Deux mécanismes jouent principalement sur la parité entre l'euro et le dollar actuellement. D'une part, même si la Banque centrale européenne a préféré choisir le statu quo au mois de septembre, il n'est pas exclu qu'elle relève les taux dans les prochains mois, ce qui maintient l'euro à un niveau élevé. D'autre part, les inquiétudes sur l'état de santé de l'économie américaine, amplifiées par la crise des crédits "subprimes", et les perspectives d'une baisse des taux de la Réserve fédérale poussent le dollar vers le bas.
Les deux records simultanés de l'euro et du cours du baril du pétrole sont par conséquent complètement distincts. Cette vigueur de l'euro et du baril va-t-elle affecter la croissance européenne ?
Dans le contexte actuel, à court terme, l'appréciation de l'euro est bénéfique pour l'économie car elle permet de juguler l'inflation importée. Elle permet en particulier de limiter les conséquences négatives du cours élevé du baril de pétrole sur les économies européennes. Pour évaluer les conséquences d'un euro fort sur la croissance européenne, il faut toutefois surtout regarder le taux de change effectif réel – par rapport à l'ensemble des monnaies des partenaires commerciaux. Or celui-ci n'a que très légèrement augmenté depuis le début de l'année. Mais si la hausse de l'euro contre le dollar persiste, on peut craindre que le taux de change effectif n'augmente de manière significative, ce qui risque de pénaliser les exportations européennes, avec pour conséquence un creusement du déficit commercial, ce qui pèse sur la croissance. Il convient toutefois de souligner que la hausse de l'euro par rapport au dollar affecte directement certaines industries européennes facturant en dollars, comme l'aéronautique, l'aérospatiale ou la pharmacie.
L'économie française va-t-elle être plus affectée que les autres économies européennes, à cause notamment de son commerce extérieur ?
Comme le poids des Etats-Unis dans les échanges avec la France est faible, l'appréciation du taux de change de l'euro contre le dollar a un impact relativement limité sur la compétitivité de nos exportations. La France est pour l'instant peu touchée, car ses échanges sont principalement intracommunautaires, avec des pays qui soit ont adopté l'euro, soit dont la monnaie est liée.
Toutefois, si l'appréciation actuelle persiste, cela risque d'affecter sans doute davantage les entreprises françaises que leurs homologues allemandes, par exemple. Les entreprises de l'Hexagone souffrent en effet d'une insuffisance structurelle de leur compétitivité coût, du fait de gains de productivité faibles et des coûts salariaux élevés.
Par conséquent, la dégradation de la compétitivité prix résultant d'un euro fort risque d'aggraver les difficultés des entreprises exportatrices françaises. Un autre scénario est envisageable si l'euro se maintenait longtemps à des niveaux plus élevés, disons vers les 1,50. Les exportations allemandes seraient touchées, et donc l'activité outre-Rhin, ce qui affecterait aussi indirectement le commerce extérieur de la France car l'Allemagne est notre premier partenaire commercial.
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