Tuesday, July 10, 2012

Aéroport d’Ivato: Porte fermée aux touristes



Mardi, 10 Juillet 2012
Rares sont les voyageurs à afficher un sourire au sortir de l’aéroport international d’Ivato. Tout simplement parce qu’au terme d’un long voyage, les passagers sont soumis à un véritable cure d’énervement à leur débarquement.
Alors qu’au contraire de la période socialiste durant laquelle tout aéronef en provenance de l’étranger doit subir un long contrôle avant de faire débarquer ses passagers, la sortie des passagers se fait aujourd’hui assez rapidement. Par contre, le traitement au sol tend à rappeler le temps du très redouté DGIDE.
La cure commence dès les formalités de police. Les queues se forment comme dans tous les aéroports du monde. Sauf qu’à Ivato, elles ne bougent guère parce qu’il y a des passagers qui ne font pas la queue. Ils sont emmenés par des policiers ou des gens portant des badges qui se chargent de leurs formalités de police. On ne sait pas comment ces gens font pour obtenir ce privilège inestimable après 11 heures de vol. Histoire de contenir sa colère, le petit malin se dit qu’il n’a pas un billet de 25 000 Fmg à donner car le peu d’argent malgache qu’il avait en poche lui a été gentiment soustrait sous prétexte qu’il est interdit d’amener de l’argent malgache à l’étranger. La valeur maximale légale pouvant être détenue pour tout voyage à l’extérieur est pourtant de 2 millions Fmg. Mais aucune affiche ne le dit au sein de l’aéroport, du moins aucune n’est visible. C’est pareil pour les devises étrangères et les bijoux.
L’énervement s’amplifie devant le tapis des bagages long d’une quarantaine de mètres pour un avion de 280 personnes. On se bouscule. On court pour récupérer ses bagages. Avec ses taxes qui ne sont pas données, l’Adema n’est pas fichue d’agrandir au moins cette partie importante de l’aéroport. Sans doute, son équipe de football est plus importante que le confort des passagers.
Au bout d’une heure, on s’achemine enfin vers la sortie. On lit les indications. On emprunte le couloir vert parce qu’on pense n’avoir rien à déclarer contrairement à certains passagers dont les valises sont pleines de postes téléphoniques, de caméras, de note-book… Mais qu’on prenne le couloir vert ou le couloir rouge, les bagages sont systématiquement fouillés. On ne souvient pourtant de la forte médiatisation faite par le ministre des Finances d’alors, José Raserijaona, quand il avait décidé d’instituer le couloir vert dans la foulée de l’abolition du visa de sortie et de la fouille corporelle des passagers par les agents de la DGIDE. Mais depuis, les couleurs ne veulent rien dire. Comme si les voyageurs étaient tous des daltoniens. Aucun ministre des Finances ni aucun directeur des douanes ne s’est soucié de cet état. Cela ne les concerne pas ni leurs parents et ni leurs connaissances.
Après la fouille, ne pensez surtout pas que c’est la fin du voyage. Car à peine quelques mètres plus loin, un policier vous demande encore votre passeport. C’est la troisième fois qu’on vous le demande. D’après des témoignages que nous n’avons pas pu recouper, un quatrième contrôle est possible au parking ou sur la  route d’Ambohibao. En effet, il semblerait que des douaniers dits volants vous contrôlent après la sortie de la zone internationale.
Le conditionnel est de rigueur même si au regard de ce qu’on subit au départ pour un voyage à l’extérieur, on a tendance à le croire. En effet, la propension des agents affectés à Ivato au contrôle existe aussi au départ. Et gare à celui ou celle qui détient 100 malheureux euros non achetés auprès des banques ou des bureaux de change. Car alors qu’à l’arrivée, aucune déclaration de devises n’est obligatoire en-dessous de 7500 euros, rien n’interdit non plus la détention de devises chez soi et donc, personne ne peut normalement demander l’origine des devises en votre possession. Mais le dernier douanier au-delà du guichet de la Police aux frontières, c’est-à-dire, en zone internationale se permet toujours de vous interpeller. Et parfois, il pose des questions comme « qu’est-ce que vous allez faire là-bas ? » pas sur le ton de la curiosité mais à la façon d’un enquêteur. Seule votre bonne éducation vous retient de lui adresser un bras d’honneur.
On raconte toutes ces choses-là parce que les pratiques à Ivato ne sont pas vraiment pour favoriser le tourisme qui est jusqu’à présent, le seul secteur porteur du pays et son avenir. Même les nationaux qui sont habitués, sont extrêmement furieux au sortir de l’aéroport où après deux heures d’ambiance analogue à celle existante dans les états policiers, l’Adema vous soumet encore à une demi-heure d’embouteillage devant les 2 petits guichets de paiement des frais de parking dont la capacité de 300 voitures est pleine à chaque départ et à chaque arrivée de long courrier. Quand  l’aéroport d’Ivato sera-t-il vraiment international au niveau du traitement des passagers ?

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