Saturday, August 12, 2006

Détournement au sein de l’Armée: Cinq colonels sur la sellette…

«Faux et usage de faux ; falsification de signatures ; association de malfaiteurs ; usurpation de fonction ; trafic d’influence ; abus de confiance et faux en écritures publiques ».


Sept chefs d’inculpation ont été retenus contre cinq colonels et autres civils dans la fameuse affaire où près de 4 milliards de deniers publics, inscrits dans la rubrique budgétaire afférente aux indemnités d’invalidité des militaires, ont été détournés. L’instruction au fond du dossier pénal afférent a quelque peu connu des embûches dans la mesure où, programmée depuis novembre 2005, celle-ci n’a été effective qu’hier. Rappel des faits : suite à de profondes investigations menées par le ministère de l’Economie, des Finances et du Budget, des détournements de deniers publics ont été commis, par le biais de ces sept pratiques pénales citées supra, dans la gestion des crédits affectés aux indemnités d’invalidité des militaires (voir « La Gazette » des 16 et 18 janvier ainsi que du 19 février). Notons d’emblée que ceux qui ont été impliqués dans cette affaire n’ont pas brassé directement des liasses de billets de banque mais, par des jeux d’écritures comptables malsaines et d’autres actes frauduleux, ont pu détourner l’enveloppe financière dont il s’agit.

En tout cas, le rapport d’inspection afférent a fait état de l’implication de cinq colonels de l’Armée, en fonction à la direction centrale du service de la santé militaire, et de quelques civils dans cette nébuleuse affaire. La première audition au fond de ces derniers devait être faite, par un juge d’instruction, en novembre 2005 mais, reportée par deux fois (décembre 2005 et janvier 2006), celle-ci a pratiquement été ajournée à une date ultérieure eu égard à l’absence du pays du principal inculpé. Il a été indiqué alors que cette mission à l’étranger aurait justement été décidée dans le but de soustraire cet officier supérieur de l’Armée des griffes de la Justice. Quoi qu’il en soit, celui-ci est de nouveau de retour au pays. Ce qui explique, en toute évidence, la tenue, hier, de son instruction au fond. Une audition qui a été menée par l’un des huit juges d’instruction du « Task force » du tribunal de première instance d’Antananarivo dont le siège se trouve dans un immeuble sis du côté des 67 ha. Des proches de ce dossier pénal n’ont pu s’empêcher hier de révéler que des va-et-vient (intrigants) des responsables du ministère de la Défense nationale auraient été notés, avant-hier dans la journée, pour diligenter des liaisons d’information entre Ampahibe, Anosy et 67 ha.

Néanmoins, la reprise de l’instruction de cette sulfureuse affaire laisse présager que la Justice, dans ses objectifs consignés dans son RRI (Initiatives pour des résultats rapides), n’entendrait point fléchir quant à sa volonté de procéder au règlement de ce dossier pénal pour qu’une décision judiciaire y soit prise. En attendant, des confidences ont récemment distillé que d’intenses opérations seraient menées quelque part pour que ces cinq colonels soient, dans les plus brefs délais, nommés généraux de brigade. Des promotions plutôt exceptionnelles qui viseraient à mettre la Justice dans l’embarras, eu égard au fait que, par rapport à l’opinion publique et à l’actuelle effervescence du cours des affaires nationales, condamner judiciairement cinq généraux de l’Armée n’irait aucunement apaiser la tension qui est déjà perçue comme dangereusement tendue au sein de la Grande Muette.

Par ailleurs, le militaire de 2e classe, pris en flagrant délit à Ampahibe de vol avec effraction de quelques dossiers relatifs aux indemnités d’invalidité dans l’Armée, va comparaître au prétoire du tribunal correctionnel ce 16 août. Un procès qui risque fort d’être grinçant dans la mesure où des proches et parents de celui-ci ont laissé entendre que ce subalterne irait faire éclater la vérité au grand jour durant ce procès. Rappelons que les éventuels commanditaires de ce dernier n’ont guère été inquiétés judiciairement. Bref, outre cette tonitruante déclaration de candidature du général de division Randrianafidisoa à l’élection présidentielle, voilà qu’un dossier pénal, éclaboussant cinq colonels militaires, pointe en instruction préparatoire de la Justice. Pour être une Grande Muette, l’Armée semble là en train de faire valoir qu’elle est devenue championne en matière de faits… criards !

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