La Banque Malgache de l’Océan Indien (BMOI) est à vendre. Le langage est peut-être cru mais c’est la seule et unique interprétation de la masse populaire devant les fusions et acquisitions qui marquent le capitalisme financier moderne. Depuis quelques semaines, on ne parle, en tout cas, dans les milieux financiers et économiques, que du retrait du principal actionnaire BNP Paribas du capital de BMOI.
Aucune confirmation n’a pu être obtenue auprès des principaux intéressés. Même le site institutionnel de la banque « www.bmoi.mg » n’est pas disponible en signalant que « pour des raisons d’aménagement, le site www.bmoi.mg est momentanément indisponible. Nous vous prions de nous excuser de ce désagrément et vous remercions de votre compréhension », l’autre site réservé aux actions purement commerciales (www.bmoinet.net) continuant pourtant de fonctionner à merveille.
Inutile donc d’approcher les dirigeants de la BMOI pour un sujet aussi sensible quand on sait que, d’après la société de communication à qui cette ban que confie ses annonces et publicités, un grand patron de la banque ne nous porte pas dans son cœur pour ne pas dire nous haït tout simplement.
La BMOI est effectivement à vendre, continuent pourtant de signaler des confidences en haut lieu. Même des sources de l’extérieur indiquent l’existence de négociations pour le rachat de la BMOI.
Ainsi, on laisse entendre que la BGFI (Banque gabonaise et française internationale) figure parmi les repreneurs de la BMOI. Cette banque vient de s’installer à Madagascar et les ambitions au niveau africain sont clairement affichées en s’installant en RDC après le Gabon évidemment (et la France), le Congo, la Guinée, le Bénin… Les milieux informés estiment d’ailleurs que la BGFI est en pôle position pour reprendre les actions de BNP Paribas dans BMOI.
Si la BMOI est à vendre, on se demande pourquoi BNP Paribas veut se défaire d’un joyau. Le groupe bancaire français qui s’avère être la première banque du monde, est en effet, largement majoritaire dans BMOI. Celle qui est la première banque privée de Madagascar après la nationalisation de 1975 et l’ajustement structurel de la politique économique dans les années 80 avec l’adoption d’une nouvelle loi bancaire. C’est sous le couvert de cette loi que la BMOI a été créée en 1989 avec des capitaux privés. Il y eut une souscription publique, pour amuser peut-être la galerie mais qui a connu quand même un certain succès populaire. Mais la participation malgache reste faible malgré l’apport conséquent des capitalistes nationaux dont la famille Andriantsitohaina. La plus grosse part estt donc assurée par BNP (Banque nationale de Paris avant sa fusion avec un autre groupe en 2000 pour devenir BNP Paribas) qui signe ainsi son retour dans le pays.
La BNP est en effet l’actionnaire majoritaire des principales banques créées en Afrique francophone au lendemain de l’indépendance. C’est ainsi qu’a été créée à Madagascar, entre autres, la BNCI (banque nationale pour le commerce et l’industrie). Lors de la nationalisation de 1975, le DG de la BNCI était Gaston Ramenason. Pour se conformer aux exigences de la nouvelle loi bancaire qui stipulait la présence d’une personnalité nationale reconnue pour sa compétence, ce dernier fut choisi par BNP pour devenir président de BMOI. Tout un symbole pour marquer le retour de BNP.
Aujourd’hui, le groupe se désengage. L’absence d’une quelconque communication en la matière est tout à fait compréhensible compte tenu de l’obligation de discrétion. La différence ici et dans les pays occidentaux est qu’aucune bourse de valeurs n’existe et que les sociétés ne sont donc obligées de publier leurs états financiers. Chez nous, les banques publient quand même leur bilan mais généralement 6 mois après la fin de l’exercice. Il n’y aucune tradition de publier des comptes trimestriels.
Il n’empêche, la BMOI sera affectée par un manque de communication. Car pour le commun des mortels, une entreprise qui vend ses actions est considérée comme moribonde. Dans le cas présent, ce n’est pas du tout le cas. En dépit des affinités politiques de ses principaux dirigeants, la banque reste, en effet, parmi les seules entreprises à engranger des bénéfices. Avec près de 10 millions d’euros de bénéfice net, la BMOI figure même parmi les meilleures banques du pays et du continent en termes de rentabilité.
Compte tenu de ces réalités,la banque et sa maison-mère BNP Paribas auraient pu s’organiser autrement pour s’offrir la meilleure proposition tant financière qu’opérationnelle pour le vendeur, l’acheteur et surtout le public. Pourquoi n’avoir pas par exemple médiatisé dans un souci de transparence et dans l’objectif également de rassurer les actionnaires, la vente de BNP Paribas Mauritanie qui a été officialisée, la semaine dernière ?
1 comment:
C'est normal si les négociations sur la cession d'une entreprise non cotée restent confidentielles.
On sait maintenant qu'en plus de la BGFI, la BRED (qui fait partie du Groupe BPCE, 2è groupe bancaire français) est candidate à la reprise de la BMOI.
D'après la presse malgache, elle a la préférence des salariés et des actionnaires minoritaires malgaches car c'est une grande banque européenne, solide et rentable. En plus, elle a l'expérience de pays en voie de développement et elle est présente déjà dans l'Océan Indien (La Réunion, Mayotte, Djibouti). Elle a racheté il y quelques années l'ancienne filiale de BNP Paribas à Djibouti. Et depuis cette filiale non seulement a amélioré ses performances mais a contribué de manière significative au développement de l'économie de Djibouti. Et c'est ce qu'on peut attendre de la BRED à Madagascar. Alors que la BGFI n'a pas du tout d'expérience internationale ni les compétences ni encore moins la solidité de la BRED. Nous salariés, on préfère la BRED mais est-ce que notre avis compte ?
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