Thursday, December 15, 2011

L'or rattrapé par la crise

Depuis cinq ans, le cours de l'or à triplé dans le monde.



Le mouvement semble contre-intuitif et pourtant, l'or est en passe de perdre son statut de numéro un des valeurs refuges. Après avoir vu son prix grimper de 180 % en cinq ans, frôlant les 2 000 dollars il y a encore quelques mois, l'once d'or souffre depuis l'automne d'une désaffection, sans que pour autant le contexte économique ne se soit amélioré. Jeudi 15 décembre, l'once évoluait un peu en dessous des 1 600 dollars. Un niveau toujours honorable, mais dont l'évolution marque un changement de comportement des investisseurs.

Tout d'abord, l'or n'est pas le seul métal à avoir enregistré une baisse ces dernières semaines : le platine et l'aluminium, notamment, sont en repli. Ensuite, une telle progression du prix de l'or appelle immanquablement des corrections à court terme. Corrections poussées par plusieurs facteurs, à la fois structurels et conjoncturels.

PRISE DE BÉNÉFICES

La baisse du cours de l'or s'explique en grande partie par la morosité des Bourses, qui n'offrent que des gains très limités aux investisseurs : ces derniers préfèrent alors prendre leurs bénéfices sur leurs investissements en métaux précieux. A 1 600 dollars l'once, l'or offre toujours des gains substantiels pour ceux qui ont eu la bonne intuition d'en acheter avant la crise. L'appréciation récente du dollar (l'euro est passé mercredi en dessous du seuil symbolique de 1,30 dollar), dont le cours est fortement corrélé à celui de l'or, contribue également à tirer le prix de l'once vers le bas.

Du côté de la demande, Dan Smith, économiste et spécialiste des métaux chez Standard Chartered, pointe une baisse sensible en Asie, au cours du mois de décembre. Les achats, traditionnellement très forts sur ce continent du fait de l'importance du secteur de la joaillerie (notamment en Inde), a très fortement contribué à faire grimper le prix de l'or cette année. Mais à l'heure actuelle, les autorités indiennes maintiennent un cours de la roupie exceptionnellement faible (69 roupies pour un euro), ce qui rend l'or très coûteux sur le marché local. Par ailleurs, les grandes fêtes religieuses propices à l'achat de métaux précieux - tel Diwali en octobre - sont passées.

UN MÉTAL QUI SURPERFORME

Enfin, l'inflation, qui reste très contenue en Europe (3 % pour l'ensemble de la zone euro en 2011) et aux Etats-Unis, n'aide pas à soutenir la demande pour l'or, vu qu'il est traditionnellement utilisé par les investisseurs comme un produit de couverture contre la hausse des prix.
Cependant, à moyen et long terme, la plupart des économistes s'accordent sur la persistance d'un or cher. En effet, la demande toujours soutenue de l'Asie, la persistance de difficultés économiques et de taux d'intérêts faibles en Europe et aux Etats-Unis devraient encourager les banques centrales, surtout occidentales, et les investisseurs à continuer d'acheter le précieux métal, dont le cours fait mieux, et de loin, celui du marché des matières premières.

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