Samedi 14 juillet 2012 |
Désolé, on sera triplement désolé si vous ne prenez pas
votre responsabilité. Ainsi conclut une lettre du BSP (Bataillon de
sécurité de la primature) qui est destinée au Premier ministre.
« Il le trouvera sur son bureau demain matin ‘ce jour », nous promet
les deux éléments qui ont remis à la rédaction cette lettre.
Quoique
sous forme de tract, le document ne confirme pas moins les rumeurs qui
circulent dans le milieu politique depuis quelques jours : l’existence
de détournements au sein du BSP. La lettre alerte notamment le Premier
ministre sur les faits. On cite, entre autres, « le gonflement de la
liste des ayant droit aux primes liées à la fonction, la mauvaise
qualité des repas servis aux soldats alors que les factures sont
énormes, le paiement de la PGA (prime générale d’alimentation) selon le
bon gré du responsable, l’utilisation du crédit de téléphone et des
chèques de carburant d’un montant total de 100 millions Ar au seul
bénéfice du gestionnaire de crédit ».
D’après
nos investigations, les récriminations des membres du bataillon portent
surtout sur leurs primes. Outre la sécurité propre de la primature, ce
bataillon est en charge de la sécurité des hautes personnalités du pays
et de ses invités de marque. Pour cela, ils perçoivent une prime
mensuelle variable suivant le grade. Ainsi, un soldat touche 1 million
de francs tandis qu’un colonel perçoit deux fois plus.
La
lettre dénonce donc une liste fictive, des militaires fantômes à
travers lesquels le responsable se fait une fortune très conséquente.
Résultat : de fortes rumeurs circulent à Mahazoarivo que le budget
alloué aux primes serait épuisé en octobre prochain. En novembre et
décembre, aucune prime ne serait donc plus distribuée. Or, l’année
dernière, c’était déjà exactement le cas. C’est d’ailleurs à la suite du
mécontentement dans les rangs qu’un audit a été diligenté. D’après nos
sources, les résultats de l’audit ont été ficelés depuis février
dernier.
Apparemment,
les membres du bataillon sont au courant du rapport d’inspection pour
s’étonner que le Premier ministre n’a encore pris aucune mesure jusqu’à
présent. « Bien au contraire, indiquent-ils, on a limogé un innocent qui
n’a pas été promu colonel alors que le responsable a reçu son grade de
colonel ».D’après nos sources, celui qu’on accuse de détournement est le
directeur de sécurité à la Primature et l’officier limogé est son
adjoint qui est le commandant de bataillon.
Bref,
le bataillon invite le locataire de Mahazoarivo de prendre les mesures
qui s’imposent. « Nous sommes prêts à vous soutenir jusqu’au bout dans
la justice et l’équité. Sinon, désolés, triplement désolés car nous
allons prendre nos responsabilités et ne pouvions pas être tenus responsable
de ce qui se passera ». Si ce n’est une menace au Premier ministre,
c’est tout comme.
Aucun
ultimatum n’a été donné et on ne peut imaginer ce qui se passera
effectivement si la menace vient à exécution. En attendant, cette
affaire ne fera que renforcer l’image d’Omer Beriziky, celle d’un homme
mou qui n’ose prendre les décisions qui s’imposent.
Face
à la grève des ministres de M. Ravalomanana, on ne l’a jamais entendu
frapper sur la table. Peut-être veut-il être bien vu par tout le monde
dans la perspective d’une éventuelle carrière politique à l’avenir, mais
le résultat est là : il n’y a qu’à Madagascar qu’on trouve des
ministres qui font la grève pendant des mois, ne réagissent que pour
protéger des intérêts et continuent de vivre royalement sur le dos d’une
population démunie. Pire : puisque le Premier ministre ne veut pas
assurer l’intérim ou affecter ce rôle à un autre ministre, Joseph
Randriamarisoa continue d’être le ministre des Eaux et Forêts en dépit
de son limogeage. Son équipe continue ainsi de distribuer des permis
pour couper et ramasser les bois de rose supposés déracinés par le
dernier cyclone. Si son attitude n’est pas complice, comment peut-on le
qualifier.
Dans
cette affaire de détournement au BSP, nos sources indiquent que le
limogeage de l’accusé aurait été déjà décidé en conseil des ministres.
Le décret serait cependant en souffrance au niveau du Secrétaire général
de la Présidence. S’agit-il d’une lenteur administrative ou d’une
super-protection ? Les petits soldats ne veulent rien savoir. Dès la fin
de l’audit et la remise des rapports, Omer Beriziky avait le pouvoir de
suspendre le concerné. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?
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Friday, July 13, 2012
Détournement à Mahazoarivo: Menace des militaires au Premier ministre
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