Tuesday, December 14, 2010

Ravalomanana et Andry Rajoelina hors course à la magistrature suprême.

Comme à son habitude, Leonardo Simao (envoyé spécial de la SADC) a tenu une séance de travail avec les membres du corps diplomatiques hier matin, au lendemain de son arrivée. L’homme, selon son entourage, entame cette nouvelle mission en vue de matérialiser l’accord général ou de principe, qu’il a réussi à arracher aux acteurs politiques malgaches lors de son dernier séjour à Antananarivo. Rappelons que cet accord général, évoqué par Leonardo Simao, consiste à accompagner la Grande Ile dans le processus de sortie de crise, c’est-à-dire par l’organisation des élections libres, neutres et justes, où chaque parti politique est appelé à y de participer.

Il nous a aussi révélé que l’ex-ministre mozambicain des Affaires étrangères a pris connaissance de la position partagée par la Commission de l’Océan Indien, de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), de la France et des Etats-Unis. Ces organisations et pays influents veulent, en fait, appuyer Madagascar dans l’organisation des élections, dans le dessein de rendre effective la Quatrième République.

Pour garantir la neutralité de l’administration, ces puissances occidentales veulent que le président de la Haute autorité de la Transition confirme sa déclaration du 12 mai 2010 dans laquelle il a annoncé son retrait de la course à la magistrature suprême. Mais une telle restriction à l’endroit d’Andry Rajoelina, concerne également Marc Ravalomanana. En effet, selon les dispositions de l’article 4 de l’accord Maputo, il est stipulé que l’ancien président démissionnaire doit rester hors de Madagascar jusqu’à ce que les conditions sécuritaires favorables à son retour soient réunies. En clair, M. Ravalomanana est prié de ne pas se présenter à l’élection présidentielle. Ce dispositif est assez dissuasif afin de calmer les ardeurs de l’ex-chef d’Etat… En tout cas, dans l’esprit de cet accord en question, les deux autres anciens Présidents, MM. Ratsiraka et Zafy, devraient aussi s’abstenir de postuler la magistrature suprême. De par, d’ailleurs, l’âge avancé et l’état de santé de ces derniers, à l’évidence, ne seraient plus, aux yeux de la SADC, présidentiables… En somme, cette Communauté de l’Afrique australe pour le Développement souhaite bouter hors du circuit les leaders des quatre mouvances. Ce qui n’est pas si simple. De toute façon, cela ramène le problème que traverse, depuis près de deux ans, Madagascar et toutes les solutions proposées depuis, à leur expression la plus prosaïque.

Ce n’est pas de la sorte qu’on va faire sortir l’île du creux de la vague où elle se trouve. D’ailleurs, la SADC, après les révélations de Wikileaks au sujet de Joachim Chissano (affaire de drogue) qui est le patron virtuel de la SADC, l’on s’interroge si organisation est-elle encore à même de jouer le rôle de médiateur entre les mouvances ? Hier, tard dans la nuit, quelques décideurs politiques en vue, toutes tendances confondues, nous ont fait savoir que l’Union africaine et l’ONU devraient désormais prendre le relais, car la SADC est devenue peu crédible : donc, disqualifiée. Selon des indiscrétions, M. Simao a mis de l’eau dans son vin, lors de ses premières rencontres, hier, à Tana.

Eliminer ainsi de la course présidentielle les trois chefs d’Etat est une bonne chose, cependant, mettre dans le même panier Andry Rajoelina qui commence à instaurer le changement, la rupture avec les anciennes pratiques politiques dans l’île, échappe à toute logique. Il est vrai que l’homme à des défauts, des lacunes tant sur les plans politique, économique et diplomatique, mais la communauté internationale devrait faire preuve de patience et de tolérance à son égard. Dans le cas où Andry Rajoelina s’adonnerait à la gabegie, au népotisme, à l’image de ses prédécesseurs, nous serions le premier à le faire descendre de son piédestal… Sans états d’âme.

Quoi qu’il en soit, pour rendre opérationnel le processus de sortie de crise, la communauté internationale veut appuyer la Commission électorale nationale indépendante (CENI) remanié où toutes les forces politiques sont représentées. La CENI n’est pas, apprend-on, assez représentative de toutes les tendances… Cette Commission est jugée, à tort ou à raison, quelque peu favorable au régime en place.

Notons, enfin, que Leonardo Simao a eu un tête-à-tête, hier, avec Norbert Ratsirahonana, conseiller spécial d’Andry Rajoelina. Et l’ex-ministre mozambicain rencontrera, ce jour au siège du PNUD, des membres de l’Espace de concertation des partis politiques (ESCOPOL). M. Simao va-t-il convaincre ses interlocuteurs ?

L'ONU peut elle intervenir?

L'Organisation des Nations unies (ONU) se veut discrète mais efficace. Elle décide d'apporter son appui au processus de discussions pour sortir Madagascar de la crise. Il n'est pas exclu qu'éventuellement, son implication s'intensifie.

Selon des sources concordantes, le département des affaires politiques des Nations unies désigne Peter Metcalf pour une mission à Madagascar, afin de faciliter le processus de dialogue. Il s'agit de l'ancien représentant résident par intérim du Programme des Nations unies (Pnud) et ancien coordonnateur résident par intérim du Système des Nations unies. Il avait choisi de rester dans la Grande île à la fin de sa mission.

Cette fois-ci, il a pour mandat de faciliter les échanges qui permettront de poursuivre les discussions entre les entités concernées. Pour ce faire, il appuie l'opération menée par la Communauté de développement de l'Afrique australe (Sadc) allant dans ce sens.

La décision des Nations unies semble mettre en lumière une faille dans la gestion du dossier malgache par la communauté internationale. « Les échanges par voie électronique retardent la prise de décision. La présence de Peter Metcalf devrait faciliter les échanges au niveau de la communauté internationale », concède une source au courant du dossier.

Peter Metcalf officie dans la discrétion pour s'acquitter de sa tâche. Il entre déjà en action sans se faire remarquer, avec le soutien d'autres ressources affectées à la mission. Certaines réunions des membres de la délégation de la Sadc à la Maison des Nations unies est un signe de l'engagement onusien dans le règlement de la crise malgache.

Présence onusienne

Le choix de Peter Metcalf s'expliquerait par sa connaissance du terrain et ses anciennes fonctions peuvent l'aider dans sa tâche. De même, son attachement au pays semble également entrer en ligne de compte.

Ainsi, les Nations unies restent présentes dans le processus de sortie de crise. Elles avaient dépêché Tiébilé Dramé pour rejoindre l'équipe conjointe de médiation. Cette fois-ci, elles s'impliquent dans la mission de facilitation des discussions pour une sortie de crise.

Le Pnud avait également lancé un projet d'appui à la transition avec, entre autres, comme tâche l'appui à la mission de médiation de la Coordination nationale des organisations des sociétés civiles ou Cnosc. Mais celui semble en suspens à cause du flou qui entoure le processus.

Selon une source au courant du dossier, la démarche onusienne ne signifie pas une reconnaissance internationale. Mais le cas échéant, cela ne l'empêchera pas de renforcer son engagement dans le processus. Peter Metcalf pourrait voir la création d'un bureau pour un appui logistique et technique, si les discussions pour la sortie de crise sont enclenchées. « Pourtant ce bureau n'a rien à voir avec celui annoncé par la Sadc. En fait, il épaule celui-ci », confie la même source.$

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