Saturday, May 12, 2007

Les syndicats de Hewlett-Packard France se donnent jusqu'à la fin juin pour parvenir à un accord salarial

L'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC et CGT) et la direction de Hewlett-Packard (HP) ont renoué, vendredi 11 mai, le dialogue rompu il y a plus de quatre mois, pour tenter de trouver un accord sur les revendications salariales.

Les syndicats réclament notamment le versement d'une prime collective de participation aux bénéfices suspendue depuis 2001, une augmentation de 150 euros par salarié permettant de revaloriser les salaires les plus bas, ainsi qu'un rattrapage des inégalités hommes-femmes.

Fin décembre 2006, après l'échec de négociations sur les salaires, 560 salariés - sur 4 000 - réunis dans une sorte d'"action de groupe" (class action) se sont pourvus devant cinq conseils de prud'hommes - Grasse (Alpes-Maritimes), Vienne et Grenoble (Isère), Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et Longjumeau (Essonne) pour obtenir le paiement par l'entreprise d'une prime collective de participation aux bénéfices. Celle-ci, versée régulièrement entre 1962 et 2000, n'était jamais inférieure à un demi-mois de salaire. Elle avait fini par être considérée par les salariés comme un usage.

Un arrêt de la Cour de cassation datant du 14 juin 2006 a donné raison à quatre salariés, jugeant que cette prime "ne pouvait être supprimée sans une information individuelle des salariés". Un autre arrêt de la Cour est prochainement attendu pour vingt autres salariés.

"La balle est dans le camp de la direction", indique Didier Pasquini, élu SNEPIE CFE-CGC, au nom de l'intersyndicale, dont le calendrier est fixé : "Nous nous donnons jusqu'à la fin juin pour aboutir. Le temps presse. Toutes les audiences de conciliation sont terminées et, si nous ne trouvons pas d'accord, nous sommes prêts à mener la procédure jusqu'au bout."

BÉNÉFICES RECORDS

Pour justifier sa politique salariale, la direction de HP se retranche derrière l'explosion de la bulle Internet, la hausse des frais fixes et des marges en baisse.

En 2006, le groupe a affiché des bénéfices records, à 6,2 milliards de dollars (4,6 milliards d'euros) - contre 2,4 milliards en 2005 - pour un chiffre d'affaires de 91,7 milliards. Toutefois, HP ne donne aucun chiffre pour sa filiale française. "La réalité est que la politique salariale d'HP favorise les managers de l'entreprise", critiquent les syndicats, pointant le versement, en janvier, d'une prime à l'encadrement représentant plus de cinq mois de salaire alors que les salariés "se sont vu gratifier d'une montre publicitaire".

En 2005, dans le cadre d'un plan social, la filiale française avait mis en place un plan de départs volontaires portant sur 1 240 postes. Devant le tollé politico-syndical, le PDG de l'époque, Patrick Stark, l'avait réduit à 857 postes. Mais, grâce à une politique d'indemnités généreuses - comprises entre 50 000 et 400 000 euros -, HP a dû faire face à 130 départs supplémentaires.

"Aujourd'hui, l'organisation de HP nous permet d'être plus agressifs sur les prix", affirme Yves de Talhouët, PDG de HP France. Arrivé en octobre 2006, cet ancien d'Oracle avait comparé HP à l'écurie Ferrari de Formule 1 : une entreprise qui "a un peu galéré pendant un an fait des ajustements et se trouve désormais en position pour gagner".

Comparant HP France avec HP en Italie, en Allemagne ou en Angleterre, M. de Talhouët estime qu'une croissance du chiffre d'affaires de 50 % ou 100 % d'ici trois à cinq ans est possible. Ordinateurs et solutions informatiques pour les entreprises - le matériel mais aussi les outils logiciels et les fonctions de services (maintenance, externalisation...) - ont un potentiel de croissance important. Ces bonnes perspectives seront-elles suffisantes pour permettre un assouplissement de la politique salariale ? La direction juge que les discussions actuelles sont "plutôt constructives". Un calendrier de rencontre avec les syndicats devrait être fixé d'ici au 18 mai.

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