Vendredi, 28 Juin 2013 |
Où Andry Rajoelina a-t-il trouvé les financements pour la construction des trano mora, hôpitaly manara-penitra, vary mora, kianja manara-penitra et autre Stade Makis ? La question n’est pas encore d’actualité avec les sanctions qui internationales qui se profilent à l’horizon. Quoique les investigations sur ces grands projets sont très bien avancées dans certaines chancelleries, des organisations de la société civile mais aussi au sein de l’opposition, la question fondamentale qui se pose reste en effet les voies et les moyens pour le pays pour nourrir et soigner ses 22 millions d’habitants.
A la différence de 2009 où la suspension des financements internationaux a été atténuée par les projets en cours de l’Union européenne, de la Banque mondiale et de la BAD, le renforcement des sanctions sera d’autant plus ressenti que lesdits projets sont tous en fin de cycle sinon déjà fermés. Ces projets représentaient cependant des emplois et des revenus pour la population tout en renforçant un tant soit peu les réserves en devises du pays. Alors que sur le plan alimentaire pourtant, la FAO vient de lancer une alerte sérieuse sur une menace de famine dans les mois à venir. Enfin au niveau des finances publiques, les perspectives ne sont guère reluisantes sans aide extérieure et avec la grève de la TVA par les entreprises qui combinée à une baisse générale des activités va s’accompagner inévitablement d’une dégradation des droits de douanes et des impôts sur les revenus.
Comment l’Etat pourra-t-il honorer le salaire de ses 120 000 agents ? Comment faire fonctionner les hôpitaux et les dispensaires, on ne parle même pas des derniers établissements « manara-penitra » ? Comment empêcher le prix du riz à plus de 10 000 Fmg le kilo d’ici le mois de novembre ?
Ce dont on est sûr est que personne ne mobilisera un seul dollar des centaines de millions amassés depuis 2009 et placés quelque part en Asie pour échapper au contrôle du système financier conventionnel international. La piste la plus privilégiée est la reprise des exportations de bois de rose. D’ailleurs, le régime de Transition a déjà autorisé la vente de conteneurs incalculables moyennant le paiement d’une redevance de 70 millions ariary par conteneur. On ne sait pas combien cette taxe a rapporté à l’Etat, aucun rapport d’exécution du budget n’étant rendu public. L’inventaire du stock de bois coupé depuis 2011 et la dégradation de ce stock par les intempéries militent en en faveur de cette piste même si elle va favoriser irrémédiablement la reprise des coupes illicites dans les aires protégées.
L’inscription du bois de rose à l’annexe II de la Convention de Cites constitue a priori un moyen de protéger cette espèce en empêchant les exportations illicites. Mais dans un régime où on utilise le droit comme bon il semble, il ne serait pas étonnant si les dispositions de cette convention n’étaient pas justement utiliser pour exporter les stocks éparpillés dans tout le pays. D’après cette convention, « le commerce international des spécimens des espèces inscrites à l'Annexe II peut (en effet) être autorisé et doit dans ce cas être couvert par un permis d'exportation ou un certificat de réexportation. La CITES n'impose pas de permis d'importation pour ces espèces (bien qu'un permis soit nécessaire dans certains pays ayant pris des mesures plus strictes que celles prévues par la Convention). Les autorités chargées de délivrer les permis et les certificats ne devraient le faire que si certaines conditions sont remplies mais surtout si elles ont l'assurance que le commerce ne nuira pas à la survie de l'espèce dans la nature ».
Pour marquer sa souveraineté, le pays et plus précisément ses dirigeants n’auront aucun scrupule à délivrer un permis d’exportation à ceux qui le demandent et répondent à leurs exigences. Le seul facteur qui pourrait bloquer cette solution serait le refus d’Omer Beriziky d’y souscrire. En tant que ministre par interim de l’Environnement, il pourrait refuser de signer tout permis d’exportation dont son département serait le seul habilité à délivrer ce genre d’autorisation. En tant que Premier ministre, il pourrait refuser de signer le décret annulant celui du 31 mars 2010 interdisant l’exportation de bois de rose.
Ce serait donc une nouvelle bataille entre Andry Rajoelina et Omer Beriziky. Une perspective qui réjouit déjà les trafiquants de bois de rose lesquels misent justement sur une dégradation du climat politique pour liquider leurs immenses stocks. Qui plus est, ils sont encouragés et soutenus par des candidats à la présidentielle et aux législatives qui espèrent récolter les subsides indispensables à leur campagne électorale.
Loin de ces visées politiques, les techniciens de la Banque centrale et des Finances verraient d’ailleurs d’un bon œil la reprise des trafics de bois de rose, d’or et autres pierres précieuses dont les recettes ont servi à alimenter un marché parallèle de devises, d’où l’abondance des produits importés sur le marché sans que le franc malgache ait déprécié et qu’il y ait surtout une pénurie de devises. Jusqu’à quand pourrait-on cependant vivre sur ce genre de commerce parallèle ?
Toujours est-il que c’est le cadet des soucis de nos dirigeants. Même si l’euro sera à 20 000 Fmg à la fin de la crise, ils s’en foutent éperdument. Les comptes dont ils disposent en Asie sont en dollars et bien garnis. Raison pour laquelle ils ne pensent aux conséquences des sanctions internationales sur le pays.
Salomon Ravelontsalama
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Friday, June 28, 2013
Trafics de bois de rose: Reprise inévitable
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