Alors
que les autorités se sont félicitées de la signature du nouvel accord
de pêche avec l’Union européenne (UE), des chercheurs dénoncent des
contreparties financières très infimes par rapport à ce qu’il devait
être.
« L’'Union européenne paie moins
que ce qu'il avait fait, il y a deux décennies, tout en pêchant plus de
poissons », rapporte notamment le site spécialisé « The Fish Site » en
rapportant les résultats de recherche de l’université canadienne
University of Bristish Columbia.
Composée de
chercheurs issus de Madagascar, de l’Union européenne, du Canada et de
la Banque mondiale, l’équipe constate que « depuis 1986, les quotas de
l'UE pour la capture du poisson dans les eaux de Madagascar ont augmenté
de 30 pour cent, tandis que ses frais d'accès ont diminué de 20 pour
cent. En conséquence, le revenu annuel total pour Madagascar a diminué
de près de 90 pour cent entre 1986 et 2010 ».
Des
propositions seront proposées cette semaine dans la revue « Marine
Policy » mais d’ores et déjà, l’auteur principal de l’étude, Frédéric Le
Manach, estime que «les droits d'accès devraient être fondées sur la
valeur marchande des poissons, et non sur un taux fixe». Actuellement,
indique-t-on, les pays de l’Union européenne paient des droits
équivalent à moins de 3 % de la valeur des captures avec une flotte
fortement subventionnée créant ainsi des marges bénéficiaires élevées
pour les entreprises privées alors que l’UE s’était engagée à canaliser
le retour de ces bénéfices au pays. "L'UE est en train de
profiter injustement des ressources de l'un des pays les plus pauvres du
monde," ajoute ainsi un des co-auteurs de l’étude, Rashid Sumaila.
Un
autre membre de l’équipe estime, pour sa part, que la fixation des
droits de pêche à 50 % du revenu brut est parfaitement possible. Cela
permettra à Madagascar d’escompter 8,7 millions d’euros par an.
Simple
coïncidence ou réaction à l’autosatisfaction européenne d’avoir
renouvelé le gros lot, la publication de l’étude de l’université
canadienne intervient le lendemain de la rencontre du Premier ministre
Beriziky avec la commissaire européenne chargée de la pêche, Maria
Damanaki, qui s’est réjouie de la signature récente de l’accord. Et pour
cause !
Cette vente au rabais de nos
richesses thonières qui, d’après un autre membre de l’équipe, « soulève
de profondes questions éthiques auxquelles l’UE doit faire face », sera
certainement tempérée par Omer Beriziky lui-même qui au retour de son
voyage à Bruxelles, rappellera le but de son voyage, à savoir la reprise
du dialogue politique en vue de la mise à disposition des 600 millions
d’euros du 10 ème FED et, du déblocage immédiat des 100 millions d’euros
promis à la suite de la signature de la feuille.
Il
est vrai que l’Union européenne est le premier bailleur de fonds de
Madagascar avec cette particularité inestimable : tous les financements
accordés sont des subventions c’est-à-dire des dons non remboursables.
Les seuls crédits européens à rembourser sont ceux de la Banque
européenne d’investissements qui alloue des lignes de crédits pour des
projets comme celui d’Ambatovy, par exemple.
Certes,
la pêche thonière au nord de Madagascar a également des effets induits
importants à travers le carénage des bateaux à la Secren ou la mise sur
le marché local des thons hors normes.
Il
n’empêche qu’on ne peut que s’aligner sur l’étude de l’équipe
internationale de chercheurs. Car en matière d’exploitation des
ressources d’un pays, il y a quand même un minimum à respecter à savoir
la jouissance d’une partie importante des profits par la population
locale. Or, ce ne serait pas le cas. Et, c’est vrai pour la pêche mais
ce l’est aussi pour les ressources minières.
On
ne peut, en effet, s’empêcher de faire le parallèle entre le 1,5
million d’euros de redevances pour les 13 000 tonnes de thons pêchés
annuellement par les 96 bateaux français, espagnols et portugais dans
nos eaux territoriales avec les 2 % de redevance fixées par l’Etat pour
les sables ilménites, cobalt et nickel sortis de nos terres. Cela est
d’abord la faute de nos dirigeants qui ont littéralement offert nos
ressources naturelles aux étrangers. Que restera-t-il pour nos
générations futures après cette grande braderie ?
|
No comments:
Post a Comment