Saturday, April 07, 2007

Les Marmites malgaches



Agé de 38 ans, posé et baraqué, Rasolonjatovo a hérité du savoir-faire et de l’atelier de fabrication de marmites de ses parents à Ambatolampy. Cela fait dix ans qu’il a repris l’affaire en main et seize employés, dont certains sont des membres de sa famille, travaillent pour son compte.

«Même si cela me revient cher, je suis obligé d’acheter des déchets d’aluminium en provenance de Maurice et de La Réunion auprès de mes fournisseurs à Antananarivo ou à Tamatave car Madagascar ne parvient pas à satisfaire la demande» souligne Rasolonjatovo. Et d’ajouter «Chaque semaine je fais l’achat de 500 à 1000 kg de déchet d’aluminium. Le prix du kilo est d’environ 4000 ariary». Ces matières premières sont transportées par les camions des fournisseurs à Ambatolampy.

Toujours selon Rasolonjatovo, «La cherté des déchets d’aluminium est une contrainte pour la production de marmites. Ce sont les taxes qui font augmenter leur prix et les fournisseurs accroissent davantage leur capital. Pourtant, le pouvoir d’achat des fabricants de marmites est loin de correspondre à cette hausse». Et de conclure d’un air maussade

«Les fabricants de marmites sont en difficulté».

Par ailleurs, les autres matières, comme la terre, le moule en terre cuite … sont issues des campagnes d’Ambatolampy.




Un fabricant de marmites gagne 2000 ariary par jour



Marie, 48 ans ; Armand, 50 ans et Rasolo, 45 ans figurent parmi les seize fabricants de marmites qui travaillent pour Rasolonjatovo depuis près de cinq ans.

Chaque jour, de 6h à 13h ou de 7h à 16h, selon la quantité de marmites à produire, ils s’attèlent à un pénible travail.

Une chaleur quasi insupportable émane des fours en briques servant à purifier et à faire fondre les déchets d’aluminium. Une chaleur à laquelle ils se plient pour gagner leur vie.

Tout en sueur et le corps noir plein de suie, l’ensemble des ouvriers parvient à fabriquer 30 grandes ou 40 à 60 petites marmites par jour. Chacun a un salaire journalier de 2000 ariary. A en croire Rasolo, cette somme comble sa vie quotidienne puisque parallèlement, l’agriculture complète ses revenus.

Selon ce même ouvrier, il faut 40 sacs de charbon par jour pour obtenir ces quantités de marmites. Et Marie d’ajouter que le prix d’un sac est d’environ 3000 ariary.

Armand, précise que de nombreux clients originaires d’Antananarivo, Sambava et Fort Dauphin passent leurs commandes à distance. «Ce sont des revendeurs et ils achètent en gros» remarque-t-il. La livraison se fait alors chaque jeudi et vendredi au marché Coum des 67 ha, point de vente exclusif. Cependant, quelques clients achètent au détail en se rendant eux-mêmes à l’atelier d’Ambatolampy.

Quant aux prix, ils varient de 19.000 à 60.000 ariary selon la dimension des marmites. Ces dernières s’écoulent au mieux de juillet à décembre.




240.000 ariary de dépenses journalières pour produire 40 à 50 marmites selon Rabary



Rabary a 33 ans. Il est marié et a quatre enfants. Cela fait sept ans qu’il est à la tête d’un petit atelier de fabrication de marmites qui occupe trois employés. «J’ai pris la relève car mes parents étaient déjà dans le métier» précise-t-il tout en souriant.

L’atelier produit 40 grandes ou 50 petites marmites par jour. Pour cela, il faut 50 kg d’aluminium, dont l’approvisionnement se fait auprès de fournisseurs à Antananarivo ; du charbon ; deux sacs de terre spéciale, de couleur jaunâtre dite «haboka», qui assurent la production pendant un mois et dont le ravitaillement se fait aux alentours immédiats d’Ambatolampy. «En tout, je débourse 240.000 ariary par jour. Cela comprend le salaire des ouvriers, le charbon, le transport de la terre…».

Toutes les marmites fabriquées sont des commandes et la livraison se fait à Andravoahangy. Cela n’empêche pas que Rabary est présent au marché de Mahamasina chaque jeudi. «Les fonctionnaires sont mes principaux clients. Les marmites s’écoulent bien vers la fin du mois. Mais en période de soudure où les gens font face à la crise et à la cherté de la vie, les affaires vont mal» remarque Rabary. Les jeudis, son chiffre d’affaires est d’environ 300.000 ariary.

En termes d’organisation relative à la commercialisation, une fois la livraison effectuée ou le marché clôturé, Rabary rentre directement à Ambatolampy. Les marmites invendues le jeudi sont transportées en pousse-pousse à Anosibe, où elles sont stockées chez un particulier à raison de 40.000 ariary par mois.

Par ailleurs, Rabary complète ses revenus grâce à l’agriculture et l’élevage.

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