Après plusieurs jours d'incertitude, d'accusations et de déclarations véhémentes,Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance de 1980, a été officiellement déclaré vainqueur de l'élection présidentielle avec 61 % des voix dès le premier tour, selon la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC). Il obtient un nouveau mandat de 5 ans.
Son parti, l'Union nationale africaine du Zimbabwe, Front patriotique (ZANU-PF), qui s'était déjà auto-proclamé vainqueur, remporte lui aussi les élections législatives, obtenant la majorité qualifiée des deux tiers à l'Assemblée avec 158 sièges sur
BOYCOTT DE L'OPPOSITION
Candidat malheureux au scrutin et premier ministre sortant, Morgan Tsvangirai, obtient officiellement 34 % des voix. Avant même l'annonce des résultats, il avait dénoncé, samedi, des élections "illégales" en raison des fraudes et assuré qu'il contestera le résultat en justice. "Nous ne participerons pas aux institutions du gouvernement", avait-t-il lancé à l'issue d'une réunion de crise des instances dirigeantes de son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
M. Tsvangirai, qui était premier ministre dans le cadre d'un gouvernement d'union depuis 2009, estime que le pays est désormais plongé dans une nouvelle crise institutionnelle. Il a appelé la population a ne pas coopérer avec le parti de Robert Mugabe. Les réactions internationales commencent également à tomber pour dénoncer des irrégularités ayant entaché le scrutin.
LES RÉSULTATS NE SONT PAS "CRÉDIBLES"
Les résultats des élections au Zimbabwe ne sont pas "crédibles", a ainsi accusé samedi le secrétaire d'état américain John Kerry, évoquant "d'importantes irrégularités". L'Union européenne s'est dite "inquiète des irrégularités présumées et de la participation incomplète, ainsi que des faiblesses identifiées dans le processus électoral et le manque de transparence".
A Londres, le Foreign Office a estimé que "les irrégularités avant les élections et le jour même du scrutin, dont ont fait état les missions d'observateurs, et en contradiction avec les recommandations de la SADC [Communauté de développement d'Afrique australe], mettaient sérieusement en question la crédibilité de l'élection".
8,7 MILLIONS DE BULLETINS POUR 6,4 MILLIONS D'INSCRITS
Le groupe des observateurs de l'Union africaine, emmené par l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, avait pris le soin après la journée de vote de mercredi de faire la différence entre le déroulement du scrutin, qui avait eu lieu dans le calme, et celui des opérations de dépouillement, sur lequel il y a des interrogations. Vendredi, la délégation a réaffirmé que les élections s'étaient déroulées de manière "libre, crédible et transparente", en contradiction avec certaines de ses déclarations aux journalistes présents sur place, à Harare.
Ils ont toutefois remarqué, par exemple, que 37 % environ de bulletins supplémentaires ont été imprimés (8,7 millions pour 6,4 millions d'inscrits). L'organisation a aussi noté qu'un grand nombre d'électeurs n'avaient pu voter, leur nom ayant disparu des listes, ce dont ont pu témoigner également les rares journalistes étrangers accrédités (faute d'accréditation, les journalistes arrivant au Zimbabwe sont généralement arrêtés et expulsés), ainsi que de noms figurant, à l'inverse, plusieurs fois sur les listes.
Un très important dispositif des forces de sécurité (sous contrôle de la ZANU-PF) a été déployé depuis longtemps dans tout le pays pour parer à toute velléité du parti de Morgan Tsvangirai de descendre dans la rue pour protester.
Source Le Monde du 3 Aout 2013
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