in extremis devant elle, Air Austral s’acheminait directement et à brève échéance vers le dépôt de bilan. Avec l’arrivée de Joseph Malé comme président du directoire et directeur général et d’une nouvelle équipe, la compagnie réunionnaise a retrouvé une stratégie. Fermeture de lignes déficitaires, réduction de flotte, plan d’économies, le business plan de Joseph Malé tient la route mais le nerf de la guerre : l’argent, fait défaut.
"Nous sommes toujours dans une situation d’urgence"
Didier Robert, président de la Région et du conseil de surveillance d’Air Austral, a confirmé hier le chiffre que nous vous donnions samedi dernier. L’exercice 2011-2012 se soldera par un résultat négatif de 87 millions d’euros. Chaque mois, Joseph Malé doit aller "quêter" à Paris auprès des banques pour assurer l’intendance et notamment le règlement des salaires. Un tel mode de fonctionnement ne peut s’inscrire dans la durée. Le 16 mai dernier, le PDG d’Air Austral s’était montré très clair : "Le plan de redressement que nous avons soumis au conseil de surveillance ne tiendra pas la route sans l’arrivée de nouveaux actionnaires à brève échéance. Nous sommes toujours dans une situation d’urgence".
Pour en sortir, les collectivités locales Région et Département, réunies au sein de la Sematra actionnaire majoritaire d’Air Austral, n’avaient d’autre alternative que de remettre au pot. "L’équation était simple, résumait hier matin Didier Robert. Soit la Sematra participait à l’augmentation du capital, soit compte-tenu de l’extrême fragilité de la situation financière, Air Austral était condamnée". Au passage, et pour la première fois, le président de la Région et de la Sematra a sévèrement tancé la responsabilité personnelle de Gérard Ethève (voir par ailleurs). "Si nous ne faisons rien, complète Didier Robert, nous courrons le risque de voir Air Austral être bradée auprès d’investisseurs aux aguets compte-tenu de sa situation financière actuelle. Au contraire, si la Région et le Département au travers de la Sematra recapitalisent la compagnie, avec le business plan qui prévoit un équilibre dans deux ans, nous serons alors en position de force pour négocier avec des investisseurs". Certes, mais en attendant, la Sematra qui ne détenait que 46,57% du capital d’Air Austral franchit allègrement la barre des 50% et se retrouve avec 70 à 80% du capital de la compagnie (voir par ailleurs). Cela pourrait lui valoir les foudres de Bruxelles dans la mesure où 80% du capital de la Sematra est désormais entre les mains de collectivités publiques. Didier Robert se veut rassurant. "La Sematra est une société d’économie mixte". Pas sûr que l’argument réussisse à convaincre l’Europe. Le président de la Région et de la Sematra table davantage sur le fait que l’intervention de la Région et du Département se limitera au maximum à deux ans. "Ni la Région, ni le Département n’ont vocation à conserver une participation majoritaire dans Air Austral. Nous ne faisons que l’aider à traverser une zone de turbulences. À terme, la Sematra ne devrait conserver qu’une minorité de blocage au sein de l’actionnariat de la compagnie à savoir 33%"
Alain Dupuis

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