Rares sont les voyageurs à afficher un sourire au sortir de l’aéroport international d’Ivato.
Tout simplement parce qu’au terme d’un long voyage, les passagers
sont soumis à un véritable cure d’énervement à leur débarquement.
Alors
qu’au contraire de la période socialiste durant laquelle tout aéronef
en provenance de l’étranger doit subir un long contrôle avant de faire
débarquer ses passagers, la sortie des passagers se fait aujourd’hui
assez rapidement. Par contre, le traitement au sol tend à rappeler le
temps du très redouté DGIDE.
La
cure commence dès les formalités de police. Les queues se forment comme
dans tous les aéroports du monde. Sauf qu’à Ivato, elles ne bougent
guère parce qu’il y a des passagers qui ne font pas la queue. Ils sont
emmenés par des policiers ou des gens portant des badges qui se chargent
de leurs formalités de police. On ne sait pas comment ces gens font
pour obtenir ce privilège inestimable après 11 heures de vol. Histoire
de contenir sa colère, le petit malin se dit qu’il n’a pas un billet de
25 000 Fmg à donner car le peu d’argent malgache qu’il avait en poche
lui a été gentiment soustrait sous prétexte qu’il est interdit d’amener
de l’argent malgache à l’étranger. La valeur maximale légale pouvant
être détenue pour tout voyage à l’extérieur est pourtant de 2 millions
Fmg. Mais aucune affiche ne le dit au sein de l’aéroport, du moins
aucune n’est visible. C’est pareil pour les devises étrangères et les
bijoux.
L’énervement s’amplifie
devant le tapis des bagages long d’une quarantaine de mètres pour un
avion de 280 personnes. On se bouscule. On court pour récupérer ses
bagages. Avec ses taxes qui ne sont pas données, l’Adema n’est pas
fichue d’agrandir au moins cette partie importante de l’aéroport. Sans
doute, son équipe de football est plus importante que le confort des
passagers.
Au bout d’une heure,
on s’achemine enfin vers la sortie. On lit les indications. On emprunte
le couloir vert parce qu’on pense n’avoir rien à déclarer contrairement à
certains passagers dont les valises sont pleines de postes
téléphoniques, de caméras, de note-book… Mais qu’on prenne le couloir
vert ou le couloir rouge, les bagages sont systématiquement fouillés. On
ne souvient pourtant de la forte médiatisation faite par le ministre
des Finances d’alors, José Raserijaona, quand il avait décidé
d’instituer le couloir vert dans la foulée de l’abolition du visa de
sortie et de la fouille corporelle des passagers par les agents de la
DGIDE. Mais depuis, les couleurs ne veulent rien dire. Comme si les
voyageurs étaient tous des daltoniens. Aucun ministre des Finances ni
aucun directeur des douanes ne s’est soucié de cet état. Cela ne les
concerne pas ni leurs parents et ni leurs connaissances.
Après
la fouille, ne pensez surtout pas que c’est la fin du voyage. Car à
peine quelques mètres plus loin, un policier vous demande encore votre
passeport. C’est la troisième fois qu’on vous le demande. D’après des
témoignages que nous n’avons pas pu recouper, un quatrième contrôle est
possible au parking ou sur la route d’Ambohibao. En effet,
il semblerait que des douaniers dits volants vous contrôlent après la
sortie de la zone internationale.
Le
conditionnel est de rigueur même si au regard de ce qu’on subit au
départ pour un voyage à l’extérieur, on a tendance à le croire. En
effet, la propension des agents affectés à Ivato au contrôle existe
aussi au départ. Et gare à celui ou celle qui détient 100 malheureux
euros non achetés auprès des banques ou des bureaux de change. Car alors
qu’à l’arrivée, aucune déclaration de devises n’est obligatoire
en-dessous de 7500 euros, rien n’interdit non plus la détention de
devises chez soi et donc, personne ne peut normalement demander
l’origine des devises en votre possession. Mais le dernier douanier
au-delà du guichet de la Police aux frontières, c’est-à-dire, en zone
internationale se permet toujours de vous interpeller. Et parfois, il
pose des questions comme « qu’est-ce que vous allez faire là-bas ? » pas
sur le ton de la curiosité mais à la façon d’un enquêteur. Seule votre
bonne éducation vous retient de lui adresser un bras d’honneur.
On
raconte toutes ces choses-là parce que les pratiques à Ivato ne sont
pas vraiment pour favoriser le tourisme qui est jusqu’à présent, le seul
secteur porteur du pays et son avenir. Même les nationaux qui sont
habitués, sont extrêmement furieux au sortir de l’aéroport où après deux
heures d’ambiance analogue à celle existante dans les états policiers,
l’Adema vous soumet encore à une demi-heure d’embouteillage devant les 2
petits guichets de paiement des frais de parking dont la capacité de
300 voitures est pleine à chaque départ et à chaque arrivée de long
courrier. Quand l’aéroport d’Ivato sera-t-il vraiment international au niveau du traitement des passagers ?
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