Saturday, November 05, 2011

A quoi ressemble l’au-delà ?

Pour les scientifiques les plus optimistes, la vie ne s’arrête pas au cimetière. Une autre vie attend les âmes des défunts ailleurs. (Photo Ludovic Laï-Yu)



Y’a-t-il une vie après la mort ?
Partout dans le monde, des personnes réanimées après avoir été déclarées cliniquement mortes, rapportent des récits de leur passage dans l’au-delà pour le moins troublants. S’il ne fait aucun doute pour les différentes communautés religieuses qu’il existe un après, le monde scientifique, lui, est divisé.

Comme tous les ans, à la Toussaint, la Réunion entière a rendu hommage à ses proches disparus. En famille, on est venu se recueillir et prier sur la tombe des êtres chers qui ont quitté cette Terre. Mais pour aller où ? Toutes les religions parlent d’une vie après la mort, d’un endroit où les âmes se retrouveraient une fois débarrassées de leur enveloppe charnelle. Pour autant, on ne sait rien de cette grande Inconnue qu’est la Mort. “Toutes les populations n’ont pas le même rapport avec la mort, commente le père Glénac, curé de la paroisse de Sainte-Marie. Au Mexique, par exemple, on expose des squelettes et des têtes de mort partout, comme pour s’obliger à se familiariser avec elle.

À la Réunion, les morts et les esprits nous inspirent du respect, mais aussi une certaine crainte… On a peur que l’âme du défunt nous tourmente, alors on fait des messes, on prie…” Paradoxalement, les chrétiens auraient du mal à croire en une vie après la mort. “D’après un sondage réalisé en métropole, près de 20% des fidèles vont à l’église sans croire en la résurrection, poursuit le père Glénac. La foi, c’est croire en l’impossible, en un Dieu que l’on ne voit pas. Mais pour beaucoup, cette idée d’une autre vie est difficile à concevoir”.

Réincarnation

La foi, néanmoins, se renforce avec l’approche de sa propre mort… “Parce qu’ils n’y croient pas, ou simplement par orgueil, certains malades refusent de faire venir un prêtre à leur chevet, confie le père Glénac. Mais dès qu’ils sentent leur dernière heure arriver, ils changent d’avis et nous réclament à leurs côtés”. Pour la communauté tamoule, les morts ne rejoignent pas définitivement l’au-delà. Ils nous accompagnent au quotidien.“Les morts sont très présents dans la vie des vivants, assure Siva François Seriacaroupin, prêtre tamoul à Saint-André. Au réveil, le matin, nous vénérons nos parents disparus par des prières. Et tout au long de la journée, nous nous adressons à eux en pensée, comme s’ils étaient à nos côtés. On leur demande de nous venir en aide et de nous protéger. En fait, on prie les défunts comme on prie Dieu, car ils sont nos messagers auprès de lui”. Chez les Tamouls, l’année suivant les rites consacrés à sa disparition, le défunt peut se réincarner. “Au sein même de sa descendance”, précise Siva François Seriacaroupin.

Ce que dit la Science

Par le biais de prêtres capables d’entrer en transe, certains croyants parviennent même, dit-on, à communiquer avec les défunts. Ces contacts relèvent-ils de la simple croyance religieuse ? Ou d’une manifestation qui nous dépasserait ? Si pour les différentes communautés religieuses, il apparaît naturel de croire en une autre vie, le monde scientifique, lui, est divisé. Dans tous les pays, des personnes réanimées après avoir été cliniquement mortes rapportent des récits pour le moins troublants sur l’au-delà : passage dans un tunnel débouchant sur un monde de lumière, sortie du corps, rencontres avec des personnes défuntes… La concordance des témoignages a poussé la Science à s’interroger sur ces histoires. Pour les sceptiques, les fameuses EMI, ou Expériences de mort imminente, seraient dues à une diminution de la quantité d’oxygène dans le sang et à une sécrétion d’endorphines par le cerveau. Pour les autres, elles pourraient refléter une réalité insaisissable. “Sans croire en Dieu, on peut croire en une vie après la mort, sous un aspect purement spirituel”, souligne Frédéric Augier, médecin au service de soins palliatifs à l’hôpital de Saint-Pierre.

D’après le médecin, il arrive parfois que des patients “décrivent des choses surprenantes à leur réveil”. “Les gens ne parlent pas facilement de ces choses-là avec un médecin, ils doivent se sentir en confiance, poursuit-il. Il s’agit de belles histoires, alors laissons à chacun le choix d’y croire ou non. Et pourquoi, après tout, ne pas penser que ça pourrait être vrai, si croire permet à la société de se renforcer et de s’humaniser ?”. Mais plutôt que de songer à ce qui pourrait se passer après la mort, le docteur Augier préfère inciter les patients à profiter pleinement de leurs derniers instants. “Tant qu’il y a la vie, il y a l’espoir, le partage et les moments à passer avec les proches, dit-il. C’est ça le plus important”

Ils connaissent l’heure de leur mort


Qui ne s’est jamais interrogé sur l’attitude d’un proche quelques jours ou quelques semaines avant sa mort ? Parce qu’il évoquait le fait qu’il pourrait ne pas assister à un événement important. Ou parce qu’il réglait plusieurs affaires simultanément, comme si le temps lui était compté… Comme s’il savait, finalement, que sa dernière heure approchait… Siva François Seriacaroupin est quant à lui persuadé que “les plus croyants d’entre nous sentent quand la mort approche, même si rien ne le laisse présager et qu’on est en bonne santé”. “Mon propre père m’a averti qu’il allait bientôt partir, alors qu’il était en pleine forme”, ajoute le prêtre tamoul.
D’après le docteur Augier, “très souvent, les patients en soins palliatifs sentent lorsque la fin est proche”. “La maladie est leur compagne au quotidien, ils la connaissent, dit-il. Ils ne le verbalisent pas forcément, pour ne pas effrayer l’entourage, mais ils savent quand ils vont mourir. Rares sont ceux qui sont réellement dans le déni. Parfois ça leur est si insoutenable, qu’ils deviennent confus et agités. D’autres fois, ils réclament les proches avec plus d’insistance”.

Marc-Alain Descamps : “Il y a quelque chose après la mort”



Le professeur de psychologie Marc-Alain Descamps étudie les témoignages de personnes revenues à la vie, après avoir été cliniquement mortes.


Auteur de “Les expériences de mort imminente et l’après vie” et membre du Ceemi (Centre d’études des expériences de mort imminente) à Paris, le professeur de psychologie Marc-Alain Descamps étudie les témoignages de personnes revenues à la vie, après avoir été cliniquement mortes. Pour lui, aucun doute : il existe bien une vie après la mort. En revanche, personne n’a rencontré le Tout-puissant.

Pouvez-vous nous présenter le Ceemi ?


Le Ceemi, Centre d’études des expériences de mort imminente, a été créé en 1985 pour étudier scientifiquement les témoignages de personnes revenues à la vie après avoir été déclarées mortes. Au départ, il ne comptait qu’une dizaine de scientifiques passionnés par le sujet de la vie après la mort. Aujourd’hui, nous sommes une centaine, médecins, psychologues, etc.

Combien de témoignages avez-vous recueilli ?


Nous avons recueilli 257 témoignages. Plus de 90% viennent de la France métropolitaine, les autres d’un peu partout dans le monde, mais aussi des Antilles, de Mayotte et de la Réunion. Les témoignages sont bien sûr spontanés. Nous les recueillons par téléphone, par mail ou lors de visites, puis nous les recoupons et nous les analysons. Parfois, nous proposons un travail de psychothérapie et un soutien aux personnes en deuil.

Quel est le profil des personnes qui ont vécu une EMI, une expérience de mort imminente ?

On retrouve aussi bien des hommes que des femmes, des vieillards et des enfants… Il y a des gens instruits, des personnes illettrées… Certains sont croyants, d’autres athées… Il n’y a pas de profil type. Mais ils ont tous un point commun : ils ont failli mourir.

Comment être sûr qu’ils ne mentent pas ?


On peut penser que quelques-uns mentent, c’est vrai, mais je suis persuadé que la grande majorité des personnes sont sincères. Elles sont crédibles. Quand elles parlent, c’est avec de l’émotion dans la voix, elles pleurent… Les témoignages sont vraiment forts et parfois, en les écoutant, on se laisse aussi gagner par l’émotion.

Que déduisez-vous après avoir étudié tous ces témoignages ?


Qu’il existe effectivement quelque chose après la mort. C’est un véritable message d’espoir pour toute l’humanité.

Que se passe-t-il une fois qu’on a traversé le fameux tunnel ?


Le tunnel d’obscurité qui s’ouvre sur la lumière est l’image la plus répandue par les médias, mais tous les récits ne démarrent pas par un tunnel. D’ailleurs, on parle de tunnel, mais il peut être horizontal, vertical, carré, à l’image d’un puits, en forme de boyau… Et beaucoup de personnes n’arrivent pas à la lumière. Si on se fie aux différents témoignages, au moment de sa mort, on traverse plusieurs étapes avant de basculer dans l’au-delà. Le tunnel en fait parti, mais il n’est pas systématique.

Et quelles sont ces étapes ?


Les étapes sont différentes d’une personne à une autre. On en recense une vingtaine sur l’échelle de Greyson, mais chaque personne n’en vit que quelques-unes. Certains traversent d’abord le tunnel, d’autres entendent tout ce qui se dit ou voient tout ce qui se passe autour d’eux… Ce qui est fréquent, ce sont les sorties du corps, quand, après un accident, ou lorsqu’on est dans le coma, on voit son enveloppe charnelle étendue par terre. Autre étape fréquente : le bilan de vie.

De quoi s’agit-il ?

On revit les moments les plus marquants de son existence, voire la totalité de sa vie. Le temps et l’espace n’existent plus. On peut avoir un bilan de vie complet alors qu’on n’a été que quelques minutes inanimé. Beaucoup revoient leur vie à l’envers et dans les yeux des autres. Par exemple, un homme s’était disputé un jour avec un automobiliste. En colère, il l’avait giflé sous les yeux de sa femme avant de partir. Pendant son expérience de mort imminente, il s’est vu à la place de cet homme qu’il avait giflé et il a ressenti la honte que celui-ci avait ressentie à ce moment-là. Durant son bilan de vie, on se met à la place de ses victimes et on revit leur terreur, leur peine…

Cela ressemble au purgatoire…

L’enfer est ici, sur terre, avec les guerres, la violence dans les foyers, les prisons… Après s’être séparée de son enveloppe physique, l’âme est lavée pour passer à une autre étape. Dans l’au-delà, il n’y a pas d’enfer.

Qu’y a-t-il dans l’au-delà ?


Les récits diffèrent selon les personnes, mais toutes affirment que c’est indescriptible, qu’il n’y a pas vraiment de mots pour décrire ce qu’elles ont vécu. On parle d’odeurs, de lumières, de musique, d’ambiance… mais sans pouvoir décrire cet ailleurs avec précision. Les handicaps n’existent plus : les aveugles voient, les personnes en fauteuil roulant marchent… Et souvent, on retrouve les personnes décédées que l’on a connues, des amis, de la famille… S’il s’agit d’un enfant disparu depuis des années, il a grandi et est devenu adulte.

Que leur disent-ils ?

Certains défunts profitent de ces rencontres pour adresser des messages à la famille, à ceux qui sont vivants. Mais ça ne concerne qu’un faible pourcentage.

La grande question : Dieu existe-t-il ? L’a-t-on rencontré ?

Personne n’a jamais vu Dieu. En revanche, quelques-uns ont vu une forme de lumière. Les Chrétiens disent qu’il s’agit de Jésus, les Chinois parlent de Bouddha… En fait, chacun interprète cette forme de lumière à sa manière, selon ses croyances, sa culture…

À vous écouter, tout est… paradisiaque. Y’a-t-il déjà eu de mauvaises expériences ?

Il y en a déjà eu, mais les gens qui ont vécu une mauvaise expérience en parlent moins. J’ai par exemple le récit d’une personne qui a tenté de se suicider et qui dit s’être retrouvée rongée par des rats énormes… Un autre a été tellement traumatisé par son expérience de mort imminente, qu’à son retour il a complètement changé de vie : responsable de deux discothèques où il faisait le commerce du sexe et de la drogue, il a tout vendu pour recommencer à zéro. Aujourd’hui, il est dans la peinture… Tous ceux qui se sont retrouvés dans le “bas astral” menaient une mauvaise vie.

Comment ressort-on d’une expérience de mort imminente ?


On revient transformé, avec une nouvelle vision du monde. On ne joue plus avec sa vie et on prend le temps de profiter de chaque instant.

Sans mettre en doute la sincérité des personnes qui témoignent, on peut avancer l’hypothèse du rêve, non ? Toutes ces expériences pourraient n’être que le fruit de l’imagination…

Certains scientifiques ont effectivement avancé cette hypothèse pour dire qu’il n’existait rien après la mort. Mais comment expliquer que des personnes aient pu voir et entendre des choses alors qu’elles étaient cliniquement mortes, pour les rapporter avec précision une fois revenues à la vie ? Comment expliquer la similitude des récits dans tous les pays du monde ? Des scientifiques affirment qu’il n’existe rien après la mort ? Eh bien, qu’ils le prouvent !

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