Sunday, July 15, 2012

Sud de Madagascar: Epouse de Remenabila : une véritable… anomalie





Lundi, 16 Juillet 2012

Pour la seconde fois, la mort de l'épouse de Remenabila est citée dans un communiqué du conseil des ministres. Elle aurait été abattue lors d'un accrochage entre " dahalo " et forces de l'ordre. En fait, la mort d'une femme dans les opérations de répression dans le Sud est une anomalie. En premier lieu, car le phénomène " dahalo " est une affaire d'hommes, ceux-ci n'emmenant pas leurs femmes quand ils attaquent ou quand ils sont pourchassés. En second lieu, car dans le Sud, les femmes ne sont pas des meneuses qui vont au devant des gendarmes en brandissant fusil et drapeau. Au contraire, ce sont des êtres discrets, modestes et dociles. Une scène courante sur les routes du Sud : les hommes sont devant, les mains dans les poches, alors que leurs femmes sont derrière, chargées comme des bêtes…
On craint que, découverte cachée dans quelque village, l'épouse de Remenabila n'ait été abattue. Et ce pour apaiser une opinion qui réclame des résultats dans la traque de Remenabila. Ou pour faire reluire l'image d'une armée qui peine à mettre la main sur un paysan presque inculte qui a abattu douze gendarmes…
Il est à craindre que la répression ne connaisse des dérapages dus à la fureur des poursuivants après la mort des gendarmes, ou au dépit face à un adversaire insaisissable. Ce qui expliquerait la fuite éperdue de ces populations entières aux environs d'Esira. Car suite aux rumeurs de répression musclée (pas de fumée sans feu), les villageois apeurés fuient et tâchent de gagner les villes ou gros bourgs. On parle d'ailleurs de 17 villages incendiés (15 dans le secteur d'Esira et deux autour de Bezaha), vraisemblablement des hameaux abandonnés par leurs occupants effrayés, et que les troupes assimilent à des repaires de "dahalo"… Incendier un village, c'est priver de toits de pauvres hères, les jeter sur les routes et amplifier leur misère. Beaucoup de bavures certainement dans l'action de répression dans le Sud.
En tout cas, la hiérarchie de l'armée et de la gendarmerie devraient donner aux troupes des consignes de modération dans leur action. La traque d'un bandit dangereux n'excuse pas les excès et les exactions. Signalons que pour des raisons stratégiques, les journalistes et cameramen ne sont pas autorisés à suivre les troupes dans leur progression.

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