Thursday, July 19, 2012

Ariary: Une dépréciation qui couve


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Vendredi 20 juillet 2012
Sur le MID du 18 juillet 2011 au 18 juillet 2012, l’on note une dépréciation de 0,91% de l’Ariary par rapport à l’euro. Le taux de change passe ainsi de 2776,12 Ariary à 2801,49 Ariary.
Au regard du dollar, cette dépréciation est de 15,5%. Le rapport étant de 1977,64 Ariary pour un dollar le 18 juillet 2011, et de 2285,24 Ariary le 18 juillet 2012.
Dans cette conjoncture, il importe de rappeler qu’en théorie, la dépréciation d'une monnaie correspond à une baisse de son taux de change vis-à-vis d'une ou de plusieurs autres monnaies. Dans le pays, généralement, les devises pivots sont l’euro, et le dollar américain. Plus, et de l’avis des analystes, la dépréciation de l’Ariary devait rendre les exportations de Madagascar plus compétitives, c'est-à-dire moins chères sur les marchés internationaux. En revanche, le prix des importations augmente.
Bref,  notent toujours les spécialistes, dans cette dépréciation de l’Ariary, la valeur des importations augmente car celles-ci coûtent plus cher et les agents ne réduisent pas immédiatement leurs achats de produits étrangers. De même, les exportations, dont le volume ne s'accroît pas aussitôt, rapportent moins de devises (leurs prix ont en effet diminué). C'est seulement dans un deuxième temps que le solde des échanges s'améliore, avec l'augmentation du volume des exportations (quantités de biens exportés).
Aussi,  va-t-on observer dans le pays  un effet important et néfaste de cette dévaluation de l’Ariary. Celle-ci va favoriser l'inflation. Avec  l'incompressibilité de certaines importations, si nécessaires que leur  demande ne diminue pas alors que leurs prix augmentent après une  dévaluation (énergie, matières premières, machines etc…), se produit un  accroissement des prix intérieurs (inflation importée). Les coûts de  production des entreprises s'élèvent alors, ce qui contribue à l'augmentation générale des prix et annule les effets bénéfiques de la dévaluation. En outre, il est commenté que cette dévaluation a été la diminution de transaction monétaire, l’insuffisance de devises entrant à Madagascar due à la crise politique dans le pays et à la coupure de financement international. Le tout avec en toile de fond, la limitation auprès des banques des offres de devises demandées par les agents économiques.
Concernant, justement,  l’inflation, les données de l’Instat mentionnent que l’indice des prix à la consommation a augmenté de +0,1%  entre avril et mai 2012. Les variations enregistrées ont été négatives pour Mahajanga, Fianarantsoa et Antananarivo, entre -0,3% et -0,1%, alors que la hausse a été de +1,0% à Antsirabe. Sur la période de décembre 2011 à mai 2012, c’est-à-dire depuis le début de l'année, l’IPC a varié de +2,8%. En termes de glissement annuel (mai 2012 rapporté à mai 2011), la hausse est de +6,5%.
Dans ce cadre, les informations publiées par Perspectives économiques en Afrique font état qu’en variation annuelle, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 9.5 % en 2011. La hausse des prix a été plus importante pour les produits locaux (+7.5 %), que les produits importés (+5.5 %) et les produits semi-importés (+3.4 %). Le prix des produits alimentaires a augmenté d’environ 9 % en 2011, dont 9.7 %, pour le riz, contraignant le gouvernement à en importer pour résorber le déficit d’offre. L’inflation attribuée aux produits énergétiques a atteint 7.8 %, reflétant l’évolution du prix du brut sur le marché mondial.
Pour 2012 et 2013, les autorités malgaches comptent poursuivre la mise en œuvre de politiques budgétaire et monétaire prudentes, ce qui devrait permettre de ramener l’inflation à respectivement 8.3 % et 8.2 %. Avec tous ces éléments d’appréciation, il est loisible de dire que le pays fait face à une dévaluation qui couve. Pour le moment, elle est à l’état latent. Mais avec la conjoncture difficile actuelle, elle est prête à se propager, comme une maladie.

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