Airbus 340-300: Recettes en hausse, location en baisse pour Air Madagascar |
Mercredi, 16 Mai 2012 |
Par la voix de son directeur général et des explications de son staff,
la compagnie présenté, hier, un bilan nettement positif de
l’exploitation de cet appareil dont les incidents survenus peu après
sont ont valu bien des critiques sur le choix de l’appareil tant au
niveau technique que financier.
«
Cet avion a depuis réalisé 60 vols, il n’y eut aucun problème
nonobstant ces incidents du début grâce à la suite desquels Air France a
établi une cellule spéciale pour suivre cet appareil en matière de
maintenance », révèle Hugues Ratsiferana en soulignant par ailleurs un
taux de remplissage très élevé de 83 % avec notamment « le retour des
clients locaux, plus particulièrement ceux à forte contribution qui
remplissent à 100 % la classe affaires ».
Financièrement,
ces résultats probants se traduisent durant le mois écoulé par des
recettes supplémentaires de 2 milliards Fmg par rapport à la même
période de l’année dernière sur un autre appareil. Ce qui cadre
parfaitement aux axes de redressement financier de la compagnie que sont
l’amélioration des recettes et l’optimisation de la trésorerie. Ainsi,
Nicolas Randriamaholy a annoncé que l’acquisition en leasing de cet
appareil est de deux fois moins cher que la location d’un A330 ou d’un
B777. Plus concrètement, « pour 100 Ar de loyer pour l’A340, ce serait
205 Ar de loyer pour les autres appareils ».
«
Ce qui permet de compenser son coût plus élevé en carburants qui est de
l’ordre de 13 %, la marge brute étant de 26 % ». D’après le directeur
financier, les compétences techniques et ses capacités en passagers et
en fret permettront de générer plus de recettes, « ce qui favorisera à
très court court terme l’injection de sommes nécessaires aux besoins de
fonds de roulement et à court terme aux investissements indispensables.
En
attendant, Air Madagascar négocie avec ses partenaires traditionnels,
les banques et les fournisseurs avec lesquels elle s’engage à payer tous
les courants et à honorer les arriérés.
Enfin sur le plan de
la gestion, la compagnie est en train de mettre en place la
comptabilité analytique afin de maîtriser ses comptes. 50 ans seulement
après sa création, Air Madagascar veut donc connaître par exemple le
coût réel au passager des bonbons qu’elle offre aux passagers à chaque
atterrissage ou de l’usure des pneus à chaque vol. Vaut mieux tard que
jamais, d’autant que parallèlement aux améliorations engagées au niveau
des finances, la compagnie est en train de se redéployer sur le plan
commercial.
Toutes
ces actions, selon les intervenants d’hier au siège de la compagnie,
sont engagées en synergie. Ainsi, les personnels navigants bénéficient
d’un programme de formation pour être qualifiés sur l’A340.
«
D’ici un mois, les hôtesses et stewards sur l’appareil seront ceux
d’Air Madagascar. Par contre, la formation des pilotes peut aller
jusqu’à un an. Et sur l’Asie où sera exploité le second avion, les
pilotes malgaches continueront d’être encadrés par leurs collègues d’Air
France », explique le directeur des opérations, Ratinahirana Miharisoa.
Ce commandant de bord a tenu à préciser que l’un des avantages
techniques apportés par Airbus se trouve au niveau des
télécommunications. Désormais, les vieux micro et haut-parleurs avec
parfois des crissements de voix et de risques de mauvaise interprétation
font place à la nouvelle technologie faite de communication écrite et
par images.
Tout
ce programme à travers lequel Air Madagascar veut décoller pour de bon
vers la prospérité, repose cependant sur la fiabilité de la flotte et
donc de la maintenance. Celle-là même qui fait depuis sa création, la
force de la compagnie nationale. En dépit des critiques sur le choix du
constructeur européen contre le partenaire de longue date américain, le
centre technique d’Air Madagascar s’adapte parfaitement au changement. «
De toute façon, nous sommes déjà habitués avec les appareils d’Air
France pour avoir assurer la maintenance en ligne depuis de nombreuses
années », déclare Roger Rakotozafy. D’après le directeur technique, Air
Madagascar a traité depuis, de l’atterrissage au décollage, des avions
de la compagnie française dont des A340 et des Boeing 777 pendant la
haute saison. Afin cependant d’assurer une maintenance plus lourde sur
l’A340, notamment les contrôles périodiques au bout de 800 heures de
vols, les techniciens du centre technique sont en cours de formation,
notamment 12 mécaniciens et 20 techniciens managers.
A
lire le visage du staff au cours de cette conférence de presse,
l’optimisme est de mise. Même s’ils laissent entendre que rien n’est
facile. Au moins, les chiffres apportés au cours de la rencontre d’hier
contribueront sans doute à apaiser les critiques apportées contre cet
appareil et contre le co-contractant qu’est Air France. Celle-là même
que certains, notamment l’opposition à Rajoelina, accusent proprement la
manœuvre d’engloutir Air Madagascar.
Hugues
Ratsiferana exclue cependant cette éventualité. « Pour protéger son
marché dans la région, Air France a besoin d’un partenaire fort en
appuyant Air Madagascar. Regardez l’exemple d’Air Seychelles qui est
contrôlée par Etihad », dit-il en réitérant qu’« avec notre potentiel
sur les réseaux intérieur et régional, nos activités sur l’Afrique
australe et de l’est et l’Asie, Air France n’a pas intérêt à phagocyter
Air Madagascar ».
Evoquée
et entretenue par l’opposition, cette éventualité ne pourrait, en tout,
être possible. Politiquement incorrecte, elle risque d’heurter aux
conséquences incalculables les réactions d’une population jalouse de sa
compagnie aérienne.
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