Friday, August 25, 2006

Pour avoir menacé de brûler ses consoles de jeux, il tue son père !!!

Les aboiements du berger allemand de Georges F. ne perturbent plus le sommeil des soixante-dix habitants de Beauvoir-en-Royans, dans le Vercors. Le chien a cessé d'aboyer depuis la mort de son maître, tué par son fils de 14 ans, lundi 14 août, d'une cartouche de chevrotine. Aux enquêteurs, Eric F. a dit avoir "pété un plomb" lorsque son père, âgé de 63 ans, a menacé de brûler sa console de jeux.

Le jour du drame, l'adolescent, supporteur de l'Olympique de Marseille, n'a qu'une envie : jouer au foot. Après avoir nettoyé l'atelier de son père puis la cour envahie de carcasses d'automobiles, il compte profiter de la sieste de Georges F. pour "taper le ballon". Trop bruyant. Eric F. décide alors de jouer sur sa PlayStation 2 à Pro Evolution Soccer 5, un jeu de simulation de football. Le son empêche encore Georges F. de trouver le sommeil. Il confisque la console, menace de la brûler et s'en va dans le jardin allumer un feu.

Eric F. monte dans la chambre de ses parents, s'empare du fusil de chasse caché dans un placard, le charge, se dirige vers sa propre chambre, ouvre la fenêtre et abat son père d'un coup de feu dans le dos. Georges F. meurt sur le coup.

"J'AI FAIT UNE CONNERIE"

Son fils s'enfuit. "Je crois que j'ai fait une connerie", avoue-t-il à Aimé Carre, un voisin qu'il croise sur la place du village et qui l'emmène chez lui, en compagnie de sa petite soeur de 9 ans, qui a vu le corps sans vie de son père. M. Carre appelle le maire et les gendarmes. "La petite était en pleurs, Eric est resté calme", raconte le retraité.

Pour l'avocat de l'adolescent, Me Armand Samba-Sambeingue, la console de jeux - qui n'a pas été retrouvée par les enquêteurs - offrait à Eric F. "son seul moment d'évasion". "Il avait affaire à un père très dur, voire tyrannique", assure l'avocat. "Cet enfant n'avait jamais le droit de sortir, enchérit M. Carre. Même pendant la canicule, il est resté à débroussailler le jardin. Il était aux ordres de son père."

Le maire de Beauvoir, Jacques Bourgeat, précise qu'Eric "jouait avec les autres enfants uniquement quand le père s'absentait". Selon lui, la famille F. vivait cloîtrée et ne participait jamais à la vie du village. "Le père avait un demi-siècle de différence avec son fils et il faisait vivre sa famille un demi-siècle en arrière", résume Me Samba-Sambeingue. "Georges n'était pas un tyran, tempère Colette Permingeat, cousine de la victime. Il était strict et ne voulait pas que ses enfants traînent. C'était un fervent catholique."

Depuis le meurtre, les langues se délient. "La mort de ce type, c'est un soulagement pour nous tous", soutient Jean-Noël Raison, un voisin. "Beaucoup ont pleuré pour Eric mais pas pour son père", assure Kévin, 12 ans, qui se présente comme le meilleur ami du parricide. Certains s'irritaient des "idées, proches de l'extrême droite" de Georges F. "Je ne comprends pas pourquoi mon papa est raciste, c'est débile", a déclaré son fils lors de sa garde à vue.

Charpentier, maçon et poseur de vérandas, Georges F. était considéré comme un "piètre artisan". C'est son épouse, Martine, 50 ans, fonctionnaire à Grenoble, qui faisait vivre la famille. Dépressive, elle avait fait une tentative de suicide aux barbituriques, il y a deux mois.

Eric F. rêvait de devenir professeur de mathématiques. Il s'apprêtait à entrer au lycée avec un an d'avance. Le 15 août, il a été mis en examen pour "meurtre sur ascendant" et écroué à la maison d'arrêt de Varces, près de Grenoble.

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