Thursday, May 07, 2009

La France, la Lybie, les USA, et le Tchad




L'état du Tchad dans ses frontières actuelles est une création de la colonisation européenne. Ses frontières résultent de négociations entre Français, Anglais et Allemands dans les années 1880. Mais l'espace tchadien possède une histoire riche et relativement bien connue. Il est sans doute un des berceaux de l'humanité (découverte récente de « Toumaï »). Il a été le siège de trois grands royaumes sahéliens : le Kanem-Bornou, le Baguirmi et le Ouaddaï.

Considéré comme protectorat français à partir de 1900, le Tchad fut érigé en colonie en 1920 dans le cadre de l'AEF (Afrique équatoriale française). Sous l'impulsion du gouverneur Félix Eboué, il fut la première colonie française à se rallier à la France libre en 1940.

Devenu république autonome en 1958, le Tchad accéda à l'indépendance le 11 août 1960 sous la présidence de François Tombalbaye. Celui-ci dut bientôt faire face à la révolte des populations du Nord, en majorité musulmanes, ce qui l'amena à solliciter l'aide des troupes françaises en 1968.

Après l'assassinat de Tombalbaye en 1975, le pouvoir échut au général Félix Malloum, qui dut céder la place au nordiste Goukouni Oueddei à la suite de la première bataille de Ndjamena en 1979. En 1980, la seconde bataille de Ndjamena permit à Goukouni Oueddei d'évincer son rival, Hissène Habré, avec l'aide décisive des troupes libyennes.

Après l'échec d'un projet de fusion entre le Tchad et la Libye en 1981, les troupes libyennes se retirèrent dans le cadre d'un accord conclu avec le gouvernement français.

En 1982, Goukouni Oueddei fut renversé à son tour par Hissène Habré, qui dut faire appel l'année suivante aux troupes françaises pour contenir une nouvelle invasion libyenne. En 1987, une contre-offensive des forces tchadiennes contraignit finalement les troupes libyennes à évacuer le pays, à l'exception de la bande d'Aozou qui ne fut restituée au Tchad qu'en 1994.

En 1990, Hissène Habré fut chassé du pouvoir par Idriss Déby Itno, qui est en place depuis lors. Paradoxalement, ce dernier semble bénéficier aujourd'hui du soutien de la France et de la Libye, face aux divers mouvements de rébellion qui seraient plus ou moins encouragés par le Soudan voisin, en liaison avec le conflit du Darfour.

En février 2008, la rébellion tente de renverser le gouvernement d'Idriss Déby en pénétrant dans Ndjaména après une traversée du pays depuis le Soudan voisin.

En mai 2009 les combats qui opposent les rebelles tchadiens aux forces
gouvernementales, dans l'est du Tchad, auraient fait 146 morts pour la seule journée du jeudi 7 mai. Ce bilan, provisoire, a été établi par l'armée tchadienne.
Cent vingt-cinq morts ont été enregistrés parmi les rebelles et vingt et un morts parmi les militaires, a affirmé l'état-major de l'armée tchadienne dans un communiqué lu à la radio nationale.
L'armée revendique 152 prisonniers de guerre, incluant un commandant en chef et un chef d'escadron des troupes de la rébellion. Du côté des forces gouvernementales, ont été comptés 30 blessés. Plus tôt, jeudi, la rébellion et le gouvernement tchadiens avaient fait part de combats "violents" près d'Am-Deressa, au sud d'Abéché, mais aucune des parties n'avait alors fourni de bilan.

Les américains ne sont jamais loin.
Les Etats-Unis ont condamné jeudi l'incursion des rebelles tchadiens dans l'est du Tchad en provenance du Soudan, qui a conduit à des affrontements avec les forces gouvernementales dans une région où se trouvent de nombreux réfugiés.

"Les Etats-Unis condamnent les attaques menées actuellement par les rebelles tchadiens qui ont franchi la frontière depuis le Soudan", a déclaré dans un communiqué un porte-parole du département d'Etat, Robert Wood.

"Nous soutenons la sécurité, la stabilité et l'intégrité territoriale du Tchad", a-t-il ajouté.

"Nous appelons les rebelles à mettre fin à toutes leurs opérations offensives, à renoncer à la violence et à entamer des négociations avec le gouvernement du Tchad pour réintégrer la société tchadienne", ajoute le communiqué.

"Nous appelons également le gouvernement soudanais à désarmer et démobiliser tous les rebelles tchadiens présents sur son territoire (...) et à faire en sorte qu'ils retournent rapidement au Tchad", poursuit-il.

Le Soudan et le Tchad, qui s'accusent mutuellement de soutenir la rébellion de leur voisin, ont signé dimanche à Doha, au Qatar, un accord en vue d'une réconciliation, que le communiqué du département d'Etat les appelle à respecter.

Il a rappelé également que l'envoyé spécial des Etats-Unis pour le Soudan, Scott Gration, était à Khartoum et prêt à travailler avec "les parties pour mettre fin à cette 'guerre par procuration'" et aider les deux pays à normaliser leurs relations.

Entrée le 4 mai dans l'est du Tchad en provenance du Soudan voisin, l'Union des forces de la résistance (UFR), alliance des principales factions rebelles du Tchad, affirmait progresser avec pour "objectif final" N'Djamena, la capitale.

Le gouvernement a assuré avoir pris toutes les dispositions pour les contrer, et faire en sorte qu'"aucune ville de l'est" du Tchad ne tombe sous leur contrôle.

L'est du Tchad abrite des réfugiés soudanais, centrafricains et des déplacés tchadiens, auxquels de nombreuses organisations apportent une assistance humanitaire.

L'issue de la bataille, encore incertaine, devrait déterminer si l'aventure rebelle est stoppée net ou se poursuit. "Ça passe ou ça casse", affirme une source proche de la rébellion. Selon un communiqué de l'ANT, l'UFR aurait perdu 125 hommes plus 152 prisonniers.

La France, soutien traditionnel du président tchadien Idriss Déby, a condamné l'attaque rebelle. Les Etats-Unis ont appelé le Soudan à "désarmer et démobiliser tous les rebelles tchadiens présents sur son territoire"

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