Akbaraly Razaly et Santone Jean Chrysostome ont été placés sous mandat de dépôt à la maison centrale de Marofoto Mahajanga, vendredi dernier en début de soirée. Conformément à notre article paru dans La Gazette de jeudi dernier (page 2), le premier est un opérateur ayant pignon sur rue, oeuvrant principalement dans le transport du carburant. Il est le propriétaire du bateau de moyen tonnage, M/S Noé, qui a servi à la prise de livraison de la marchandise frauduleuse mardi dernier vers 20 heures, au large de Mahajanga. Les 3 camions citernes, dans lesquels les 99 000 litres de gasoil ont été transvasés, lui appartiennent également. Quand au second, c’est le commandant du bateau qui ne peut évidemment pas se targuer d’ignorer le caractère délictueux de la transaction. Les six autres suspects, membres de l’équipage, ont été remis en liberté par le magistrat.
Le coût des 99 000 litres de gasoil saisis a été évalué à 985 050 000 fmg, prix à la pompe. Contrairement à ce qui a été suggéré ici, le gazole dans les réservoirs du bateau n’a pas été pris en compte. Sondés, les quatre en ont contenu, pour le premier, 200 litres (contenance inconnue), puis 670, 500 et 300 litres pour les autres, pour une contenance de 1000 litres de chaque. On a ainsi supposé qu’ils n’ont pas été réapprovisionnés en mer, avec le gasoil de contrebande.
Comme le tout-Majunga le sait, ce trafic illicite de carburant ne date pas d’aujourd’hui. Mais les coupables ont été de tout temps protégés par certaines autorités locales. On se souvient que, de temps à autre, une personnalité civile ou militaire s’y trouvait impliquée et était, le plus souvent, muté ailleurs. Il s’agissait alors de quelques fûts débarqués la nuit sur une plage, et escortés vers une destination plus ou moins connue. Déjà, l’acquisition du M/S Noé par Akbaraly Razaly pourrait entrer dans ce contexte. On suppose que les autorités judiciaires locales, avec la nouvelle vitalité qu’elles semblent afficher actuellement, pousseront loin leur enquête pour déterminer la provenance des milliards ayant servi à l’acquisition de ce bateau.
Selon une source proche de ce secteur, le gasoil de contrebande est acheté 4 000 fmg le litre, le règlement se faisant évidemment en devises. Il serait vendu au plus du double, le prix d’achat de 8 200 fmg le litre, qui aurait été déclaré par Razaly jeudi, pourrait être le prix de revente au gros à terre. Le prix à la pompe étant actuellement de 9 500 fmg, cela donne un joli pactole à chaque opération : 4 200 fmg multipliés par 100 000 litres donnent 420 millions de francs ! L’enrichissement illicite devient ainsi rapide et aisé, et on peut envisager d’acheter le monde et tout le monde, pourvu que l’opération puisse perdurer, ce qui a été probablement le cas jusqu’ici. Et c’est évidemment l’Etat qui est le grand perdant, ainsi que les compagnies et stations services qui paient plus en vendant moins.
D’après certains témoins, le bateau coupable arborerait un pavillon sud africain, et ses livraisons se feraient à Morondava et, évidemment, à Mahajanga. Dès l’annonce de la nouvelle, l’Office malgache des hydrocarbures (OMH) se serait réuni et aurait décidé de bannir Razaly Akbaraly de la liste de ses transporteurs attitrés.
La section des recherches criminelles ainsi que la brigade du Port ont honoré leur arme, la Gendarmerie, dans cet exploit. Gageons que la Justice saura résister aux pressions et tentations de tous genres qui vont pleuvoir sur elle, dans les jours et semaines qui viennent. Jeter un milliardaire en prison est une chose, l’y garder le temps qu’il faut en fonction du crime qu’il a commis en est une autre. C’est pourquoi, généralement, seuls les moins fortunés y restent longtemps !
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