En
1979,
Deng
Xiaoping,
architecte
de
la
réforme
et
de
l’ouverture
de
la
République
Populaire
de
Chine
(RPC),
fixait
deux
objectifs
majeurs
à
la
diplomatie
chinoise :
la
paix
et
le
développement.
Les
résultats
pour
le
second
terme
du
mandat
n’ont
pas
tardé.
En
vingt
cinq
ans,
la
Chine
a
multiplié
son
produit
intérieur
brut
par
9,4.
Ce
dernier
culmine
à
1400
dollars
par
habitant
en
2004
contre
50
dollars
en
1949.
C’est
dire
que
les
prédictions
sur
le
réveil
chinois
semblent
arriver
à
terme
et
que
l’Empire
du
Milieu
est
en
voie
de
retrouver
sa
place
dans
le
concert
des
nations.
Après
avoir
tiré
les
leçons
d’un
passé
marqué
par
la
politisation
excessive
de
sa
diplomatie,
la
Chine
semble
opter
pour
une
posture
pragmatique
résolument
tournée
vers
l’ouverture
et
le
rayonnement
à
tous
points
de
vue.
Portée
par
une
croissance
économique
très
forte,
la
RPC
entend
assurer
sa
modernisation
par
une
ouverture
plus
grande
en
direction
des
autres
acteurs
du
système
international.
Comme
l’indique
le
Livre
blanc
du
gouvernement
chinois
publié
le 22
décembre
2005,
« emprunter
la
voie
du
développement
pacifique,
c’est
lier
le
développement
intérieur
à
l’ouverture
sur
le
monde
extérieur,
en
arrimant
le
développement
de
la
Chine
à
celui
des
autres
parties
du
monde.» [C’est
nous
qui
traduisons]
C’est
à
partir
de
cette
vision
stratégique
que
Pékin
s’annonce
sous
ses
nouveaux
habits
en
Afrique.
Ce
retour
en
force
au
plan
diplomatique
et
économique,
après
le
raz
de
marée
taïwanais
des
années
1990,
n’a
pas
manqué
d’attirer
l’attention
des
analystes
des
relations
sino-africaines,
qui
y
décryptent
déjà
les
signes
annonciateurs
d’un
bouleversement
majeur
du
devenir
du
continent.
Pour
faire
face
aux
besoins
inhérents
à
sa
croissance,
Pékin
aurait
intentionnellement
profilé
son
outil
diplomatique
à
la
dimension
des
opportunités
offertes
par
la
fin
de
la
guerre
froide
parmi
lesquelles
l’ouverture
des
marchés
consécutive
à
la
globalisation
des
échanges[1].
A
ce
propos,
note
Angel
Ubide,
«la
conquête
de
l'Afrique
est
un
projet
de
politique
extérieure
marqué
par
l'usage
du
pouvoir
économique
au
lieu
de
la
puissance
militaire,
ainsi
que
l'offre
de
concessions
politiques
pour
exercer
une
influence
à
l'extérieur[2].»
En
effet,
la
fin
de
la
bipolarité
Est-Ouest
a
coïncidé
avec l’émergence
pacifique[3]d’une
Chine
comme
pôle
de
puissance
incontournable
dans
la
reconfiguration
de
la
géopolitique
mondiale.
Une
nouvelle
ère
que
la
Chine
inaugure
sous
le
signe
du
« développement
harmonieux »,
ouvert
à
tous
les
peuples
du
monde,
en
particulier
à
ceux
du
Sud,
selon
la
terminologie
tiers-mondiste
des
années
1960.
Sous
des
dehors
pacifiques,
en
opposition
aux
modèles
colonialistes,
arborant
son
manteau
de
« grand
frère »
des
pays
du
Sud
et
en
chantre
du
développement
partagé,
la
Chine
a
fait
de
l’Afrique
un
acteur
privilégié
dans
la
construction
d’un
nouvel
ordre
mondial
dans
lequel
la
relation
sino-africaine
serait
synonyme
de
progrès
mutuel.
Ainsi,
«la
Chine
veille
à
établir
et
à
développer
un
nouveau
type
de
partenariat
stratégique
avec
l'Afrique,
caractérisé
par
l'égalité
et
la
confiance
réciproque
sur
le
plan
politique,
la
coopération
conduite
dans
l'esprit
gagnant-gagnant
sur
le
plan
économique
et
le
renforcement
des
échanges
sur
le
plan
culturel[4].»
Naturellement
cette
déclaration
de
bonnes
intentions
suscite
des
interrogations
dans
plusieurs
milieux
africains.
Si
certains
cercles
affichent
déjà
leur
optimisme
en
présentant
la
nouvelle
politique
africaine
chinoise
comme
la
dernière
chance
du
continent
de
sortir
de
son
sous-développement
chronique,
d’autres
ne
manquent
pas
de
voir
derrière
l’offensive
de
Pékin
l’expression
d’une
nouvelle
aventure
coloniale
dont
l’Afrique
sortira
probablement
meurtrie.
Ce
travail
n’a
pas
l’ambition
de
passer
en
revue
cette
perception
binaire.
En
revanche,
il
cherche
à
mettre
à
l’épreuve
et
à
procéder
à
la
validation
de
l’hypothèse
de
travail
suivante :
la
«nouvelle
lune
de
miel»
annoncée
par
Pékin
s’inscrit
dans
une
perspective
dynamique
de
renouveau
de
la
politique
africaine
de
la
Chine,
qui
a
toujours
fait
du
continent
un
maillon
clé
de
son
rayonnement
diplomatique.
Contrairement
au
militantisme
des
années
70,
le
nouvel
engagement
de
Pékin
est
volontairement
axé
sur
le
développement
économique
du
géant
chinois
dont
tous
les
instruments
de
puissance
sont
aujourd’hui
tendus
vers
un
seul
but :
faire
de
la
Chine
un
Etat
fort,
en
s’affirmant
sur
le
continent
africain,
désormais
élevé
en
espace
d’expansion
stratégique.
Cette
exigence
conditionnée,
en
grande
partie,
par
la
recherche
d’une
sécurité
énergétique,
place
d’emblée
l’Afrique
et
ses
matières
premières
au
cœur
des
préoccupations
chinoises.
Aussi,
l’assaut
de
la
RPC
augure-t-il
de
profonds
bouleversements
qui
ne
manqueront
pas
de
reconfigurer
un
environnement
africain
déjà
fortement
marqué
par
son
passé
colonial,
et
dont
les
élites
politiques
restent
encore
partagées
entre
le
conformisme
et
la
recherche
de
nouvelles
réponses
au
sous-développement.
C’est
à
cette
période
charnière
de
son
devenir
que
l’Afrique
signe
un
nouveau
bail
avec
la
Chine
à
travers
un
partenariat
stratégique
qu’il
s’agira
de
décrypter
dans
toutes
ses
facettes.
Dans
une
première
partie,
il
sera
d’abord
utile
d’examiner
les
différents
principes
fondateurs
de
la
politique
chinoise
en
Afrique.
Cette
dernière
se
caractérise
par
la
valorisation
d’un
modèle
de
coopération,
à
l’opposé
du
modèle
colonial
occidental
qui
a
jusque-là
structuré
les
relations
de
l’Afrique
avec
le
reste
du
monde.
En
effet,
même
si
rien
ne
prédispose
la
Chine
à
entretenir
des
relations
privilégiées
avec
le
continent
africain,
en
raison
de
l’éloignement
géographique
et
de
l’absence
de
déterminants
culturels
communs,
la
revalorisation
de
la
politique
africaine
de
la
Chine
s’inscrit
dans
une
tradition
fondée
par
une
triple
légitimité
sur
laquelle
veille
jalousement
Pékin.
Au
premier
pilier
constitué
par
la
légitimité
historique,
née
de
l’implication
de
la
Chine
dans
les
luttes
de
décolonisation
de
plusieurs
pays
africains,
s’ajoutent,
en
prolongement,
les
deux
autres
représentés
par
l’héritage
idéologique
tiers-mondiste
de
la
guerre
froide
et
surtout
la
promotion
des
principes
de
non-ingérence
et
de
neutralité
comme
socle
du
partenariat
avec
l’Afrique.
Il
sera
ensuite
question,
à
partir
de
ces
trois
piliers
fondateurs,
portes
d’entrée
de
la
RPC
sur
le
continent,
de
passer
en
revue
les
formes
d’expression
de
la
puissance
chinoise
à
travers
un
spectre
varié.
Elle
s’exprime
avant
tout
sur
le
plan
politique
par
la
mise
en
place
des
cadres
institutionnels
sino-africains
par
lesquels
la
Chine
se
donne
les
moyens
de
structurer
son
intervention.
Cette
étape
constitue
le
tremplin
idéal
pour
dérouler
une
diplomatie
économique
que
d’aucuns
placent
au
cœur
du
regain
de
la
présence
chinoise
en
Afrique
en
raison,
sans
doute,
de
sa
forte
«teneur
pétrolière».
Pour
densifier
sa
présence,
et
préserver
le
caractère
global
de
sa
stratégie,
la
coopération
militaire
et
culturelle
font
également
l’objet
d’une
attention
particulière
et
constituent
d’autres
champs
d’affirmation
non
négligeables
du
retour
de
Pékin
sur
le
continent.
Enfin,
dans
la
deuxième
partie,
il
s’agira
de
mesurer
l’impact
multiforme
de
la
stratégie
chinoise
sur
les
grands
enjeux
politico-économiques
qui
interpellent
l’Afrique.
Dans
ce
domaine,
le
fleuve
chinois
au
long
cours
charrie
de
multiples
interrogations.
Au
plan
politique,
les
principes
mis
en
avant
par
Pékin
tournent
le
dos
au
modèle
libéral
proposé
par
les
anciennes
puissances
coloniales
et
ouvrent
la
voie
à
une
relecture
de
la
démocratisation
des
Etats
africains.
Dans
le
domaine
économique,
la
démarche
de
Pékin
est
en
voie
de
modifier
profondément
les
schémas
de
développement
socio-économique
au
moment
où
des
stratégies
collectives
comme
le
Nouveau
Partenariat
pour
le
Développement
de
l’Afrique
(NEPAD)
émergent.
A
ce
titre,
elle
soulève
avec
acuité
la
question
des
opportunités
offertes,
mais
aussi
des
risques
encourus
par
les
économies
africaines.
Last
but
not
least,
la
mise
en
œuvre
de
la
politique
africaine
de
la
Chine
préfigure
des
mutations
importantes
dans
l’architecture
sécuritaire
du
continent
et
pourrait,
à
terme,
affecter
le
domaine
de
la
paix
et
de
la
stabilité
du
fait
de
la
rivalité
entre
puissances
qu’elle
ne
manquera
pas
de
relancer.
TITRE
I :
FONDEMENTS
ET
MANIFESTATIONS
DE
LA
POLITIQUE
AFRICAINE
DE
LA
CHINE
Au
commencement
était
l’histoire!
Tel
semble
être
le
credo
de
la
Chine
pour
célébrer
son
retour
sur
le
continent
africain.
Pour
une
puissance
émergente
sans
passé
colonial
en
Afrique5,
il
s’agit
de
sceller
les
retrouvailles
autour
de
principes
fondateurs
qui
tirent
leur
légitimité
de
l’histoire
commune
partagée.
Comme
le
rappelle
volontiers
le
Président
chinois
Hu
Jintao,
«l’amitié
sino-africain
plonge
ses
racines
dans
la
profondeur
des
âges
et
ne
cesse
de
s’approfondir
au
fil
des
ans6.»
Cette
légitimité
historique
constitue
le
tremplin
idéal
pour
asseoir
la
légitimité
idéologique
fruit
de
la
présence
indéfectible
de
la
Chine
à
coté
de
l’Afrique,
comme
porte
drapeau
du
non-alignement,
pendant
les
luttes
d’influence
de
la
guerre
froide.
A
ce
propos
note
Valérie
Niquet :
«loin
d’abandonner
les
thématiques
anciennes,
Pékin
s’appuie
aussi
sur
un
discours
tiers-mondiste
Sud-Sud
fondé
sur
un
passé,
constamment
rappelé,
de
lutte
commune
contre
tous
les
impérialismes7.»
Ce
combat
mené
au
coude
à
coude
place
la
Chine
et
l’Afrique
sur
un
même
pied
d’égalité
et
justifie
un
respect
mutuel
dont
l’expression
achevée
demeure
la
non-ingérence
et
la
neutralité,
troisième
principe
fondateur
de
la
diplomatie
chinoise
en
Afrique.
Les
chemins
du
come
back
bien
pavés,
la
politique
africaine
peut
désormais
se
décliner
dans
plusieurs
domaines.
Fidèle
à
sa
tradition
des
« petits
pas »,
la
diplomatie
chinoise
s’est
donnée
les
moyens
d’atteindre
ses
objectifs
en
instituant,
avant
tout,
des
structures
politiques
sino-africaines,
instances
d’expression
et
de
rationalisation
de
son
offensive.
Cette
étape
franchie,
elle
peut
valablement
mettre
en
œuvre
sa
diplomatie
économique
et
commerciale
centrée
sur
les
ressources
pétrolières,
objectif
majeur
de
son
retour
en
Afrique.
Enfin
pour
compléter
le
dispositif,
la
présence
économique
balise
la
voie
aux
autres
formes
de
coopération,
visant
à
renforcer
l’empreinte
chinoise
sur
le
continent.
CHAPITRE
I :
LES
FONDEMENTS
DE
LA
POLITIQUE
AFRICAINE
DE
LA
CHINE
Malgré
l’impression
de
nouveauté
qui
semble
caractériser
l’envol
de
la
diplomatie
chinoise
en
Afrique,
force
est
de
reconnaitre
qu’elle
s’inscrit
dans
la
continuité
d’une
politique
africaine
de
la
Chine,
qui
prend
forme
à
partir
de
la
conjugaison
de
plusieurs
événements
survenus
dans
le
monde,
dans
la
seconde
moitié
du
XXe
siècle.
La
proclamation
de
la
RPC
en
1949
et
la
montée
des
revendications
nationalistes
en
faveur
de
la
décolonisation
ont
provoqué
une
communauté
d’intérêts
et
de
destin
entre
la
Chine
et
le
continent
africain.
Cette
dernière
a
constitué
un
capital
précieux
que
Pékin
n’a
pas
tardé
à
fructifier
dans
ses
nouvelles
relations
avec
l’Afrique.
Cette
recherche
de
légitimité
enracinée
dans
l’histoire
vécue
en
commun
est
encadrée
par
un
troisième
principe,
incarné
par
le
culte
de
la
non-ingérence
dans
les
affaires
intérieures.
Section
1 :
La
légitimité
historique
comme
principe
fondateur
Le
contact
de
l’Afrique
et
de
l’Asie
remonte
à
trois
millénaires.
C’est
en
effet
au
Xe
siècle
av
J-C
que
la
Chine
développe
ses
premiers
échanges
commerciaux
avec
l’Egypte8. Il
faudra
attendre
la
dynastie
des
Ming
(1368-1644)
pour
assister
à
de
véritables
périples
maritimes
du
navigateur
Zheng
He
sur
la
côte
orientale
africaine.
Cependant
cette
politique
d’ouverture
au
monde
sera
stoppée
pour
plusieurs
raisons9.
La
proclamation
de
la
RPC
et
la
fin
de
la
longue
nuit
coloniale
africaine
seront
le
prétexte
pour
rétablir
le
contact
avec
l’Afrique
à
travers
d’abord
les
tentatives
d’émancipation
et
d’affirmation
portées
par
la
conférence
de
Bandung,
puis
par
le
biais
des
luttes
de
libération
dans
plusieurs
pays
du
continent.
§1.
La
conférence
de
Bandung :
les
retrouvailles
sino-africaines
La
conférence
de
Bandung
en
Indonésie,
du
18
au
24
Avril
1955,
marque
la
première
tribune
offerte
à
la
Chine
pour
rétablir
ses
relations
avec
l’Afrique.
D’une
part,
Bandung
constituait
la
voie
rêvée
par
Pékin
pour
apporter
son
soutien
aux
pays
en
lutte
contre
la
domination
coloniale,
et
de
l’autre,
elle
permettait
d’asseoir
sa
diplomatie
naissante
soucieuse
de
rompre
les
amarres
avec
la
tutelle
soviétique.
Comme
le
souligne
Adama
Gaye:« le
terrain
était
d’autant
plus
favorable
à
la
Chine
qu’elle
disposait,
à
l’aube
des
indépendances
africaines
d’un
atout
supplémentaire.
Tout
la
rapprochait
en
effet
des
pays
africains
qui
venaient
de
briser
les
chaines
du
colonialisme
en
se
vengeant,
comme
elle,
de
longues
années
de
domination
extérieure10.»
Convoquée
à
l’initiative
de
cinq
pays
asiatiques
(Birmanie,
Ceylan,
Indonésie,
Inde
et
Pakistan)
la
conférence
a
accueilli
six
pays
africains
dont
deux
grands
de
l’époque,
l’Egypte
et
l’Ethiopie.
C’est
à
partir
de
cette
tribune
que
le
Premier
ministre
indien,
Jawaharlal
Nehru,
a
lancé
sa
fameuse
main
tendue
à
l’Afrique,
au
nom
du
continent
asiatique,
en
ces
termes : « il
appartient
à
l’Asie
d’aider
l’Afrique
au
mieux
de
ses
possibilités,
car
nous
sommes
des
continents
frères.11»
§2.
La
décolonisation,
ferment
de
la
solidarité
militante
Pour
une
Chine
dont
l’invitation
n’avait
pas
été
envisagée
lors
de
la
conférence
préparatoire
de
Bogor
de
1954,
l’occasion
était
toute
trouvée
pour
rétablir
son
empreinte
sur
le
sol
africain.
Après
avoir
témoigné
de
sa
solidarité
à
l’Egypte
nassérienne
au
cours
de
son
bras
de
fer
avec
la
coalition
franco-britannique
consécutif
à
la
nationalisation
du
canal
de
Suez
en
1956,
la
Chine
a
profité
de
toutes
les
tribunes
internationales
pour
appeler
à
la
décolonisation
de
l’Afrique,
notamment
au
cours
de
la
Conférence
de
Belgrade
de
septembre
1961.
Il
est
revenu
au
Premier
ministre,
Chou
En-Laï,
figure
emblématique
de
la
révolution
chinoise,
surnommé
« l’Africain »
par
certains
milieux,
de
baliser
les
nouvelles
voies
de
coopération
sino-africaines.
En
1963-1964,
il
entreprend
une
tournée
de
trois
mois
durant
lesquels
une
dizaine
de
pays
africains
sont
visités.
Son
périple
s’est
terminé
par
la
signature
de
nombreux
accords
et
surtout
par
la
perspective
pour
Pékin
d’enrôler
le
maximum
de
pays
africains
dans
son
giron
pour
engager
la
bataille
idéologique
autour
du
concept
de
la
« théorie
des
trois
mondes ».
En
effet
dés
le
début
des
années
1970
Mao
Zedong
cheville
la
politique
étrangère
chinoise
autour
de
la
division
du
monde
en
trois
blocs
distincts.
Les
Etats-Unis
et
l'URSS
forment
le
«premier
monde»
et
se
présentent
comme
les
deux
superpuissances
impérialistes.
Les
pays
sous-développés
d'Asie,
d'Afrique,
d'Amérique
latine
constituent
le
«tiers
monde»,
ils
sont
à
la
fois
les
victimes
de
l'oppression
et
de
l'exploitation,
et
les
moteurs
essentiels
de
la
lutte
contre
l'hégémonisme
néocolonial.
Enfin
les
pays
développés
de
l'Europe
occidentale
ainsi
que
le
Japon,
le
Canada
et
l'Australie
sont
rangés
sous
le
«deuxième
monde».
Mao
établit
une
relation
de
lutte
et
de
solidarité
entre
le
deuxième
monde
et
le
tiers-monde
dans
le
cadre
de
la
lutte
contre
les
deux
grands.
Section
2 :
L’héritage
idéologique
de
la
guerre
froide
La
lutte
anticolonialiste
n’est
pas
le
seul
ferment
des
retrouvailles
sino-africaines.
En
plus
du
passé
colonial
commun
aux
deux
partenaires,
Pékin
ne
rate
aucune
occasion
de
mettre
en
valeur
l’appartenance
à
la
même
sphère
idéologique.
En
effet,
l’élan
tiers-mondiste
de
la
Chine
remonte
aux
années
1960,
point
de
départ
de
la
lutte
d’influence
qui
se
déroule
entre
Moscou
et
Pékin.
Avec
la
déclaration
de
Khrouchtchev
de
faire
de
la
coexistence
pacifique
le
socle
de
la
politique
étrangère
de
l’URSS,
la
Chine
de
Mao
crie
au
révisionnisme
et
dénonce
la
volonté
de
son
allié
russe
de
reléguer
au
second
plan
la
décolonisation
des
peuples
du
tiers
monde
et
la
solidarité
internationale
révolutionnaire.
§1.
La
rivalité
sino-soviétique
Cette
lutte
d’influence
allait
connaitre
une
forte
expression
dans
le
mouvement
des
non-alignés.
Au
plan
diplomatique,
la
Chine
remporte
sa
première
victoire
en
retrouvant
son
siège
au
Conseil
de
sécurité, en
1971,
grâce
aux
voix
africaines.
Dans
le
domaine
économique
elle
marque
sa
solidarité
en
se
signalant
par
des
réalisations
majeures :
722,5
millions
de
dollars
de
prêts
sont
accordés
dont
400
millions
pour
le
projet
de
chemin
de
fer
de
Tanzam
reliant
la
Tanzanie
à
la
Zambie.
De
1972
à
1973,
une
assistance
économique
axée
sur
les
domaines
agricole
et
médical
est
mise
en
œuvre
au
Congo,
en
Egypte,
en
Somalie,
au
Soudan,
et
en
Zambie.
Comme
le
souligne
Jean
Christophe
Servant « la
présence
chinoise
en
Afrique
se
résumait
au
technicien
venu
assister
le
pays
frère
fraîchement
affranchi
de
sa
tutelle
coloniale
et
contribuer
ainsi
à
son
essor.
Quinze
mille
médecins
et
plus
de
dix
mille
ingénieurs
agronomes
furent
alors
envoyés
vers
ce
tiers-monde
transformé
en
base
arrière
de
la
guerre
froide.12»
§2.
L’appui
aux
mouvements
de
libération
L’aide
aux
mouvements
de
libération
n’est
pas
en
reste,
notamment
en
Angola
avec
le
Mouvement
Populaire
pour
la
Libération
de
l’Angola
(MPLA)
au
Mozambique
avec
le
Front
de
Libération
du
Mozambique
(FRELIMO)
ou
au
Zimbabwe
avec
la
Zimbabwe
African
National
Unity
(ZANU)13.
Malgré
un
relatif
isolement
sur
la
scène
internationale
et
africaine
imputable
en
partie
au
triomphe
de
la
«détente
internationale»
prônée
par
Moscou,
Pékin
gardera
une
empreinte
réelle
sur
le
continent
africain
notamment
auprès
des
derniers
mouvements
de
libération,
principalement
de
l’African
National
Congress(ANC)
en
lutte
contre
le
régime
de
l’apartheid
jusqu’en
1994.
Ce
rôle
majeur
joué
par
Pékin
a
contribué
à
asseoir
l’idée
d’une
troisième
voie
résolument
anticolonialiste
et
militante.
L’héritage
idéologique
de
la
guerre
froide
se
trouve
ainsi
récupéré
dans
l’optique
de
fonder
une
nouvelle
légitimité
garante
de
rapports
bénéfiques
entre
le
« plus
grand
pays
en
voie
de
développement
(la
Chine)
et
le
plus
vaste
continent
en
développement (l’Afrique)».
Toutes
les
déclarations
officielles
des
autorités
chinoises
sur
le
partenariat
sino-africain
recèlent
un
fort
relent
d’histoire
commune.
Section
3 :
La
neutralité
et
la
non-ingérence
Pour
compléter
son
dispositif
et
mieux
rassurer
ses
partenaires,
la
Chine
entend
fonder
ses
relations
sur
la
non-ingérence
et
la
neutralité.
Cette
disposition
du
partenariat
stratégique
sino-africain
s’inscrit
dans
la
panoplie
des
actes
de
rupture
avec
le
modèle
de
développement
et
de
coopération
promu
par
les
anciennes
puissances
coloniales.
Elle
constitue
une
perpétuation
de
la
logique
de
bloc
qui
veut
que
la
Chine
et
l’Afrique,
même
après
la
fin
de
la
guerre
froide,
s’identifient
au
même
camp.
§1.
Le
recyclage
des
principes
diplomatiques
La
pierre
angulaire
de
la
nouvelle
diplomatie
chinoise
en
Afrique
apparait
comme
un
recyclage
des
cinq
principes
régissant
la
politique
étrangère
chinoise
énoncée
pour
la
première
fois
en
1953
par
Chou
En-Laï
et
qui
sont
:
1.
respect
mutuel
de
la
souveraineté
et
de
l’intégrité
territoriale;
2.
non-agression
mutuelle;
3.
non-ingérence
dans
les
affaires
intérieures;
4.
égalité
et
bénéfices
réciproques;
5.
coexistence
pacifique.
En
juillet
1992,
la
visite
africaine
du
Président
chinois
Yang
Shangkun,
au
cours
de
laquelle
furent
exposées
les
nouvelles
orientations
sino-africaines,
se
conclut
en
des
termes
qui
rappellent
le
voyage
de
Chou
En-Laï
de1953:
« la
Chine
soutient
les
pays
africains
dans
le
maintien
de
leur
souveraineté
et
de
leur
indépendance
nationale,
ainsi
que
dans
leur
lutte
contre
l’intervention
extérieure(…)
la
Chine
respecte
les
pays
africains
dans
leur
choix
d’un
système
politique
et
d’une
voie
de
développement
propre
à
leurs
conditions
nationales.»
Après
plusieurs
décennies,
ces
principes
demeurent
le
socle
des
relations
sino-africaines
et
s’affirment
aux
yeux
des
autorités
de
Pékin
comme
une
continuité.
En
2006,
le
Président
Hu
Jintao
a
réaffirmé
la
position
de
la
Chine
en
insistant
sur
le
fait
que « le
traitement
d’égal
à
égal
est
la
garantie
sûre
pour
le
renforcement
de
la
confiance
mutuelle
sino-africaine.
Nous
attachons
une
haute
importance
aux
préoccupations
de
chacun14.»
Dans
la
vision
diplomatique
chinoise,
la
contrainte
et
l’application
de
sanctions
sont
moins
efficaces
que
le
contact
bilatéral
permanent.
En
outre
la
coercition
est
souvent
génératrice
de
conflit,
d’où
l’impérieuse
nécessité
de
promouvoir
une
neutralité
absolue
dans
les
affaires
intérieures
d’un
pays
partenaire.
§2.
La
définition
d’un
nouveau
cadre
de
partenariat
Cette
orientation
de
la
nouvelle
diplomatie
chinoise
a
le
mérite
au
moins
d’être
claire.
D’une
part,
elle
dénonce
de
façon
à
peine
voilée
le
néocolonialisme.
Comme
le
mentionne
la
Déclaration
de
Beijing
issue
de
la
réunion
des
ministres
des
affaires
étrangères,
du
commerce
extérieur
et
de
la
coopération
internationale
de
Chine
et
des
pays
africains
tenue
du
10
au
12
octobre
2000,
« tous
les
états
ont
le
droit
de
participer,
sur
un
pied
d’égalité,
aux
affaires
internationales.
Aucun
pays
ou
groupe
de
pays
n’a
le
droit
d’imposer
sa
volonté
à
autrui,
ni
de
s’immiscer
dans
les
affaires
intérieures
des
autres
sous
prétexte
quelconque,
ni
de
leur
imposer
de
manière
unilatérale
des
mesures
économiques
coercitives.»
D’autre
part,
elle
annonce
l’avènement
d’une
nouvelle
ère
tournée
vers
la
proclamation
et
la
reconnaissance
d’une
Afrique
digne
d’intérêt
et
de
confiance
et
dont
les
relations
avec
le
reste
du
monde
doivent
être
dépouillées
de
toute
forme
de
conditionnalité.
Ainsi,
le
retour
africain
de
Pékin
se
trouve
grandement
facilité
par
la
capacité
de
sa
diplomatie
à
revaloriser
son
ancrage
historique
dans
le
continent
et
surtout
à
recycler
ses
principes
fondateurs
pour
les
adapter
à
ses
nouvelles
missions.
Aux
anciennes
puissances
coloniales
qui
ont
du
mal
à
sortir
du
néo-colonialisme,
Pékin
oppose
une
légitimité
historique
fondée
sur
le
militantisme
et
la
solidarité.
La
Chine
semble
paver
les
chemins
de
son
offensive
par
une
valorisation
constante
du
passé
et
une
exaltation
de
l’avenir
sino-africain.
Pierre
angulaire
du
militantisme
et
du
rayonnement
chinois
dans
les
années
1970,
la
nouvelle
diplomatie
chinoise
a
désormais
pour
rôle
de
promouvoir
cet
espace
de
développement
« gagnant-gagnant »
entre
l’Afrique
et
la
Chine.
CHAPITRE
II :
LES
MANIFESTATIONS
DE
LA
POLITIQUE
AFRICAINE
DE
LA
CHINE
La
nouvelle
politique
africaine
de
la
Chine
s’inscrit
dans
une
démarche
cohérente
qui
lie
les
besoins
de
développement
interne
du
pays
à
sa
capacité
de
sécuriser
de
manière
durable
les
moyens
nécessaires
à
sa
croissance.
Parmi
ces
derniers,
le
pétrole
occupe
une
place
prépondérante15.
La
stratégie
d’affirmation
de
la
Chine
comme
un
« Etat
fort »
suppose
que
le
pays
soit
libéré
de
toutes
formes
de
contraintes
imposées
par
d’autres
puissances
concurrentes,
et
susceptibles
d’entraver
son
indépendance,
et
par
conséquent,
son
développement.
Consciente
de
sa
grande
vulnérabilité
énergétique
depuis
qu’elle
est
devenue
grande
importatrice
de
pétrole,16
la
Chine
s’est
tournée
vers
le
continent
africain
pour
trois
raisons
majeures :
· garantir
de
manière
durable
l’approvisionnement
en
matières
premières,
essentiellement
énergétiques,
indispensables
à
la
forte
croissance
du
pays ;
· disposer
d’un
marché
peu
exigeant
dévolu
à
ses
multinationales
émergentes;
· étendre
son
influence
dans
le
monde,
notamment
dans
les
instances
internationales,
grâce
au
soutien
diplomatique
des
pays
africains.
Pour
atteindre
ces
objectifs,
les
architectes
de
la
politique
africaine
de
la
Chine
se
sont
préparés
à
relever
à
la
fois
les
défis
politiques,
économiques,
socioculturels,
voire
militaires
qui
jalonnent
le
partenariat
stratégique
sino-africain.
Section
1 :
La
mise
en
place
des
structures
politiques
Le
retour
de
Pékin
en
Afrique
se
caractérise
par
sa
volonté
de
compenser
la
faiblesse
de
son
influence
politique
sur
le
continent
par
une
série
de
mesures
susceptibles
de
rehausser
son
pavillon.
Conscient
de
la
nécessité
de
disposer
de
tribunes
sous
le
modèle
des
sommets
franco-africains
ou
des
rencontres
périodiques
du
Commonwealth,
Pékin
a
lancé
un
cycle
diplomatique
articulé
autour
d’une
visibilité
plus
grande
de
ses
dirigeants
sur
le
continent,
de
la
création
d’espaces
de
dialogue
politique
consacrée
par
le
Forum
sur
la
coopération
sino-africaine
(FCSA)
et
l’institutionnalisation
de
rencontres
annuelles
au
plus
haut
sommet.
§1.
Les
visites
d’état :
signes
du
renouveau
diplomatique
Depuis
qu’elle
a
identifié
l’Afrique
comme
un
partenaire
stratégique,
la
Chine
cherche
à
y
garantir
une
visibilité
politique
à
la
hauteur
de
ses
ambitions.
Si
dans
les
années
80,
les
séjours
des
leaders
chinois
étaient
principalement
motivés
par
le
lobbying
diplomatique
autour
de
la
question
taïwanaise,
les
visites
actuelles
sont
dirigées
vers
des
pays
à
haut
potentiel
politique
et
surtout
économique.
C’est
à
partir
de
1995
que
le
ballet
de
visites
chinoises
prend
son
véritable
envol.
Le
Premier
ministre
Li
Pong,
Qiao
Shi,
Président
du
comité
permanent
de
l’Assemblée
Populaire
Nationale,
les
3
vice-premiers
ministres,
Zhu
Rongji,
Qian
Qichen
et
Li
Lanqin,
séjournent
en
Afrique.
En
mai
1996
Jiang
Zemin,
président
de
la
RPC
et
Secrétaire
Général
du
Parti
communiste
chinois
(PCC)
se
rend
en
visite
officielle
dans
six(06)
pays
d’Afrique.
Ce
geste
fort
en
direction
du
continent
marque
le
point
de
départ
d’une
nouvelle
définition
de
la
politique
chinoise
africaine.
C’est
du
haut
de
la
tribune
de
l’Organisation
de
l’Unité
Africaine
(OUA)
à
Adis
Abéba
que
le
Président
Zemin
porte
sur
les
fronts
baptismaux
le
partenariat
stratégique
sino-africain
dans
son
allocution
intitulée
«Pour
une
nouvelle
œuvre
monumentale
dans
les
annales
de
l’amitié
sino-africaine».
Depuis
son
accession
aux
commandes
en
2003,
le
Président
Hu
Jintao
multiplie
les
signes
d’intérêt
en
direction
du
continent.
Après
sa
visite
africaine
en
janvier
2004
en
Egypte,
au
Gabon
puis
en
Algérie,
le
Président
chinois
a
séjourné
au
Maroc,
au
Nigeria
et
au
Kenya
en
avril
2006.
Ce
séjour
fait
suite
au
périple
africain
du
ministre
chinois
des
affaires
étrangères
Li
Zhaoxing
à
l’occasion
du
50eme
anniversaire
de
l’établissement
de
relations
diplomatiques
entre
la
Chine
et
l’Afrique.
Bref,
l’année
2006
marque
bien
l’année
de
l’Afrique
en
Chine,
au
point
que
le
Président
Jintao,
le
Premier
ministre
Wen
Jiabao
et
le
chef
de
la
diplomatie
Li
Zhaoxing
ont
à
eux
seuls
prêché
la
bonne
parole
dans
quinze(15)
pays
africains,
renforçant
ainsi
l’intérêt
et
le
sérieux
que
Pékin
entend
insuffler
à
cette
nouvelle
idylle
sino-africaine17.
Pour
battre
le
fer
pendant
qu’il
est
encore
chaud,
le
Président
Jintao
a
entamé
une
nouvelle
tournée
africaine
consacrée
à
dix(10)
pays
en
janvier-février
2007.
L’ardeur
de
la
diplomatie
chinoise
est
à
la
dimension
de
l’ambition
de
Pékin
de
formaliser
ses
échanges
avec
le
continent
à
travers
des
structures
viables.
§2.
Les
espaces
de
dialogue :
le
Forum
sur
la
Coopération
Sino-Africaine
Pour
donner
un
cadre
d’expression
durable
au
nouveau
partenariat,
Pékin
s’est
vite
rendu
compte
que
la
coopération
amorcée
et
les
retombées
politiques
des
différentes
tournées
de
ses
dirigeants
avaient
besoin
d’une
instance
formelle
pour
éclore.
C’est
ainsi
que
du
10
au
12
octobre
2000,
la
première
conférence
du
FCSA
réunit
à
Pékin
45
pays
africains,
de
nombreuses
organisations
internationales
et
régionales,
ainsi
que
les
représentants
du
secteur
privé.
Cette
première
initiative
regroupe,
outre
le
Secrétaire
Général
de
l’OUA,
quatre
chefs
d’Etats
africains
(d’Egypte,
de
Zambie,
du
Togo
et
de
Tanzanie).
La
rencontre
est
sanctionnée
par
deux
textes
importants :
la
Déclaration
de
Beijing
et
le
Programme
pour
la
coopération
sino-africaine.
Elle
est
marquée
également
par
un
geste
fort
qui
ne
manquera
pas
de
susciter
l’intérêt
des
chefs
d’Etats
n’ayant
pas
fait
le
déplacement.
En
effet,
Pékin
annule
une
partie
de
la
dette
des
pays
africains
à
hauteur
de
10
milliards
de
dollars
et
prend
date
pour
l’avenir.
Trois
ans
plus
tard,
c’est
au
tour
d’Addis-Abeba
d’accueillir
le
second
FCSA
du
25
au
26
novembre
2003.
En
plus
d’une
participation
plus
étoffée
des
chefs
d’Etats
africains,
Pékin
réussit
à
faire
admettre
la
nécessité
d’institutionnaliser
ce
type
de
rencontre.
Un
Plan
d’Action
2004-2006
est
adopté
en
attendant
la
messe
de
2006
qui
verra
la
Chine
récolter
les
fruits
du
travail
minutieux
de
sa
diplomatie.
Quarante-huit
pays
africains
dont
quarante
et
un
chefs
d’Etat
et
de
gouvernements
ont
assisté
à
la
troisième
session
du
FCSA
du
4
au
5
novembre
2006.
Coïncidant
avec
l’anniversaire
du
cinquantenaire
de
l’établissement
des
relations
diplomatiques
avec
l’Afrique
(l’Egypte
nassérienne
avait
établi
ses
relations
diplomatiques
en
1956
avec
la
RPC),
ce
sommet
marque
l’apothéose
et
atteste
du
succès
de
l’offensive
lancée
par
la
Chine
en
direction
de
l’Afrique.
C’est
le
plus
grand
événement
sino-africain
depuis
la
proclamation
de
la
RPC.
Qualifié
d’historique
par
la
plupart
des
participants,
le
sommet
est
perçu
comme
l’antithèse
des
rencontres
franco-africaines
ou
les
sommets
du
Commonwealth.
L’objectif
semble
atteint
pour
Pékin
si
l’on
en
juge
par
cette
déclaration
du
Président
algérien
Abdelaziz
Bouteflika,
à
l’issue
du
sommet : « la
Chine
et
l’Afrique
peuvent,
en
effet,
tabler
sur
un
partenariat
de
type
nouveau,
mutuellement
avantageux
et
qui
n’a
pas
à
pâtir
des
conséquences
de
l’histoire
coloniale
et
de
celles,
dommageables,
induites
par
une
aide
au
développement
paternaliste.18 »
Le
sommet
a
adopté
une
Déclaration
de
Pékin
et
un
plan
d’action
2007-2009.
Mieux
la
Chine
a
comblé
ses
visiteurs
d’une
générosité
jusque
là
jamais
atteinte19.
Ainsi
en
misant
sur
la
diplomatie
pour
réussir
l’ouverture
de
la
Chine
au
monde
et
conforter
ses
chances
de
développement,
Deng
Xiaoping
l’artisan
de
la
Chine
moderne
posait
en
filigrane
les
exigences
de
la
politique
extérieure
chinoise
en
Afrique.
Ses
successeurs
Zeming
et
Jintao
ont
compris
que
la
coopération
militante
teintée
d’idéologie
tiers-mondiste
devait
céder
le
pas
à
une
approche
pragmatique
centrée
avant
tout
sur
les
intérêts
de
la
Chine.
Réalisme
et
pragmatisme
semblent
être
les
leviers
sur
lesquels
s’appuie
Pékin
pour
mettre
en
œuvre
sa
diplomatie
économique
et
commerciale
en
Afrique,
poumon
de
sa
stratégie
de
puissance.
Section
2 :
La
diplomatie
économique
et
commerciale
Si
le
rayonnement
politique
de
la
Chine
en
Afrique
ne
souffre
d’aucun
doute
à
la
lumière
des
visites
consacrées
par
ses
dignitaires
au
continent,
la
dimension
économique
de
la
pénétration
chinoise
quant
à
elle,
est
révélatrice
des
ambitions
de
Pékin.
L’indicateur
manifeste
de
cette
percée
réside
dans
les
chiffres
vertigineux
illustrant
la
croissance
du
commerce
sino-africain.
De
20
milliards
à
l’été
2004,
le
commerce
sino-africain
est
passé
à
37
milliards
de
dollars
en
2005.
Ces
chiffres,
qui
ne
souffrent
d’aucune
ambiguïté
quant
aux
visées
économiques
de
Pékin,
rendent
compte
d’une
réalité
multiforme
qui
se
décline
en
une
série
de
stratégies
ciblées.
En
premier
lieu,
« la
diplomatie
énergétique »,
au
cœur
des
priorités
chinoises,
fait
l’objet
d’un
traitement
privilégié
dans
le
partenariat
sino-africain.
Il
s’y
ajoute
que
Pékin,
dans
sa
logique
commerciale
à
long
terme
est
en
train
de
promouvoir
un
modèle
chinois
qui
remet
en
cause
les
pratiques
traditionnelles
d’aide
au
développement
mises
en
œuvre
par
les
institutions
financières
internationales
(Banque
mondiale,
FMI)
et
les
anciennes
puissances
coloniales.
Enfin
cette
stratégie
d’ensemble
s’accompagne
de
la
mise
en
place
progressive
sur
le
continent
d’un environnement
des
affaires
optimal
au
profit
des
multinationales
chinoises
naissantes.
§1.
La
diplomatie
pétrolière :
le
cœur
de
la
stratégie
chinoise
En
1993,
la
Chine
devient
importatrice
de
pétrole.
Pour
faire
face
à
l’accroissement
de
la
production
nationale
en
brut
elle
doit
venir
à
bout
de
plusieurs
obstacles.
En
effet,
Pékin
ne
dispose
pas
de
savoir-faire
technologique
pour
exploiter
ses
réserves
naturelles
à
cause
des
contraintes
géologiques
et
surtout
en
raison
de
ses
raffineries
inadaptées
pour
traiter
la
haute
teneur
en
sulfure
du
pétrole
chinois.
A
ces
contraintes
d’ordre
technique
s’ajoute
une
raison
géopolitique
majeure :
la
Chine,
depuis
les
conséquences
énergétiques
de
la
rupture
avec
l’URSS
dans
les
années
60,
a
toujours
redouté
un« energy
containement ».
Pierre
Antoine
Braud
en
conclut
que « la
croissance
économique
chinoise
pouvant
être
remise
en
cause,
il
s’agit
pour
Pékin
de
diversifier
ces
sources
d’approvisionnements,
sans
recourir
au
marché
international,
mais
en
obtenant
un
contrôle
durable
de
l’exploitation
et
de
la
production20.»
Ces
raisons
expliquent
que
l’Afrique
soit
devenue
la
troisième
zone
d’internationalisation
des
compagnies
pétrolières
chinoises,
attirées
principalement
par
les
trois
grands
pays
producteurs
que
sont
le
Soudan,
l’Angola
et
le
Nigeria.
Abritant
9%
des
réserves
pétrolières
mondiales
et
assurant
11%
de
la
production,
l’Afrique
est
la
terre
promise dont
rêve
la
Chine
pour
diversifier
ses
approvisionnements.
La
diplomatie
énergétique
de
la
Chine
se
présente
le
plus
souvent
sous
la
forme
d’une
offre
multidimensionnelle
pour
les
pays
d’accueil.
Ces
derniers
ont
souvent
en
commun
les
caractéristiques
suivantes :
implantés
dans
des
zones
de
crise
désertées
par
les
majors
pétroliers
occidentaux
(cas
de
l’Angola
et
du
Soudan),
ils
sont
souvent
engagés
dans
un
bras
de
fer
avec
la
communauté
internationale
pour
des
raisons
de
politique
intérieure;
ils
disposent,
par
ailleurs,
de
réserves
pétrolières
peu
convoitées
ou
n’offrant
aucune
rentabilité
immédiate.
La
stratégie
d’implantation
des
compagnies
pétrolières
chinoises
s’adapte
au
cas
de
chaque
pays.
A.
Le
Soudan :
pétrole
contre
soutien
diplomatique
En
1997,
dans
un
Soudan
en
proie
à
la
guerre
civile
entre
le
Nord
et
le
Sud,
l’entreprise
d’Etat
la
China
National
Petroleum
Corporation
(CNPC)
s’engage
à
exploiter
dans
le
cadre
d’une
joint
venture
(avec
une
firme
malaisienne
et
une
autre
canadienne)
les
gisements
du
sud
de
pays,
plus
exactement
dans
le
bassin
de
Muglad
avec
un
investissement
global
d’un
milliard
de
dollars.
La
CNPC
a
« importé »
2000
ouvriers
chinois21
pour
réaliser
un
oléoduc
de
1600
km
reliant
les
champs
pétrolifères
de
Muglad
à
la
Mer
Rouge.
Aujourd’hui,
le
Soudan
fournit
7,5%
des
importations
totales
de
la
Chine.
Ces
investissements
ont
été
réalisés
dans
une
zone
en
proie
à
une
longue
guerre
civile
au
cours
de
laquelle,
l’Etat
soudanais,
bien
que
marginalisé,
a
été
approvisionné
en
armes
par
la
Chine.
Comme
le
souligne
le
Rapport
d’Amnesty
International
de
2006,
la
Chine
a
livré
des
armes
au
gouvernement
de
Khartoum
accusé
de
génocide
au
Darfour.
Marie-France
Cros
ajoute,
à
ce
propos,
que « Pékin
n'a
pas
d'états
d'âme.
Quand
le
gouvernement
soudanais,
entre
1999
et
2001,
déplace
par
une
politique
de
terre
brûlée
des
centaines
de
milliers
de
civils
dans
les
zones
pétrolières
(…)
pour
y
laisser
le
champ
libre
aux
entreprises,
la
Chine
n'en
a
cure,
tandis
que
les
sociétés
occidentales
-
comme
la
canadienne
Talisman,
qui
a
dû
quitter
le
Soudan
après
une
campagne
d'ONG
canadiennes
-
sont
soumises
à
une
forte
pression
dans
leurs
pays.22 »Devant
le
tollé
soulevé
par
de
tels
agissements,
l'agence
de
presse
officielle,
Chine
Nouvelle,
justifiait,
en
décembre
2005,
la
position
chinoise
en
des
termes
sans
équivoque:« La
Chine
n'a
jamais
lié
son
aide
à
l'Afrique
à
des
conditions
politiques (…)
sauf
une :
que
les
partenaires
africains
de
Pékin
rompent
avec
Taipei.»
Fidèle
à
sa
politique
de
non-ingérence,
Pékin
continue
d’apporter
un
soutien
manifeste
au
Soudan
comme
l’illustre
l’exemple
de
la
résolution
1567
du
Conseil
de
Sécurité
des
Nations
Unies
sur
le
Darfour
adoptée
en
2004,
texte
fortement
tempérée
grâce
à
l’action
de
la
Chine.
B.
L’Angola :
pétrole
contre
soutien
économique
La
pratique
de
la
diplomatie
énergétique
chinoise
se
révèle
également
efficace
en
Angola,
pays
meurtri
par
plusieurs
décennies
de
guerre
et
devenu
aujourd’hui
le
premier
fournisseur
de
pétrole
de
la
Chine
en
Afrique
subsaharienne.
Tirant
profit
de
son
long
compagnonnage
avec
le
gouvernement
de
Luanda,
notamment
la
vente
régulière
d’armes
pendant
la
guerre
de
libération
angolaise
des
années
1970,
et
de
l’affaiblissement
des
intérêts
français
consécutif
à
l’Affaire
Falcone,
la
China
Petroleum
&
Chemical
Corporation
(CPCP)
réussit
en
novembre
2004,
à
arracher,
devant
la
compagnie
française
Total,
l’exploitation
du
bloc
3/80
au
nord
du
pays.
Cette
belle
percée
coïncide
avec
les
tentatives
du
Fonds
Monétaire
International
(FMI)
et
de
la
Banque
mondiale
(BM)
d'amener
Luanda,
à
plus
de
transparence
sur
les
fonds
pétroliers :
l'Angola,
alors
3éme
sur
102
pays
les
plus
corrompus
selon
Transparency
International,
avait
vu,
en
2001,
un
tiers
des
revenus
de
l'Etat
s'évaporer,
alors
qu'un
quart
de
la
population
souffrait
de
famine
et
attendait
une
aide
alimentaire
extérieure.
Pékin
mit
alors
à
la
disposition
de
Luanda
un
prêt
de
2
milliards
de
dollars
à
1,5%
d’intérêts
sur
17
ans,
en
échange
de
10.000
barils
de
pétrole
par
jour.
Les
autorités
angolaises
pouvaient
désormais
s’opposer
au
FMI
et
à
la
BM.
C.
Le
Nigeria :
pétrole
contre
promesses
diplomatiques
Dans
le
cas
du
Nigeria,
« la
Chine
a
abouti
à
un
lien
où
se
mêlent
commerce,
matières
premières
et
soutien
politique »,
selon
Chung-lian
Jiang.23
Au
cours
de
sa
visite
d’avril
2006
au
Nigeria,
le
président
Hu
Jintao
a
finalisé
un
accord
portant
sur
quatre
licences
d’exploitations
pétrolières.
Des
investissements
de
l’ordre
de
4
milliards
de
dollars
dans
l’infrastructure,
les
centrales
électriques
et
les
services
téléphoniques
sont
annoncés.
Parallèlement,
la
China
National
Offshore
Oil
Corporation
(CNOOC)
a
déjà
acquis
45%
des
parts
de
la
concession
pétrolière
d’Apko
dont
la
production
est
prévue
pour
2008,
illustrant
la
stratégie
chinoise
basée
sur
le
long
terme.
Enfin,
depuis
2005,
le
Nigeria
s’est
engagé
à
fournir
30 000
barils
de
pétrole
par
jour
durant
cinq
(5)
ans
à
Petrochina,
une
compagnie
publique
chinoise.
Si
les
prédécesseurs
du
président
Hu
Jintao
avaient
accordé
leur
soutien
politique
au
dictateur
nigérian
Sani
Abacha,
l’actuelle
diplomatie
chinoise
valse
sur
le
soutien
potentiel
qu’elle
pourrait
apporter
au
Nigeria
engagé
dans
la
course
à
un
siège
permanent
africain
au
Conseil
de
Sécurité
de
l’ONU24.
Grosso
modo,
c’est
à
une
vraie
diplomatie
pétrolière
articulée,
en
fonction
des
circonstances,
à
un
soutien
politique,
économique
ou
diplomatique
que
se
livre
Pékin
en
Afrique.
Cette
politique
énergétique
menée
de
main
de
maître,
n’occulte
pas
les
efforts
chinois
de promouvoir
« un
modèle
de
développement »
en
rupture
totale
avec
le
paradigme
occidental.
§2.
La
promotion
d’un
modèle
chinois :
une
nouvelle
logique
de
l’aide
La
présence
chinoise
en
Afrique
s’inscrit
dans
une
stratégie
globale
de
contournement
des
puissances
occidentales
concurrentes
que
sont
principalement
les
Etats-Unis
et
l’Union
européenne.
Elle
s’appuie
principalement
sur
l’exaltation
du
passé
commun
entre
l’Afrique
et
la
Chine
et
de
la
coopération sud-sud.
En
érigeant
le
principe
de
non-ingérence
et
de
neutralité
comme
socle
de
sa
coopération,
la
Chine
dissocie
le
développement
économique
des
réformes
politiques
et
propose
un
modèle
de
développement
contraire
à
la
politique
d’aide
conditionnée
jusque
là
en
vigueur
du
coté
de
l’Occident.
Pour
Pékin,
la
démocratie
est
fille
de
la
prospérité
économique
et
non
le
contraire.
C’est
pourquoi,
le
Livre
blanc
sur
la
politique
africaine
insiste
sur « le
respect
du
libre
choix
des
pays
africains
quant
à
leur
voie
de
développement.»
La
Chine,
tirant
les
leçons
de
sa
coopération
avec
le
continent
à
l’issue
d’une
réunion
de
tous
les
Ambassadeurs
chinois
en
poste
en
Afrique
en
1995,
a
profondément
modifié
sa
politique
d’aide
au
développement.
Cette
nouvelle
politique
de
l’aide
découle
de
l’importance
de
ses
réserves
estimées
à
plus
d’un
milliard
de
dollars.
Alors
que
jusque
là
la
Chine
s’était
limitée
à
les
convertir
en
bons
de
trésor
américain
ou
en
rentes
libellées
en
dollars,
elle
a
décidé
de
les
utiliser
à
des
fins
géostratégiques,
en
se
lançant
dans
une
politique
d’investissements,
notamment
en
Afrique,
pour
renforcer
son
indépendance
énergétique.
D’après
le
département
Afrique
du
Ministère
chinois
des
Affaires
étrangères,
l’aide
extérieure
chinoise
se
fait
sous
les
trois
formes
suivantes
:
le
prêt
bonifié
préférentiel,
les
projets
d’entreprises
à
cogestion
ou
à
capitaux
mixtes,
et
l’aide
sans
contrepartie.
La
pratique
du
prêt
préférentiel
a
déjà
fait
ses
preuves
en
Angola
où
des
investisseurs
chinois,
malgré
l’ire
du
FMI
et
de
la
BM,
ont
mis
à
la
disposition
de
ce
pays
5
millions
de
dollars.
Avec
la
politique
des
projets
d’entreprises,
Pékin
étend
sa
politique
énergétique
à
l’acquisition
des
matières
premières
autres
que
le
pétrole
en
combinant
le
développement
des
infrastructures
et
l’extraction
des
minerais.
C’est
ainsi
que
des
sociétés
chinoises
sont
activement
engagées
dans
l’exploitation
du
cuivre
et
du
cobalt
en
Zambie
et
en
République
Démocratique
du
Congo,
du
charbon
au
Mozambique25.
Cette
exploitation
s’accompagne
le
plus
souvent
du
développement
d’infrastructures
faisant
accepter
l’idée
que
Pékin
contribue
au
développement
du
tissu
industriel
comme
l’illustre
la
réfection
des
infrastructures
routières
ou
ferroviaires,
en
Angola,
au
Zimbabwe,
au
Nigeria,
en
Ethiopie
et
au
Gabon.
Quant
à
l’aide
sans
contrepartie,
elle
se
traduit
le
plus
souvent
par
des
réalisations
de
prestige,
ces
« éléphants
blancs »
souvent
dénoncés
par
la
coopération
occidentale
à
cause
des
énormes
budgets
de
maintenance
qu’ils
impliquent
pour
les
pays
d’accueil.
Il
s’est
engagé,
à
l’issue
du
sommet
sino-africain
de
novembre
2006,
de
construire
gratuitement
un
siège
pour
l’Union
Africaine
à
Addis-Abeba.
L’aide
sans
contrepartie
s’accompagne
également
d’annulation
périodique
de
dettes
et
de
la
mise
en
place
de
coopérants
chinois
dans
divers
secteurs.
En
2004,
on
dénombrait
environ
61 000
coopérants
chinois
en
Afrique.
Au
total
Pékin
consacre
45%
de
son
aide
au
développement
à
l’Afrique
grâce
à
une
politique
d’investissement
multiforme
qui
a,
selon
le
président
algérien
Abdelaziz
Bouteflika,
permis
à
l’Afrique
d’atteindre
un
taux
de
croissance
de
l’ordre
de
6%,
son
taux
le
plus
élevé
de
ces
trente
dernières
années26.
Le
modèle
chinois
semble
faire
des
émules
au
point
que
Jawad
Kerdoudi
pense
que
« l’Afrique
pourra
prendre
exemple
sur
la
Chine
pour
son
développement.
Le
modèle
chinois
a
fait
ses
preuves,
puisqu’il
permet
un
taux
de
croissance
le
plus
élevé
du
monde,
et
qu’il
a
tiré
de
la
pauvreté
des
millions
de
personnes27.»
La
nouvelle
logique
commerciale
demeure
toujours
portée
par
le
concept
clé
du
« gagnant-gagnant »,
si
chère
à
la
Chine.
C’est
d’ailleurs
la
principale
arme
brandie
par
les
autorités
chinoises
contre
les « donneurs
de
leçons »
de
l’Occident,
mais
surtout
pour
présenter
sa
coopération
avec
l’Afrique
comme
dénuée
de
tout
esprit
d’exploitation
et
de
mercantilisme.
Comme
le
souligne
Valérie
Niquet
« la
Chine
offre
un
partenariat
stratégique
fondé
sur
le
respect
sourcilleux
de
la
non-ingérence,
le
rejet
de
toute
légitimité
morale
de
l’Occident
et
la
mise
en
avant
du
concept
de
spécificité
des
valeurs,
opposé
à
l’universalisme
des
principes
occidentaux28.»
§3.
La
structuration
de
l’environnement
des
affaires
Au
cours
des
différents
forums
sino-africains,
la
Chine
a
progressivement
travaillé
à
élargir
sa
coopération
dans
les
domaines
du
commerce,
de
l’investissement
et
de
la
technologie.
Au
niveau
commercial,
Pékin
a
tissé
un
réseau
dense
de
structures
d’échanges
centré
sur
l’existence
de
49
délégations
commerciales
et
de
chambres
de
commerce
sino-africaines.
A
ce
jour,
elle
a
établi
onze
(11)
centres
de
promotion
des
investissements
et
du
commerce
sur
le
continent.
Comme
en
Asie
du
Sud-est
et
en
Asie
centrale,
la
Chine
entend
obtenir
un
accord
de
libre-échange
avec
le
marché
commun
d’Afrique
orientale
et
australe
(Common
Market
for
Eastern
and
Southern
Africa
ou
COMESA).
Lors
du
dernier
FCSA,
elle
a
exprimé
son
vœu d’ouvrir
davantage
le
marché
chinois
aux
pays
africains
et
de
porter,
de
190
à
plus
de
440,
le
nombre
des
produits
bénéficiant
d’un
tarif
douanier
zéro
et
en
provenance
des
pays
africains
les
moins
avancés
ayant
des
relations
diplomatiques
avec
la
Chine;
de
créer,
au
cours
des
trois
prochaines
années,
trois(3)
à
(5)cinq
zones
de
coopération
économique
et
commerciale
dans
des
pays
africains.
Cette
démarche
s’inscrit
clairement
dans
une
logique
commerciale
concurrente
avec
des
mécanismes
de
même
nature
comme
l’African
Growth
Opportunity
Act
(AGOA)
lancé
par
les
Etats-Unis
en
décembre
2006
ou
les
Accords
Union
Européenne
–Afrique
Caraïbes
Pacifique
(UE-ACP).
Dans
le
domaine
des
investissements,
la
Chine
se
signale
de
plus
en
plus
par
sa
volonté
de
participer
aux
flux
financiers
mondiaux.
Cette
politique
d’investissement
en
Afrique
est
principalement
articulée
autour
de
l’acquisition
de
gisements
de
matières
premières (dont
le
bois
et
les
minerais),
et
de
la
recherche
de
partenariats
nécessaires
à
l’accès
et
à
l’approvisionnement
en
énergie.
Le
modus
operandi
en
matière
d’investissement
est
souvent
invariable.
Il
commence
par
le
montage
d’une
joint-venture
avec
une
entreprise
locale
ou
internationale
pour
acquérir
des
droits
d’exploration
et
d’exploitation
(cas
au
Soudan)
puis
s’enchaîne
avec
l’importation
du
matériel
et
de
la
main
d’œuvre
de
Chine
pour
la
réalisation
des
infrastructures
(routes
et
oléoducs)
nécessaires
à
l’acheminement
du
pétrole
vers
les
sites
portuaires.
Cette
politique
d’investissement
s’inscrit
dans
une
stratégie
globale
de
sécurité
énergétique
et
ne
se
soucie
guère
de
rentabilité
immédiate,
ce
qui
accroît
d’avantage
les
chances
de
la
Chine
de
supplanter
les
institutions
financières
classiques
occidentales.
Pour
mieux
promouvoir
les
investissements,
la
Chine
est
maintenant
présente
dans
le
secteur
bancaire.
C’est
ainsi
qu’en
2000
Eximbank
(une
banque
d’import-export
chinoise)
a
implanté
sa
première
filiale
à
Khartoum
au
Soudan.
Lors
du
dernier
FCSA
de
novembre
2006,
environ
seize(16)
contrats
commerciaux
pour
un
montant
de
deux
(02)
millions
de
dollars
ont
été
signés.
Enfin,
la
politique
d’investissement
mise
en
place
par
Pékin
n’est
pas
du
tout
neutre.
Elle
vise
à
créer
les
conditions
d’expansion
et
d’exportation
des
firmes
chinoises
sur
le
continent
africain.
En
effet,
les
prêts
consentis
sont
généralement
destinés
à
la
construction
ou
à
la
réfection
d’infrastructures.
L’appel
d’offre
pour
la
réalisation
de
ses
marchés
est
souvent
favorable
aux
entreprises
chinoises
soumissionnaires
en
raison
de
leur
capacité
à
importer
la
main
d’œuvre
de
leur
pays.
En
Algérie,
par
exemple,
la
China
State
Construction
and
Engineering
Corporation
(CSCEC)
remporte
fréquemment
les
contrats
publics.
La
boucle
est
bouclée,
car
Pékin
retrouve
indirectement
une
partie
de
sa
mise
initiale
à
travers
ses
entreprises
de
Bâtiment
et
Travaux
Publics
(BTP),
se
fait
rembourser
son
prêt
par
les
états
débiteurs
tout
en
donnant
du
travail
à
ses
ressortissants.
Parallèlement,
le
marché
africain,
moins
exigeant
que
le
marché
occidental
sur
la
qualité
des
produits,
devient
progressivement
un
marché-test
pour
l’industrie
chinoise.
Depuis
quelques
années,
les
entreprises
chinoises
se
signalent
dans
la
construction
de
centrales
électriques
(Soudan
et
Mozambique),
s’initient
à
l’aéronautique
au
Zimbabwé
et
au
nucléaire
civil
en
Afrique
du
Sud.
Il
s’y
ajoute
que
des
milliers
de
produits
manufacturés
à
bon
prix
inondent
tout
le
continent
africain,
devenu
pour
les
firmes
chinoises
un
marché
à
haut
potentiel29.A
ce
propos,
note
François
Lafargue,
« même
si
les
entreprises
chinoises
cristallisent
le
mécontentement,
accusées
de
fraudes
douanières
et
de
livrer
une
concurrence
déloyale
à
l’économie
locale
et
informelle,
les
gouvernements
africains
restent
bienveillants,
estimant
que
l’intrusion
de
la
Chine
est
un
moyen
de
dynamiser
la
concurrence
en
permettant
de
contourner
les
circuits
commerciaux
traditionnels.»30
Ainsi,
la
mise
en
place
de
structures
politiques
aptes
à
« institutionnaliser »
le
dialogue sino-africain,
conjuguée
à
l’offensive
économique
basée
sur
la
sécurisation
de
la
politique
énergétique
chinoise
à
long
terme,
offrent
à
la
Chine
des
leviers
d’instaurer
une
coopération
bilatérale
ou
multilatérale
avec
l’Afrique
dans
d’autres
domaines
et
de
renforcer
progressivement
sa
présence
Section
3 :
La
coopération
bilatérale
ou
multilatérale
Même
si
la
diplomatie
pétrolière
demeure
au
cœur
des
préoccupations
chinoises,
il
n’en
reste
pas
moins
que
Pékin
use
d’autres
instruments
pour
asseoir
sa
position
en
Afrique.
La
gamme
d’initiatives
bilatérales
et
multilatérales
s’étend
de
la
coopération
militaire
aux
échanges
socioculturels,
en
passant
par
la
participation
aux
missions
onusiennes
de
maintien
de
la
paix.
§1.
La
coopération
militaire
sino-africaine
Aujourd’hui,
la
coopération
militaire
a
revêtu
les
mêmes
allures
que
la
coopération
économique
sous
couvert,
comme
toujours,
du
sacro
saint
principe
de
la
non-ingérence.
Elle
concerne
la
fourniture
d’armes
et
la
formation
du
personnel.
La
Chine
a
ouvert
trois
usines
de
fabrication
d’armes
légères
au
Soudan ;
des
usines
de
munitions
et
d’armes
légères
sont
implantées
au
Zimbabwe
et
au
Mali.
Des
accords
de
fourniture
de
matériels
militaires
avec
la
Namibie,
l’Angola,
le
Botswana,
le
Soudan,
l’Érythrée,
le
Zimbabwe,
les
Comores
ou
la
République
du
Congo,
sont
régulièrement
signés.
La
Chine
n’a
pas
hésité
à
vendre
au
Soudan
des
avions
de
surveillance
F-7
et
des
avions
de
transport
Y-8
en
pleine
guerre
civile,
pendant
la
période
où
ses
compagnies
pétrolières
étaient
engagées
dans
l’exploitation
des
gisements
pétroliers
de
Muglad.
Ces
ventes
sont
réalisées
le
plus
souvent
par
la
North
Industry
Corporation
(NORINCO)
et
Polytech
Industries,
la
plus
importante
firme
de
vente
d’armes
de
l’armée
chinoise.
Le
marché
africain,
comme
dans
le
domaine
des
BTP,
est
l’occasion
de
tester
un
matériel
souvent
rustique
et
peu
prisé
sur
les
marchés
occidentaux.
C’est
en
Afrique
que
la
RPC
trouve
un
débouché
pour
ses
avions
d’entraînement
K8,
fournis
à
la
Namibie,
au
Soudan
et
au
Zimbabwe.
La
Chine
pourvoit
des
hélicoptères
au
Mali,
à
l’Angola
et
au
Ghana,
de
l’artillerie
légère
et
des
véhicules
blindés
à
la
quasi-totalité
des
pays
de
la
région
australe,
ainsi
que
des
camions
militaires,
des
uniformes,
du
matériel
de
communication. La
coopération
est
particulièrement
étroite
avec
le
Zimbabwe
depuis
le
début
des
années
1980
et
s’est
renforcée
en
2004.
Pékin
lui
fournit
des
chars,
de
l’artillerie,
des
blindés
ainsi
que
des
camions,
des
vedettes
rapides
et
des
batteries
de
défense
antiaérienne.
Dans
le
domaine
de
la
formation,
on
assiste
depuis
quelques
années
à
une
augmentation
significative
du
nombre
de
stages
de
formation
militaire
dans
tous
les
domaines,
à
un
moment
où
les
portes
des
académies
militaires
européennes
sont
de
plus
en
plus
fermées
aux
élites
africaines.
La
Chine
s’est
même
engagée
à
former
dans
les
trois
prochaines
années,
environ
15000
africains,
dont
une
bonne
partie
de
militaires.
Cette
politique
d’armement
n’est
pas
sans
inquiéter
les
organisations
de
défense
des
droits
de
l’homme
comme
Amnesty
International.
Dans
un
rapport
publié
en
juin
2006,
Amnesty
épingle
les
fournitures
d’armes
chinoises
dans
les
zones
en
conflit
comme
la
RDC
où
17%
des
armes
recensées
à
Bunia,
dans
la
région
de
l’Ituri,
sont
d’origine
chinoise.
Le
même
rapport
présente
la
Chine
comme « l’un
des
pays
les
plus
secrets
et
les
plus
irresponsables
en
matière
d’exportations
d’armes ».
En
effet,
depuis
huit
ans,
Pékin
ne
publie
aucune
information
sur
ses
activités
de
transfert
d’armes
à
l’étranger
sur
le
registre
des
armes
classiques
des
Nations
Unies.
Elle
tarde
également
à
ratifier
le
traité
international
sur
le
commerce
des
armes.
§2.
Les
échanges
socioculturels
Conscient
de
la
place
de
la
culture
dans
l’affirmation
et
la
pérennisation
des
relations
sino-africaines,
Pékin
n’a
pas
voulu
que
ce
secteur
soit
en
reste.
Comme
le
note
Renaud
Delaporte, «
la
reconnaissance
de
l’identité
culturelle
du
continent
constitue
un
aspect
inhérent
de
la
politique
chinoise.
Si
le
G8
ou
l’OMC
n’ont
jamais
songé
à
inviter
des
groupes
de
danses
folkloriques
ou
d’exposer
quelque
300
pièces
de
sculpture,
de
la
peinture
de
la
poterie,
à
l’occasion
de
leurs
arides
conférences
d’experts,
les
Chinois,
eux,
ont
tout
de
suite
compris
la
nécessité31 .»C’est
ainsi
qu’en
2004,
trois
manifestations
à
caractère
culturel
ont
été
organisées,
en
l’occurrence
un
festival
international
intitulé
« Rendez-vous
à
Beijing »,
une
tournée
dite
de
la
culture
chinoise
et
un
festival
des
jeunesses
chinoise
et
africaine.
Parallèlement,
une
implantation
linguistique
est
amorcée
avec
la
création
de
la
première
station
radio
chinoise,
Radio
Chine
International
(CRI),
au
Kenya
depuis
février
2006.
A
coté
de
cet
outil
de
vulgarisation
et
d’échange,
s’ajoute
la
création
de
centre
culturel
Confucius,
au
Cameroun,
au
Zimbabwe
et
au
Kenya.
Le
dialogue
culturel
ainsi
prôné
renforce
l’opposition
de
la
Chine
aux
règles
traditionnelles
du
partenariat
Nord-Sud
dans
lequel
les
cultures
africaines
sont
reléguées
au
second
plan.
Il
demeure
toujours
au
service
d’une
logique
commerciale
bien
pensée
car « au
lieu
des
copies
de
marques
occidentales
sur
des
polos,
c’est
bientôt
des
boubous
ornés
de
logos
de
marques
chinoises
que
les
africaines
s’arracheront
sur
les
marchés.32 »
Cette
promotion
culturelle
s’appuie
également
sur
une
diaspora
chinoise
évaluée
à
130 000
personnes
en
Afrique,
et
pouvant
atteindre
officieusement
500 000
ressortissants.33La
présence
de
chinois
sur
le
continent
remonte
à
plusieurs
siècles.
Toutefois,
leur
installation
massive
dans
plusieurs
pays
africains
est
consécutive
à
l’ouverture
sur
le
monde
extérieur
voulue
par
les
autorités
chinoises,
depuis
l’application
des
mesures
de
la
réforme
initiée
par
Deng
Xiaoping.
Présents
en
Afrique
du
Sud,
à
Madagascar,
à
l’île
Maurice,
au
Kenya,
en
Tanzanie
et
en
Afrique
de
l’Ouest
(Sénégal,
Mali
etc.…)
la
communauté
chinoise
essaime
de
plus
en
plus
sur
le
continent,
portée
surtout
par
la
vague
commerciale.
Très
généralement,
il
s’agit
de
coopérants
ou
d’ouvriers
chinois
qui
sont
restés
dans
les
pays
pour
s’y
adonner
à
une
activité
commerciale.
Entreprenants,
ils
réussissent
en
quelques
années
à
se
signaler
dans
le
petit
commerce
de
produits
manufacturés
et
à
se
regrouper
dans
des
quartiers
qu’ils
finissent
par
contrôler
(développement
du
phénomène
des
China
towns).
Diffuseurs
de
la
culture
chinoise,
les
ressortissants
de
la
diaspora
constituent
avant
tout
les
relais
économiques
pour
la
distribution
des
produits
chinois,
ce
qui
les
expose
aux
protestations
des
industriels
et
commerçants
locaux.
Pékin
songe
à
compenser
le
déficit
de
son
image
par
la
promotion
de
la
coopération
touristique.
Le
Livre
blanc
sur
la
politique
de
la
Chine
en
Afrique
promet
« d’appliquer
effectivement
le
programme
des
voyages
organisés
de
citoyens
chinois
dans
des
pays
africains ;
d’augmenter,
à
la
demande
des
pays
africains
et
en
fonction
de
la
faisabilité,
le
nombre
de
destinations
touristiques
agréées
pour
les
citoyens
chinois. »
Selon
le
Bureau
d’Administration
des
Entrées
et
Sorties
du
ministère
chinois
de
la
sécurité
publique,
le
nombre
de
chinois
visitant
l’Afrique
a
doublé
entre
2005
et
2006
et
se
chiffre
aujourd’hui
à
110 000
personnes.
Le
projet
d’implantation
de
dix
villages
industriels
intégrés
en
Afrique,
dédiés
aux
entreprises
chinoises,
permettra
d’accroitre
le
nombre
de
coopérants
et
de
commerçants
chinois
sur
le
continent.
§3.
La
présence
militaire
sous
mandat
de
l’ONU
L’Afrique
constitue
pour
la
Chine
un
nouveau
champ
d’action
de
son
rayonnement
diplomatique
grâce
à
sa
participation
aux
opérations
de
maintien
de
la
paix.
En
investissant
un
tel
créneau,
Pékin
signe
en
même
temps
son
entrée
dans
un
domaine
jusque
là
réservé
aux
anciennes
puissances
coloniales,
la
France
et
la
Grande
Bretagne.
Signe
de
son
ouverture
et
de
la
place
qu’elle
accorde
au
couple
paix-développement,
la
Chine
a
envoyé
en
janvier
2003
un
premier
contingent
en
RDC
dans
le
cadre
de
la
Mission
de
l’Organisation
des
Nations
Unies
au
Congo
(MONUC)
destiné
à
assurer
un
soutien
médical.
En
2005,
un
second
contingent
a
participé
à
la
Mission
des
Nations
Unies
au
Liberia
(MINUL),
après
la
reconnaissance
de
Pékin
par
ce
pays.
A
ce
jour,
environ
1500
soldats
chinois
sont
présents
en
Afrique
dans
le
cadre
du
maintien
de
la
paix.
Il
s’y
ajoute
que
Pékin
a
aidé
financièrement
l’Union
Africaine
(UA)
pour
le
déploiement
des
casques
blancs
au
Darfour.
Cette
présence
pour
le
moment
symbolique
pourrait
être
naturellement
appelée
à
croitre
au
fur
et
à
mesure
que
les
intérêts
chinois
se
renforceront.
En
somme,
la
politique
africaine
de
la
Chine
est
désormais
rentrée
dans
un
cycle
majeur
à
travers
une
présence
multidimensionnelle
suffisamment
visible,
au
point
de
soulever
de
multiples
interrogations
dont
la
plus
importante
demeure
l’avenir
des
relations
sino-africaines.
L’engagement
et
la
détermination
des
autorités
chinoises
à
prendre
pied
sur
le
continent,
le
dynamisme
économique
de
ses
firmes
pétrolières
et
commerciales,
la
coopération
militaire
et
culturelle,
autant
de
jalons
posés
dont
les
impacts,
déjà
perceptibles,
sont
annonciateurs
de
profonds
bouleversements
dans
l’univers
des
relations
sino-africaines.
TITRE
II:
PERSPECTIVES
SINO-AFRICAINES
L’ampleur
de
l’offensive
chinoise
sur
le
continent
africain
ne
laisse
pas
indifférent
tant
les
enjeux
qu’elle
suscite
sont
multiples.
En
effet,
le
retour
remarqué
de
la
Chine
intervient
dans
un
contexte
géopolitique
mondial
caractérisé
par
la
redéfinition
d’un
nouvel
ordre
politique
et
économique
dans
lequel
l’Afrique
peine
à
trouver
des
repères. Cette
situation
survient
également
à
un
moment
critique
où
le
continent,
bien
que
traversé
par
de
multiples
conflits,
amorce
un
mouvement
de
démocratisation
sous
l’œil
« vigilant »
des
anciennes
puissances
coloniales,
mais
également
sous
la
poussée
significative
des
populations,
dont
les
aspirations
à
un
peu
plus
de
citoyenneté
ne
cessent
de
se
faire
valoir. Au
plan
économique,
la
prise
de
conscience
d’un
développement
collectif
se
fait
de
plus
en
plus
vive
et
mobilise
déjà
le
leadership
africain
à
travers
la
promotion
du
NEPAD.
Dans
ce
cadre,
la
stratégie
de
puissance
déployée
par
Pékin
ne
peut
manquer
d’entrainer
de
profonds
bouleversements
au
triple
plan
politique,
économique
et
sécuritaire.
Quels
sont
les
impacts
politiques
de
la
diplomatie
chinoise
sur
l’avenir
de
la
démocratie
en
Afrique ?
Est-elle
synonyme
d’opportunités
économiques
ou
de
périls
pour
le
développement
du
continent ?
Quels
sont
les
risques
sous-jacents
à
la
présence
chinoise
en
Afrique
dans
le
domaine
de
la
paix
et
de
la
sécurité
collective?
Autant
de
questions
qui
jalonnent
les
nouvelles
relations
sino-africaines
et
qui
exigent
sinon
des
réponses
urgentes,
du
moins
une
approche
prospective
afin
d’esquisser
les
grandes
tendances.
CHAPITRE
I :
LES
IMPACTS
POLITICO-ECONOMIQUES
DE
LA
POLITIQUE
CHINOISE
La
chute
du
mur
de
Berlin
en
novembre
1989,
n’a
pas
seulement
marqué
la
fin
des
totalitarismes
en
Europe
de
l’Est.
Elle
a
répandu
les
vents
de
la
démocratie
à
travers
les
continents
en
appelant
à
une
plus
grande
participation
des
peuples
aux
choix
de
leurs
destins
respectifs.
En
Afrique,
les
années
90
inaugurent
l’ère
des
conférences
nationales
et
de
la
démocratisation
de
la
vie
politique.
Au
cours
de
la
Conférence
de
la
Baule
de
1990,
le
Président
Mitterrand
sonne
le
glas
du
monopartisme.
A
partir
de
cette
date,
on
a
assisté
à
la
mise
en
place
progressive
de
l’aide,
désormais
jaugée
à
l’aune
des
efforts
de
démocratisation
des
régimes
africains.
Cette
approche
a
été
plus
ou
moins
maintenue
par
son
successeur
Jacques
Chirac
pour
qui,
«être
donneur
d’aide
aujourd’hui,
c’est
en
règle
générale
appartenir
à
la
grande
famille
des
nations
industrialisées
et
démocratiques.
Une
famille
qui
a
sa
culture,
ses
solidarités
et
ses
réflexes,
notamment
la
bonne
gouvernance,
la
transparence,
le
dialogue,
la
rigueur,
l’efficacité.
C’est
pourquoi
les
donneurs
tendent
à
se
détourner
des
pays
aidés
qui
ne
respectent
pas
ces
mêmes
critères
que,
par
ailleurs,
ils
s’imposent
à
eux-mêmes34.»
Cette
tendance
est
aussi
nettement
perceptible
dans
les
pays
anglophones
où
la
Grande
Bretagne
n’exclut
plus
d’user
de
sanctions
économiques
pour
condamner
les
dérives
autoritaires
des
membres
du
Commonwealth.
Ce
fut
le
cas
avec
le
Nigeria,
sous
le
régime,
du
dictateur
Sani
Abacha
ou
du
Président
Robert
Mugabé
du
Zimbabwe.
Elle
est
même
devenue
une
quasi-règle
de
la
politique
d’assistance
africaine
de
l’Union
européenne,
et
des Etats-Unis.
Dans
le
même
temps,
depuis
la
création
de
l’UA
en
2002,
des
mesures
politiques
fermes
visant
à
promouvoir
la
stabilité
des
pays
africains
sont
adoptées,
parmi
celles-ci,
le
refus
de
reconnaissance
des
pouvoirs
issus
de
putsch
militaire.
Grosso
modo,
le
retour
de
la
Chine
survient
à
un
moment
où
la
recherche
d’un
environnement
politique
stable,
commandé
par
des
règles
de
dévolution
du
pouvoir
transparentes,
est
en
marche.
Dans
le
même
temps,
la
percée
chinoise
est
en
voie
de
modifier
profondément
les
perspectives
de
développement
économique
du
continent.
Section
1.
Les
menaces
sur
l’Etat
démocratique
et
l’intégration
politique
En
plaçant
ses
relations
avec
les
pays
africains
sur
le
socle
immuable
et
sacro-saint
de
la
« neutralité
et
de
la
non-ingérence »,
la
diplomatie
chinoise
semble
constituer
un
frein
à
l’émergence
de
l’Etat
de
droit
en
Afrique.
Dans
le
même
temps,
elle
retarde
l’intégration
politique
du
continent
tout
en
donnant
à
Pékin
les
moyens
de
son
rayonnement
dans
les
instances
internationales
au
détriment
des
puissances
concurrentes.
§1.
Les
menaces
sur
l’Etat
démocratique
A.
Le
bouclier
chinois
ou
les
risques
de
promotion
de
la
mal
gouvernance
Pour
sauvegarder
ses
relations
commerciales
et
dans
le
but
de
rester
fidèle
à
sa
« diplomatie
de
non-rupture »,
Pékin
n’hésite
pas
à
user
de
son
statut
de
membre
permanent
du
Conseil
de
Sécurité
de
l’ONU
pour
défendre
ses
alliés.
C’est
ainsi
qu’en
juillet
et
septembre
2004,
elle
a
menacé
d’utiliser
son
droit
de
veto
pour
bloquer
l’adoption
de
sanctions
politiques
et
pétrolières
contre
le
Soudan
accusé
de
génocide
au
Darfour.
En
avril
2005,
elle
s’est
abstenue
au
cours
de
la
saisie
de
la
Cour
Pénale
Internationale
(CPI)
visant
à
traduire
en
justice
les
responsables
soudanais
supposés
impliqués
dans
des
crimes
de
guerre
au
Darfour.
Aujourd’hui,
le
Soudan
s’oppose
toujours
au
déploiement
de
troupes
onusiennes
sur
son
sol,
avec
le
soutien
discret
de
Pékin.
Afin
de
faire
face
à
son
isolement
international,
le
Président
Robert
Mugabe
du
Zimbabwe
a
entrepris
une
politique
d’ouverture
en
direction
des
entreprises
chinoises.
En
retour,
le
Premier
ministre
chinois
n’a
pas
manqué
d’exprimer
le
soutien
de
la
Chine
à
la
réforme
agraire
au
Zimbabwe.
Charmé
par
Pékin,
Robert
Mugabe
n’a
pas
pu
s’empêcher
de
déclarer
en
mai
2005
à
l’occasion
du
25e
anniversaire
de
l’indépendance
de
son
pays:«Il
nous
faut
nous
tourner
vers
l’Est,
là
où
se
lève
le
soleil.»
En
Ethiopie,
les
appels
pressants
des
Etats-Unis
en
faveur
de
l’organisation
d’élections
transparentes
en
2005
ont
été
ignorés
par
le
parti
au
pouvoir
qui «prônait
un
rapprochement
avec
Pékin
comme
alternative35.»
Par
ailleurs
au
Nigeria,
malgré
les
multiples
condamnations
du
régime
autoritaire
de
Sani
Abacha
par
la
communauté
internationale,
la
Chine
s’était
montrée
très
conciliante,
poursuivant
résolument
sa
politique
énergétique
avec
ce
pays.
De
même
en
Angola,
la
RPC
est
accusée
par
les
organisations
non
gouvernementales
de
soutenir
indirectement
la
campagne
électorale
du
Président
Eduardo
Dos
Santos,
par
le
financement
de
nombreux
projets
électoralistes
du
parti
au
pouvoir.
Cette
situation
représente
une
menace
pour
l’édification
de
l’Etat
de
droit
en
Afrique.
En
premier
lieu,
le
soutien
de
la
Chine
constitue
une
bouée
de
sauvetage
à
des
régimes
politiques
souvent
décriés.
Elle
perpétue
ensuite
la
mal
gouvernance
politique
du
continent
sous
prétexte
de
respect
de
la
souveraineté
des
Etats.
Enfin,
elle
est
à
même
de
saper
les
efforts
des
organisations
des
droits
de
l’homme
soucieuses
de
hisser
les
pays
africains
au
peloton
des
nations
respectueuses
des
standards
en
matière
de
droits
élémentaires
de
la
personne.
En
effet
l’avenir
politique
du
continent
africain
est
étroitement
lié
à
sa
capacité
de
s’insérer
dans
la
communauté
internationale
à
tous
points
de
vue.
Comme
le
souligne
Yves
Alexandre
Chouala
« le
partenariat
entre
l’Afrique
et
les
pays
développés
repose
sur
des
éléments
essentiels
–respect
des
droits
de
l’homme
et
des
libertés
fondamentales,
démocratisation
de
la
vie
politique
–
qui
fonctionnent
sinon
comme
des
contraintes
axiologiques
du
moins
comme
des
valeurs
politiques
dont
dépendent
tout
à
la
fois
la
modernisation
et
la
civilisation
de
la
figure
internationale
des
États.36»
C’est
dire
que
dans
le
domaine
des
valeurs
politiques
fondatrices
de
la
modernisation,
le
partenariat
stratégique
sino-africain
n’offre
guère
de
perspectives
politiques
viables
tant
la
Chine
elle-même
continue
d’être
régulièrement
mise
au
ban
des
accusés
sur
les
questions
des
droits
de
l’homme.
Loin
d’imprimer
aux
pays
africains
des
valeurs
idéologiques
et
politiques
de
l’Occident,
l’enjeu
est
de
fonder
l’ordre
international
autour
de
critères
sélectifs
nettement
identifiables
et
mesurables.
Comme
le
note
Louis
Michel,
Commissaire
européen
au
développement
et
à
l’aide
humanitaire, « il
ne
s'agit
plus,
aujourd'hui,
de
considérer
l'Afrique
avant
tout
comme
un
"bénéficiaire"
ou
un
"continent
en
développement'
voire
"sous-développé",
mais
bien
comme
un
partenaire
à
part
entière,
un
nouvel
acteur
du
système
multipolaire
mondial,
doté
des
attributs
de
la
puissance
politique,
économique
et
stratégique
et
capable
de
relations
normales
avec
d'autres
pôles
mondiaux37.»
B.
La
dissociation
du
couple
économie-politique
La
proclamation
de
la
non-ingérence
dans
les
affaires
intérieures
des
Etats
africains,
même
fondée
en
droit,
pose
problème
dans
le
contexte
de
déficit
démocratique
du
continent.
A
ce
titre,
à
l’étape
actuelle
de
l’insertion
de
l’Afrique
dans
le
concert
des
nations
démocratiques,
le
partenariat
chinois
étale
une
insuffisance
de
taille
comparée
à
l’AGOA
ou
aux
Accords
(UE-ACP)
de
Cotonou.
L’AGOA
est
une
loi
visant
à
promouvoir
le
commerce
entre
l’Afrique
et
les
Etats-Unis
sous
la
bannière
de
la
promotion
de
critères
politiques
très
sélectifs
allant
de
la
démocratisation,
à
la
libéralisation,
en
passant
par
la
bonne
gouvernance
et
le
respect
des
droits
de
l’homme.
Quatorze
pays
africains
ont
été
exclus
de
cette
nouvelle
loi
qui
autorise
l’entrée
aux
États-Unis
en
franchise
de
douane
et
sans
quota
jusqu’en
2008
des
produits
provenant
du
continent
africain.
Il
s’agit
de
l’Angola,
du
Burkina,
du
Burundi,
des
Comores,
de
la
Côte
d’Ivoire,
de
la
Gambie,
de
la
Guinée
Équatoriale,
du
Liberia,
de
la
Namibie,
de
la
République
Démocratique
du
Congo,
de
la
Somalie,
du
Soudan,
du
Togo,
du
Zimbabwe.
Quand
à
l’Union
Européenne,
elle
n’avait
pas
hésité
à
suspendre
sa
coopération
en
1990
avec
le
Soudan
(signataire
des
accords
de
Lomé
Europe-ACP)
pour
non
respect
des
droits
de
l’homme,
de
la
démocratie
et
du
processus
de
paix.
Elle
a
réitéré,
en
mars
2007,
sa
volonté
de
suspendre
son
aide
au
Soudan
face
au
refus
des
autorités
de
ce
pays
d’autoriser
un
déploiement
de
casques
bleus
au
Darfour.
Le
forum
sino-africain
de
novembre
20006
a
proposé
une
initiative
similaire
sans
aucune
condition
politique,
offrant
ainsi
une
alternative
à
des
pays
récalcitrants
ou
poussifs
dans
le
respect
des
droits
de
l’homme.
Comme
le
faisait
remarquer
le
sous-secrétaire
d'État
américain
adjoint
aux
affaires
africaines,
M.
Michael
Ranneberger,
le
28
juillet
2006
devant
la
sous-commission
des
affaires
africaines
de
la
Chambre
des
représentants:« La
Chine,
a
une
influence
croissante
sur
le
continent
africain,
et
on
peut
craindre
qu'elle
ait
l'intention
d'aider
les
dictateurs
africains,
d'obtenir
une
mainmise
sur
les
richesses
naturelles
précieuses
de
l'Afrique
et
de
détruire
la
plupart
des
progrès
que
les
pays
africains
ont
réalisés
ces
quinze
dernières
années
en
matière
de
démocratisation
et
de
gestion
des
affaires
publiques38. »
§2.La
remise
en
cause
de
l’intégration
politique
du
continent
A.
Vers
le
retour
du
nationalisme
Le
partenariat
stratégique
sino-africain
survient
également
dans
un
contexte
politique
dominé,
par
la
mise
en
œuvre
d’un
agenda
africain
centré
sur
la
recherche
d’une
plus
grande
intégration
politique
du
continent.
En
effet,
la
création
de
l’UA
survenue
en
2002
marque
une
étape
cruciale
dans
la
marche
du
continent
vers
l’unification
politique.
Cette
vision
unitaire
est
sous-tendue
par
l’idée
de
faire
peser
d’avantage
l’Afrique
dans
les
instances
internationales
pour
influencer
les
différents
débats
(comme
l’atteinte
des
Objectifs
du
Millénaire
pour
le
Développement),
et
amener
la
communauté
internationale
à
négocier
non
plus
avec
un
conglomérat
d’Etats
mais
plutôt
avec
les
structures
sous-régionales,
régionales
voire
continentales,
notamment
avec
l’UA.
La
démarche
unitaire
a
commencé
à
porter
ses
fruits
avec
l’invitation
régulière
des
leaders
africains
promoteurs
du
NEPAD
aux
sommets
du
G8.
Il
est
à
craindre
que
la
nouvelle
diplomatie
chinoise
ne
brise
cette
dynamique. D’une
part,
l’approche
bilatérale
privilégiée
par
Pékin,
surtout
avec
les
pays
pétroliers,
peut
entretenir
l’illusion
d’un
développement
séparé
et
reléguer
au
second
plan
les
préoccupations
unitaires
du
continent.
A
ce
propos,
l’activisme
de
Pékin
irrite
l’Afrique
du
sud
qui,
faute
de
pétrole,
voit
ses
deux
principaux
concurrents,
le
Nigeria
et
l’Angola,
profiter
largement
de
la
manne
chinoise.
La
présence
chinoise
attise
les
rivalités
sourdes
entre
ses
trois
pays
candidats
à
un
siège
permanent
au
conseil
de
sécurité.
Par
ailleurs,
l’Angola
entend
tirer
profit
du
soutien
chinois
pour
renverser
l’équilibre
sous
régional
en
Afrique
australe
pour
le
moment
dominé
par
le
leadership
sud-africain.
B.
La
fidélisation
du
vote
africain
à
l’ONU
En
appelant
à
accroître
la
place
de
l’Afrique
dans
les
institutions
internationales,
la
Chine
cherche
plutôt
à
développer
un
réseau
d’alliés
pour
maintenir
un
vivier
de
partenaires
susceptibles
de
contrebalancer
l’influence
des
puissances
concurrentes.
La
perspective
de
l’élargissement
du
conseil
de
sécurité
de
l’ONU
a
déjà
donné
un
avant
goût
avec
le
duel
diplomatique
engagé
par
la
Chine
et
le
Japon
en
Afrique.
Pékin
apprécie
tout
le
poids
des
voix
africaines
qui
lui
ont
permis
en
1971
de
retrouver
son
siège
de
membre
permanent
au
conseil
de
sécurité
de
l’ONU,
au
détriment
de
Taiwan.
La
récente
nomination
d’une
Chinoise
à
la
tête
de
l’Organisation
Mondiale
de
la
Santé
(OMS)
est
venue
rappeler
l’importance
du
vote
des
48
pays
africains,
représentant
25%
des
voix
aux
Nations
Unies.
Au
demeurant,
il
n’est
pas
exclu
que
la
division
des
pays
africains
s’accentue
au
niveau
des
instances
internationales
autour
des
questions
liées
aux
droits
de
l’homme
par
exemple,
un
domaine
ou
Pékin
excelle
dans
l’immobilisme.
En
outre,
même
si
la
question
taïwanaise
n’est
plus
au
centre
de
son
action
en
Afrique,
Pékin,
à
la
faveur
de
sa
réussite
économique,
use
désormais
de
la
diplomatie
du
portefeuille
pour
isoler
Taiwan,
avec
une
certaine
réussite.
Après
le
rétablissement
des
rapports
diplomatiques
du
Sénégal
avec
la
RPC
en
2004,
il
ne
reste
plus
que
quatre
(4)
pays
africains
(Burkina
Faso,
Gambie,
Sao
Tome
et
Principe,
Tchad)
sur
53
à
soutenir
Taipei.
L’opportunisme
de
certains
Etats
africains
aidant,
la
série
Taipei-Pékin
est
loin
de
connaitre
son
épilogue
et
entrainera,
à
coup
sûr,
une
accentuation
de
la
division
du
continent
dans
les
instances
internationales.
Au
total,
la
non-ingérence
chinoise
élevée
au
rang
de
principe
immuable
menace
dangereusement
l’avenir
politique
du
continent
africain.
Comme
le
fait
remarquer
Valérie
Niquet,
«Pékin
utilise
de
sa
condition
de
membre
du
conseil
de
sécurité
de
l’ONU
pour
offrir
des
garanties
politiques
à
des
régimes
corrompus.
La
Chine
a
beau
jouer
sur
la
fibre
tiers-mondiste,
cette
pratique
rappelle
les
stratégies
que
les
pays
occidentaux
avaient
mises
en
place
juste
après
la
décolonisation ;
elle
retarde
les
évolutions
démocratiques
nécessaires
en
Afrique.
[5]»
Section
2 :
Les
perspectives
économiques :
opportunités
ou
périls ?
Même
si
en
apparence
les
nouvelles
relations
sino-africaines
sont
porteuses
d’opportunités
économiques
pour
le
continent,
il
n’en
demeure
pas
moins
qu’elles
ne
garantissent
pas
un
développement
économique
viable
et
surtout,
elles
présentent
de
réels
risques
de
déstructuration
du
tissu
industriel
embryonnaire
des
pays
africains.
§1.
Les
opportunités
économiques
A.
Si
le
développement
venait
de
l’Orient ?
La
pénétration
économique
de
Pékin
s’accompagne
de
la
promotion
du
modèle
chinois
basée
sur
l’idée
d’une
compatibilité
sino-africaine,
presque
naturelle.
En
effet,
à
coté
du
passé
d’humiliation
et
de
privatisation
jugé
commun,
la
Chine
insiste
sur
la
nécessaire
complémentarité
sino-africaine.
Au
cours
de
sa
visite
au
Nigeria,
en
avril
2006,
le
Président
Hu
Jintao
n’a
pas
manqué
de
la
mettre
en
évidence devant
les
parlementaires
en
déclarant:
« l’Afrique
a
de
riches
ressources
et
un
grand
potentiel
de
marché,
tandis
que
la
Chine
a
accumulé
dans
sa
modernisation
une
expérience
profitable
et
des
techniques
pratiques.
La
coopération
sino-africaine
a
donc
de
vastes
perspectives. »
L’argumentaire
chinois
repose
sur
l’adaptation
des
techniques
chinoises
au
substrat
social
et
économique
des
pays
africains,
en
raison
de
leur
simplicité
et
de
leur
rusticité.
Cette
vision
ne
manque
pas
de
faire
des
émules
au
point
que
certains
pensent
que
le
partenariat
sino-africain
offre
des
perspectives
de
développement
réel
à
l’Afrique.
De
plus,
«l’autoritarisme
politique
doublé
d’une
ouverture
économique,
source
de
croissance [6]»
ne
laisse
pas
indifférents
les
dirigeants
africains.
La
Chine
se
plait
à
rappeler
qu’elle
est
le
plus
grand
pays
en
développement
et
que
l’Afrique
représente
le
plus
vaste
ensemble
en
développement.
A
ce
titre,
et
selon
toute
vraisemblance,
la
complémentarité
va
de
soi.
Pékin
a
besoin
des
matières
premières
du
continent
africain
pour
soutenir
sa
croissance,
tandis
que
l’Afrique
est
à
la
recherche
de
capitaux,
de
produits
et
du
savoir-faire
chinois.
Cette
vision
s’est
traduite
du
coté
de
Pékin
par
une
revalorisation
de
l’aide
au
développement
à
l’Afrique
grâce
à
une
approche
multidimensionnelle
allant
de
l’assistance
technique,
aux
prêts
et
crédits
sans
intérêts,
en
passant
par
les
réalisations
à
caractère
social.
Ces
opportunités
se
mesurent
d’abord
par
l’amélioration
de
la
croissance
dans
certains
pays,
puis
au
niveau
de
l’aide
au
développement
et
des
perspectives
économiques
entrouvertes.
B.
Le
commerce
chinois
facteur
de
croissance
Les
effets
positifs
de
la
présence
chinoise
en
Afrique
découlent
avant
tout
de
la
hausse
de
la
demande
en
matières
premières
et
donc
de
leur
prix
de
vente.
A
titre
d’exemple,
la
demande
chinoise
d’acier
a
augmenté
de
20%
entre
1992
et
2002,
alors
que
la
hausse
moyenne
mondiale
n’était
que
de
4%.
Certains
Etats
ont
vu
leur
croissance
augmenter
du
fait
du
commerce
sino-africain.
Ainsi
le
Nigeria
et
l’Algérie
ont
connu
un
taux
de
croissance
respectivement
de
plus
de
6,8%
et
de
10%.
L’Afrique
connaît
aujourd’hui
son
taux
de
croissance
le
plus
élevé
(environ
6%
en
2006)
grâce
en
partie
au
dynamisme
de
la
présence
chinoise.
Les
échanges
commerciaux
sino-africains
ont
connu
une
ascension
fulgurante
ces
dernières
années,
avec
une
hausse
de
plus
de
535%
depuis
1995.
Pékin
est
devenu
le
troisième
partenaire
commercial
de
l’Afrique,
après
la
France
et
les
Etats-Unis.
Plus
de
800
entreprises
chinoises
sont
implantées
en
Afrique
et
la
Chine
importe
pour
30
%
de
son
pétrole
du
continent
africain.
Dans
le
domaine
de
l’aide
au
développement,
les
crédits
et
prêts
chinois
se
chiffreront
à
5
milliards
de
dollars
d’ici
2009,
sans
compter
la
signature
en
marge
du
troisième
sommet
sino-africain,
de
16
accords
commerciaux
entre
12
entreprises
chinoises
et
10
pays
africains
portant
sur
une
valeur
de
1,9
milliards
de
dollars.
C.
Une
aide
publique
variée
et
un
partenariat
moteur
du
développement
Dans
le
domaine
de
l’aide
publique,
le
ton
a
déjà
été
donné
par
le
Président
chinois,
Hu
Jintao
qui,
lors
de
sa
tournée
africaine
de
2004,
avait
promis
une
coopération
économique
tournée
vers
les
infrastructures,
l’agriculture
et
le
développement
des
ressources
humaines.
Les
mesures
envisagées
par
le
sommet
sino-africain
de
novembre
2006
laissent
penser
que
la
Chine
est
engagée
dans
la
réalisation
de
ces
promesses
en
Afrique.
En
effet,
elle
envisage
d'y
envoyer
100
ingénieurs
agronomes
supérieurs,
de
créer
10
centres-pilotes
agricoles,
de
construire
30
hôpitaux,
et
d’offrir
à
titre
gratuit
300
millions
de
yuans
pour
lutter
contre
le
paludisme
au
cours
des
trois
prochaines
années.
Pour
l'éducation,
Pékin
envisagerait
d’envoyer
300
jeunes
volontaires
chinois
pour
aider
à
créer
100
écoles
rurales
en
Afrique
et
porter
de
2000
à
4000
le
nombre
des
bourses
accordées
par
an
par
le
gouvernement
chinois
aux
étudiants
africains.
Dans
le
domaine
des
perspectives
économiques
susceptibles
de
représenter
un
réel
enjeu
de
développement,
il
convient
de
noter
que
l’augmentation
des
coûts
de
transport
maritime
pourrait
progressivement
amener
la
Chine
à
favoriser
la
création
d’une
industrie
de
transformation
des
matières
premières
(bauxite
et
le
fer)
sur
le
continent.
Il
s’y
ajoute
que
la
signature
des
Accords
de
Partenariats
Economiques
(APE)
entre
les
structures
régionales
africaines
et
l’UE
inclinerait
les
industriels
chinois
à
produire
à
l’intérieur
de
ces
régions
pour
accéder
au
marché
européen
et
à
profiter
ainsi
de
la
proximité
géographique.
Enfin,
l’amorce
d’une
coopération
technologique
inciterait
à
penser
qu’un
transfert
de
savoir-faire
chinois
contribuerait
à
accélérer
le
développement
de
certains
secteurs,
notamment
agricole
et
industriel.
Bref,
le
partenariat
stratégique
est
vécu
par
plusieurs
dirigeants
africains
comme
une
opportunité
économique.
Dans
un
contexte
de
fermeture
du
marché
européen,
l’Asie,
et
la
Chine
en
particulier,
représentent
une
alternative.
Certains
observateurs
y
voient
même
un
nouveau
moyen
de
redonner
à
l’Afrique
un
enjeu
stratégique,
en
renforçant
ainsi
son
pouvoir
de
négociation
grâce
à
la
diversité
des
interlocuteurs.
Le
Président
Olesegun
Obasanjo
du
Nigeria,
admiratif
devant
l’avenir
des
relations sino-africaines
n’a
pas
manqué
de
s’exclamer en
ces
termes: « nous
souhaiterions
que
la
Chine
dirige
le
monde
et
quand
ce
sera
le
cas,
nous
voulons
être
juste
derrière
vous.
Quand
vous
allez
sur
la
lune,
nous
ne
voulons
pas
être
laissés
derrière».
§2.
Les
périls
économiques de
la
présence
chinoise
Derrière
les
chiffres
et
les
promesses
de
l’offensive
chinoise,
il
y
a
lieu
de
s’interroger
sur
l’avenir
économique
du
continent
à
la
lumière
des
tendances
qui
se
dégagent
dans
plusieurs
domaines.
Tout
d’abord,
la
présence
économique
chinoise
connait
des
limites
au
niveau
de
la
génération
d’un
cadre
structurel
africain
favorable
à
la
croissance,
et
s’inscrivant
dans
les
schémas
d’intégration
en
cours.
Ensuite,
les
mécanismes
du
partenariat
rappellent
à
bien
des
égards
le
déséquilibre
commercial
qui
a
toujours
caractérisé
les
échanges
entre
l’Afrique
et
ses
anciennes
puissances
coloniales.
Enfin,
la
présence
chinoise
n’est
pas
toujours
synonyme
de
créations
de
richesses
du
fait
des
procédés
en
vigueur.
A.
L’absence
d’un
cadre
structuré
de
développement
Le
premier
péril
induit
par
la
présence
chinoise
en
Afrique
découle
de
l’absence
d’un
cadre
structuré
propre
à
assurer
dans
la
durée
une
rentabilité
aux
investissements.
En
effet,
en
mettant
en
avant
le
principe
de
non-ingérence
et
la
culture
du
bilatéralisme,
la
Chine
tourne
indirectement
le
dos
aux
initiatives
collectives
comme
le
NEPAD
qui
a
clairement
établi
la
nécessité
d’insérer
les
gros
investissements
sur
le
continent
africain,
dans
des
projets
collectifs
et
complémentaires.
Par
exemple,
dans
le
domaine
du
développement
des
infrastructures,
les
investissements
chinois
sont
généralement
tournés
vers
la
construction
d’un
réseau
de
communications
(routes,
chemins
de
fer,
oléoduc)
seulement
utile
à
l’extraction
et
à
l’acheminement
du
pétrole
ou
des
matières
premières
(cas
du
Soudan)
et
souvent
déconnecté
du
projet
d’intégration
envisagé
par
les
experts
du
NEPAD.
Comme
le
souligne
à
juste
titre
Yves
Ekoué
Amaizo «
Si
l’UA
et
les
gouvernements
africains
ne
se
décident
pas
à
dresser
une
carte
exhaustive
des
actions
multidimensionnelles
de
la
Chine
en
Afrique,
ils
auront
laissé
l’essentiel
de
leur
coopération
avec
la
Chine
s’opérer
sans
stratégie
d’ensemble[7] ».
Cette
mise
en
garde
rejoint
celle
du
président
de
la
commission
de
l’UA,
Alpha
Oumar
Konaré,
qui
n’a
pas
manqué
de
faire
part
de
ses
inquiétudes,
au
lendemain
du
sommet
de
Pékin
de
2006,
quant
à
la
capacité
de
l’Afrique
à
tirer
un
grand
profit
du
partenariat
avec
la
Chine
sous
la
seule
bannière
du
bilatéralisme.
A
ce
manque
de
vision
stratégique,
s’ajoute
la
tendance
à
encourager
la
mal
gouvernance
économique
par
l’apport
d’investissements
sans
aucune
condition.
Une
telle
attitude,
outre
qu’elle
favorise
l’émergence
de
pratiques
clientélistes,
freine
l’arrivée
d’autres
investisseurs
potentiels
et
retarde,
de
fait,
l’avènement
d’un
environnement
des
affaires
propice
à
la
croissance
des
économies
africaines.
B.
La
persistance
de
la
détérioration
des
termes
de
l’échange
Dans
le
domaine
des
échanges
commerciaux,
le
partenariat
sino-africain
est
dominé
par
l’inégalité
des
échanges.
Il
s’avère
que
la
Chine
importe
essentiellement
des
matières
premières
du
continent
et
ne
favorise
pas
la
diversification
des
exportations
africaines.
Au
contraire,
elle
inonde
le
marché
africain
de
produits
manufacturés
et
concurrence
même
l’industrie
locale.
Dans
le
domaine
textile
par
exemple,
l’industrie
sud-africaine
a
été
ébranlée
par
les
produits
chinois
au
point
que
les
entrepreneurs
locaux
réclament
des
mesures
de
protection
pour
faire
face
aux
pratiques
de
dumping
chinois.
Au
cours
de
sa
récente
visite
dans
ce
pays
en
janvier-février
2007,
le
Président
Hu
Jintao
a
pu
mesurer
le
climat
antichinois
véhiculé
par
les
organisations
patronales
et
syndicales.
Depuis
le
démantèlement
des
accords
multifibres
en
2005,
toute
l’industrie
textile
du
continent
est
menacée;
les
firmes
chinoises
dans
ce
domaine
ne
peuvent
être
concurrencées
par
les
entreprises
africaines
et
il
est
à
craindre
un
déclin
prochain
de
l’industrie
textile
au
Maroc(45%
de
l’emploi
industriel),
en
Tunisie,
à
Madagascar(30%
des
salariés
du
secteur
industriel)
et
dans
de
nombreux
pays
de
l’Afrique
de
l’Ouest
producteurs
de
coton ;
une
situation
porteuse,
très
probablement,
de
chômage
et
de
tensions
sociales.
Outre
le
démantèlement
de
tissu
industriel
embryonnaire,
les
exportations
chinoises
de
produits
manufacturés
en
Afrique
étouffent
les
Petites
et
Moyennes
Entreprises(PME)
ainsi
que
de
larges
secteurs
de
l’économie
informelle.
Au
Sénégal,
l’Union
Nationale
des
Commerçants
et
Industriels
(UNACOIS)
a
manifesté
à
plusieurs
reprises,
en
2004
et
2005,
pour
dénoncer
la
concurrence
déloyale
chinoise.
Les
mêmes
récriminations
sont
perceptibles
en
Afrique
du
Sud,
en
Guinée
équatoriale,
au
Zimbabwe
et
en
Zambie
où
le
sujet
a
occupé
une
partie
du
débat
lors
de
l’élection
présidentielle,
amenant
même
certains
candidats
à
promettre
l’expulsion
pure
et
simple
des
hommes
d’affaires
chinois
du
pays.
Le
déséquilibre
de
la
balance
commerciale
des
pays
africains
(sauf
pour
les
pays
producteurs
de
pétrole),
évoque
la
situation
des
années
70,
années
durant
lesquelles
l’économie
africaine
était
réduite
à
une
économie
de
rente
dont
les
revenus
épars
n’étaient
pas
orientés
à
l’édification
d’une
industrie
et
à
l’amélioration
des
conditions
socio-économiques
des
populations.
«
La
Chine
apparaît
donc
en
Afrique
comme
essentiellement
prédatrice,
selon
le
modèle
hier
mis
en
œuvre
par
les
puissances
coloniales.
[Une]
stratégie…qui
permet
aux
régimes
les
plus
contestables
de
la
région
de
reconstituer
une
économie
de
rente
fondée
sur
l’exploitation
massive
des
ressources
naturelles,
sans
réel
transfert
de
richesse
ou
de
savoir-faire
vers
les
populations
locales[8]. »
C.
Un
partenariat
non
générateur
de
richesses
Le
partenariat
chinois
n’est
pas
générateur
de
croissance
durable
et
de
richesses
en
raison
des
procédés
généralement
mis
en
œuvre
dans
les
investissements.
De
fait,
outre
le
constat
que
ces
derniers
sont
essentiellement
tournés
vers
l’exploitation
des
matières
premières,
la
Chine
se
singularise
par
sa
propension
à
ne
pas
créer
d’emplois
en
Afrique.
Dans
les
grands
travaux
comme
la
construction
des
infrastructures,
Pékin
n’hésite
pas
à
importer
de
la
main
d’œuvre
chinoise
et
sous
traite
rarement
avec
les
entreprises
locales[9].
Cette
capacité
à
bénéficier
d’une
main
d’œuvre
à
bon
marché
rend
les
entreprises
chinoises
beaucoup
plus
compétitives
que
leurs
homologues
du
secteur
privé
africain.
Par
ailleurs,
les
investissements
chinois
ne
s’accompagnant
d’aucun
transfert
de
technologie
pour
les
entreprises
locales
africaines,
il
est
difficile
pour
ces
dernières
de
développer
des
capacités
productives
endogènes,
seules
sources
de
création
de
richesses
durables.
Enfin,
la
politique
de
subventions
mise
en
place
par
Pékin
bouleverse
très
souvent
le
cadre
institutionnel
conçu
par
les
institutions
financières
internationales
au
point
que
certains
comme
Paul
Wolfowitz,
le
président
de
la
BM,
prédisent
le
ré-endettement
du
continent
africain
par
le
biais
des
aides
chinoises.
Le
partenariat
stratégique
sino-africain
présente
donc
de
nombreux
écueils
dans
le
domaine
économique
et
ne
garantit
pas
une
croissance
durable
pour
la
plupart
des
économies
africaines
comme
le
constate
Moeletsi
Mbeki,
vice-président
de
l’Institut
sud-africain
des
affaires
étrangères
de
l’université
de
Witwatersrand,
à
Johannesburg :
«
En
échange
des
matières
premières
que
nous
leur
vendons,
nous
achetons
leurs
produits
manufacturés(…),
N’assiste-t-on
pas
à
la
répétition
d’une
vieille
histoire
?[10]
CHAPITRE
II :
QUEL
AVENIR
POUR
LA
PAIX
ET
LA
SECURITE
EN
AFRIQUE ?
La
présence
chinoise
en
Afrique
se
déroule
dans
un
contexte
géopolitique
porteur
de
risques
réels
pour
l’avenir
de
la
sécurité
du
continent.
En
effet,
d’une
part
l’importance
des
investissements
consentis
par
la
Chine
à
travers
plusieurs
pays
africains,
notamment
dans
le
secteur
pétrolier,
pourrait
se
traduire
concrètement
sur
le
plan
de
la
sécurité
par
un
engagement
plus
marqué
de
Pékin.
D’autre
part,
l’offensive
chinoise
est
en
voie
de
relancer
les
rivalités
de
Pékin
avec
les
autres
puissances
concurrentes,
en
l’occurrence
les
Etats-Unis
et
les
anciennes
métropoles
coloniales,
dont
la
France.
Section
1.
Le
poker
pétrolier :
facteur
de
déstabilisation
La
boulimie
pétrolière
chinoise
est
un
facteur
susceptible
d’attiser
les
rivalités
politiques
dans
un
continent
africain
connu
pour
la
fragilité
de
ses
structures
politiques
et
économiques.
En
consentant
des
investissements
colossaux
en
Afrique,
dans
des
pays
souvent
instables,
il
est
légitime
de
s’interroger
jusqu’à
quand
la
Chine
respectera
scrupuleusement
le
principe
de
non-ingérence
dans
les
affaires
intérieures
des
Etats
africains.
L’attitude
de
Pékin
au
Tchad,
en
Angola,
en
Cote
d’ivoire
et
au
Soudan
laisse
croire
que
la
Chine
n’hésiterait
pas
dans
un
proche
avenir
à
intervenir
militairement
ou
à
encourager
des
initiatives
armées
en
Afrique
pour
sécuriser
ses
investissements.
§1.
Une
présence
de
plus
en
plus
ouverte
dans
les
zones
de
conflit
Au
Tchad,
nouveau
pays
pétrolier
convoité
par
Pékin
malgré
ses
relations
diplomatiques
avec
Taiwan,
la
crise
institutionnelle
progressive
a
connu
son
paroxysme
en
2006
avec
la
crise
au
Darfour
et
les
offensives
répétées
des
mouvements
rebelles.
La
montée
des
mouvements
d’opposition
armée
s’est
traduite
par
de
nombreuses
attaques
visant
à
renverser
le
pouvoir
du
Président
Idriss
Deby.
En
janvier
2006,
l’un
des
chefs
de
file
de
l’opposition
a
été
reçu
à
Pékin,
alimentant
les
soupçons
d’une
aide
chinoise
à
son
combat.
Ndjamena
n’hésite
plus
à
dénoncer
l’aide
militaire
chinoise
accordée
au
Rassemblement
pour
la
Démocratie
et
la
Liberté
de
Mahamat
Nour,
depuis
les
dernières
attaques
de
novembre
et
décembre
2006.
La
Chine
est
accusée
d’être
de
connivence
avec
le
Soudan
pour
accélérer
la
chute
du
Président
Idriss
Deby
et
procéder
à
une
nouvelle
redistribution
des
cartes
pétrolières.
En
Angola,
pays
à
peine
sorti
d’une
longue
guerre
civile
en
1997,
la
Chine
s’est
engagée
dans
une
vaste
opération
de
charme
qui
inquiète
les
observateurs.
Elle
se
substitue
au
FMI
et
à
la
BM
pour
accorder
des
prêts
préférentiels
à
ce
pays
en
échange
de
son
pétrole.
Elle
est
accusée
par
l’opposition
politique
de
financer
la
campagne
électorale
du
parti
au
pouvoir,
le
MPLA.
Sans
préjuger
de
l’avenir
des
prochaines
élections,
initialement
prévues
à
l’autonome
2006
mais
encore
repoussées
jusqu’en
2008-2009,
il
n’est
pas
exclu
que
ce
pays
en
reconstruction
ne
retombe
dans
les
démons
de
la
violence
du
fait
de
la
capacité
de
la
classe
dirigeante
à
se
soustraire
aux
critiques
et
à
l’arbitrage
de
la
communauté
internationale
grâce
à
la
manne
chinoise.
Enfin,
en
Côte
d’ivoire,
même
si
le
pays
ne
présente
pas
un
grand
intérêt
immédiat
sur
le
plan
énergétique,
la
Chine
profite
de
la
crise
actuelle
pour
s’implanter
durablement.
En
plus
du
soutien
militaire
qu’elle
accorde
à
ce
pays
en
guerre
civile
depuis
2002,
la
Chine
apporte
un
appui
diplomatique
aux
autorités
ivoiriennes.
Ainsi,
suite
aux
bombardements
du
camp
militaire
français
de
Bouaké,
en
novembre
2004,
le
Conseil
de
sécurité
de
l’ONU,
par
la
résolution
1572,
a
décrété
un
embargo
sur
les
armes
ainsi
que
des
sanctions
contre
les
personnes
reconnues
coupables
« de
violations
graves
des
droits
de
l’homme
et
du
droit
international
humanitaire
en
Côte
d’Ivoire ».
En
février
2006,
après
les
attaques
des
partisans
du
Président
Laurent
Gbagbo
contre
les
forces
onusiennes,
le
Conseil
de
sécurité
a
décidé
de
sanctionner
les
instigateurs
de
ces
violences
par
le
gel
de
leurs
avoirs
et
l’interdiction
de
voyage.
Tout
en
approuvant
la
résolution
de
l’ONU,
Pékin
a
quand
même
réussi
à
faire
enlever
de
la
liste
l’épouse
du
président
Simone
Gbagbo
dont
les
positions
extrémistes
sont
pourtant
bien
connues.
Jusqu’où
le
soutien
militaire
chinois
continuera-t-il
d’alimenter
un
conflit
qui
menace
à
long
terme
toute
la
sous-région
ouest
africaine ?
§2.
Vers
une
sécurisation
militaire
directe
des
investissements
pétroliers ?
Au
Soudan,
devant
les
risques
de
sabotage
et
d’attaque
des
infrastructures
pétrolières
au
Sud
du
pays
par
les
mouvements
rebelles
en
2000,
le
gouvernement
n’a
pas
lésiné
sur
les
moyens
à
travers
une
véritable
politique
de
terreur
et
de
déplacement
forcé
des
populations
Dinka
et
Nuers
vivant
à
proximité
des
gisements.
Ces
méthodes
employées
pour
créer
un
périmètre
de
sécurité
ont
multiplié
les
exodes
massifs
de
population
et
alimenté
les
tensions
dans
le
sud
du
pays.
Le
besoin
de
sécurité
autour
des
puits
pétroliers
a
transformé
littéralement
cette
partie
du
pays
en
un
immense
« far
west »
où
se
côtoient
de
multiples
forces
de
sécurité.
Si
certaines
compagnies
ont
recours
aux
structures
privées
telle
Executive
Outcomes,
d’autres
comme
la
China
Petroleum
Engineering
and
Construction
Group
font
officiellement
appel
aux
forces
armées
gouvernementales.
Toutefois,
souligne
Jennifer
Hery, « la
population
locale
soutient
que
les
travailleurs
chinois
sont
armés
et
semblent
prompts
à
faire
usage
de
leurs
armes.[11] »
Dans
une
de
ses
livraisons
d’août
2000,
le
quotidien
britannique
le
Daily
Telegraph
accusait
la
Chine
d’être
prête
à
envoyer
des
contingents
de
soldats
au
Soudan
pour
sécuriser
ses
investissements
pétroliers.
Cette
accusation
faisait
suite
à
la
capture
d’un
groupe
de
chinois
par
les
rebelles
de
l’Armée
de
Libération
des
Peuples
du
Sud
Soudan
(SPLA)
au
cours
des
combats
contre
les
forces
gouvernementales.
Pire,
d’après
un
Rapport
d’Amnesty
International,[12]
les
travailleurs
de
l’oléoduc
de
la
GNPOC
auraient
bénéficié
de
la
protection
de
combattants
afghans
et
malais
liés
à
des
réseaux
terroristes
internationaux.
En
somme,
la
présence
chinoise
s’accompagne
souvent
d’une
facilité
de
réarmement
des
pays
et
d’une
exacerbation
des
tensions
liées
à
l’enjeu
pétrolier.
Elle
charrie
des
risques
de
sécurité
évidents,
notamment
le
développement
de
zones
de
non
droit
ou
régentées
par
la
seule
loi
de
la
sécurisation
des
investissements
pétroliers.
Section
2.
Vers
une
relance
des
rivalités
entre
grandes
puissances ?
Naturellement,
l’essor
de
la
diplomatie
chinoise
en
Afrique
ne
va
pas
sans
relancer
la
rivalité
sourde
entre
puissances
en
cette
ère
de
reconfiguration
des
postures
géopolitiques.
Contrairement
à
certaines
prévisions
qui
reléguaient
le
continent
au
rang
des
espaces
dénués
de
tout
enjeu
géopolitique
majeur,
le
Commissaire
européen
Louis
Michel
avertit en
des
termes
non-equivoques: « C'est
un
fait,
en
peu
de
temps
l'Afrique
est
devenue
un
continent
convoité,
car
stratégiquement
importante.
L'Afrique
compte
aujourd'hui.
Premièrement,
l’Afrique
compte
en
termes
de
sources
d'énergie.
L'énergie
en
provenance
de
l'Afrique
joue
un
rôle
croissant
dans
la
sécurité
énergétique
de
tous
les
grands
consommateurs
mondiaux,
tels
les
Etats-Unis,
l'Europe
et
la
Chine[13]. »
Au
delà
de
la
remise
en
cause
du
modèle
de
développement
occidental,
le
partenariat
sino-africain
pourrait
déboucher
sur
un
nouveau
transfert
des
rivalités
de
puissance
sur
le
continent
africain.
Cette
hypothèse
est
fondée
avant
tout
par
le
regard,
de
plus
en
plus
critique,
jeté
par
Washington
sur
l’expansion
de
la
diplomatie
chinoise
à
travers
le
monde,
en
Afrique
singulièrement.
Il
s’y
ajoute
que
la
France,
même
si
elle
ne
réagit
pas
encore
officiellement
à
la
percée
chinoise,
commence
à
manifester
une
certaine
inquiétude
quant
au
maintien
de
ses
relations
privilégiées
avec
ses
anciennes
colonies.
Enfin,
d’une
manière
générale,
l’Union
Européenne
n’entend
pas
être
en
reste
en
raison
de
l’intérêt
qu’elle
accorde
à
la
guerre
énergétique
latente
qui
se
développe
à
travers
le
monde.
§1.
Le
partenariat
face
aux
intérêts
des
Etats
Unis
Même
si
la
Chine
s’efforce
de
mener
un « développement
pacifique »
sous
la
bannière
des
« quatre
non »
du
Président
Hu
Jintao
(non
à
l’hégémonisme,
non
à
la
politique
de
la
force,
non
à
une
politique
des
blocs,
non
à
la
course
aux
armements)
en
évitant
toute
forme
de
confrontation
avec
les
puissances
concurrentes,
en
particulier
les
Etats-Unis,
il
convient
de
reconnaitre
que
sa
nouvelle
diplomatie
commence
à
retenir
l’attention
des
dirigeants
américains.
Dans
le
document
portant
sur
la
stratégie
de
sécurité
nationale
publié
en
2006,
l’administration
américaine
exprime
ouvertement
ses
craintes
en
ses
termes : « ils(les
chinois)
développent
le
commerce,
mais
agissent
comme
s’ils
pouvaient
en
quelque
sorte
verrouiller
l’approvisionnement
énergétique
de
par
le
monde
ou
chercher
à
diriger
les
marchés
plutôt
qu’à
les
ouvrir,
comme
s’ils
pouvaient
appliquer
un
mercantilisme
d’une
époque
discréditée et
soutenir
des
pays
riches
en
ressources
naturelles
sans
tenir
compte
des
écarts
de
conduite
de
ces
régimes
en
matière
de
politique
intérieure
ou
de
leur
mauvaise
conduite
à
l’étranger».
Cette
critique
met
en
relief
l'émergence
de
la
Chine
comme
un
acteur
significatif
sur
la
scène
économique
mondiale,
avec
sa
demande
apparemment
inépuisable
de
matières
premières.
Elle
souligne
également
le
défi
de
taille
pour
les
États-Unis
qui
comptent
également
sur
l'Afrique
pour
les
approvisionner
dans
beaucoup
de
ces
secteurs.
A
coté
de
ses
griefs
d’ordre
économique,
Washington
dans
sa
lutte
contre
le
terrorisme
pourrait
vite
se
retrouver
en
conflit
ouvert
avec
Pékin,
plus
précisément
dans
certaines
parties
du
continent.
En
effet,
l’appui
diplomatique
apporté
par
Pékin
à
certains
régimes
en
délicatesse
avec
la
communauté
internationale
favorise
le
développement
de
zones
de
non
droit
propices
à
l’installation
de
groupes
terroristes.
Le
Soudan
qui
s’est
singularisé
de
par
le
passé
comme
un
sanctuaire
de
terroristes
musulmans
est
souvent
accusé
d’abriter
des
combattants
d’origine
islamique
(Afghans,
Malais,
Saoudiens
etc.…).
Cette
situation
entre
en
conflit
avec
la
nouvelle
vision
stratégique
antiterroriste
des
Etats-Unis.
En
effet,
le
projet
du
« Grand
Moyen
Orient »
dressé
par
Washington
concerne
curieusement
plusieurs
pays
pétroliers
africains
(Mauritanie,
Mali,
Algérie,
Soudan
etc…)
ayant
des
relations
commerciales
avec
la
Chine.
Ce
projet
qui
va
de
la
Mauritanie
au
Pakistan
consacrerait,
en
cas
de
succès, la
mainmise
par
les
Etats-Unis
d’une
zone
recélant
65%
des
réserves
pétrolières
mondiales.
Un
tel
contrôle
placerait
les
Etats-Unis
dans
une
position
favorable
par
rapport
à
la
Chine
qui,
consciente
du
danger,
semble
prendre
les
devants
en
accélérant
son
implantation
en
Afrique.
Dans
sa
lutte
contre
le
terrorisme,
il
s’agit
pour
l’administration
américaine
de
faire
du
Grand
Moyen
Orient
une
zone
pacifique
et
fermée
à
toute
liberté
d’action
des
groupes
armés
incontrôlés.
Comme
l’a
souligné
Brett
Schaefer,
spécialiste
des
questions
de
réglementation
à
l'«Heritage
Foundation»
de
Washington,
lors
d'une
conférence
tenue
le
7
mars
2006,
sur
l'influence
grandissante
de
la
Chine
en
Afrique
et
en
Amérique
latine :
«véritable
champ
de
bataille
de
la
guerre
contre
le
terrorisme,
l'Afrique
subsaharienne
est
de
plus
en
plus
vulnérable
face
à
l'extrémisme
islamique,
qui
essaie
d'étendre
son
influence
à
travers
le
Sahel
et
l'Afrique
de
l'Est.
»
Il
en
découle
que
les
crises
politiques
et
humanitaires
qui
sévissent
en
Afrique,
par
exemple
la
situation
dans
la
province
soudanaise
du
Darfour,
intéressent
particulièrement
les
Etats-Unis
d'abord
pour
des
motifs
humanitaires,
mais
ensuite
et
surtout
en
raison
d'intérêts
stratégiques.
La
création
d’un
commandement
américain
en
Afrique
annoncée
pour
septembre
2008
montre
que
les
Etats-Unis
sont
résolument
décidés
à
porter
leur
stratégie
anti-terroriste
dans
des
zones
« sous
protection
chinoise ».
L’avenir
des
relations
sino-américaines
pourrait
connaître
un
tournant
décisif
en
Afrique,
à
la
lumière
de
cette
analyse
de
Drew
Thompson:
« les
Etats-Unis
pourraient
voir
en
la
Chine
un
concurrent
et
s’intéresser
de
plus
en
plus
au
développement
progressif
des
sphères
d’influence
chinoises.
Dans
le
même
temps,
la
Chine
pourrait
interpréter
les
efforts
américains
pour
promouvoir
la
stabilité
et
la
démocratie
en
Afrique
comme
des
entraves
à
l’accès
aux
matières
premières
et
une
volonté
de
freiner
son
prétendu
développement
pacifique[14]. »
[C’est
nous
qui
traduisons].
§2.
Quelles
réactions
attendre
de
la
France
et
de
l’UE ?
Du
coté
de
la
France,
le
partenariat
sino-africain
ne
laisse
plus
insensible.
Un
rapport
de
200
pages
consacré
à
la
pénétration
chinoise,
publié
en
janvier
2006
par
le
cabinet BD-consultants,
conclut
à
la
nécessité
de
prendre
des
mesures
vigoureuses
pour
sauver
la
politique
africaine
de
la
France. Apres
avoir
pointé
du
doigt
le
dynamisme
économique
chinois
en
Afrique,
le
rapport
mentionne
que « l’efficacité
chinoise
contraste
avec
une
relative
passivité
française
(…).
Sans
une
vigoureuse
réaction
visant
à
remuscler
et
redynamiser
les
diverses
facettes
de
notre
présence,
la
Chine
occupera
vraisemblablement
une
place
plus
importante
sur
la
scène
africaine
que
la
France.»
Cette
sentence
sans
équivoque
annonce
des
mesures
hardies
qui
ne
seront
pas
sans
susciter
une
rivalité
franco-chinoise
au
niveau
de
continent,
surtout
dans
les
pays
ou
les
intérêts
pétroliers
français
sont
aujourd’hui
menacés
par
la
percée
chinoise.
En
effet,
les
firmes
pétrolières
françaises
Total
et
Elf
sont
de
plus
en
plus
concurrencées
par
leurs
homologues
chinois
au
Gabon,
au
Congo.
Le
Gabon,
dont
plus
de
80%
du
bois
est
exporté
en
Chine,
est
passé
en
l’espace
d’une
décennie
au
rang
de
deuxième
client
de
la
Chine.
Le
Congo
a
conclu
en
mars
2005
avec
la
société
pétrolière
chinoise
Sinopec
un
accord
d’exploitation
de
deux
blocs
off-shore.
Sur
fond
de
rivalités
économiques,
il
n’est
pas
exclu
que
la
concurrence
entre
firmes
chinoises
et
françaises
débouche
sur
une
remise
en
cause
de
la
fragile
stabilité
de
ces
deux
pays.
De
par
le
passé,
la
firme
française
ELF
a
été
accusée
d’avoir
financé
des
factions
rebelles
pour
renverser
en
1998
le
gouvernement
du
Président
Pascal
Lissouba
au
Congo,
peu
favorable
à
l’époque
à
leurs
intérêts,
car
encourageant
l’arrivée
de
nouveaux
investisseurs
tels
Occidental
Petroleum,
Shell
ou
Exxon.
La
volonté
chinoise
d’ancrer
sa
présence
en
Afrique
centrale
pourrait
à
long
terme
se
traduire
par
un
soutien
à
une
faction
armée
plus
sensible
à
son
expansion.
Au
Gabon,
les
intérêts
financiers
français
qui
pourraient
constituer
des
leviers
pour
assurer
la
stabilité
et
la
démocratisation
du
régime
d’Omar
Bongo,
sont
de
plus
en
plus
fragilisés
par
la
percée
chinoise.
La
cour
assidue
de
la
Chine
à
ce
dirigeant
africain,
qui
a
du
reste
multiplié
ses
déplacements
à
Pékin,
laisse
penser
que
ce
dernier
pourrait
se
retourner
vers
la
Chine
pour
faire
face
à
d’éventuelles
conditionnalités
françaises.
Dans
le
pré-carré
africain,
la
présence
chinoise
remet
très
nettement
en
cause
l’esprit
de
la
Baule
sur
lequel
comptait,
en
premier,
la
France
pour
inscrire
ses
anciennes
colonies
sur
les
chemins
de
la
bonne
gouvernance.
Force
est
de
constater
aujourd’hui
qu’une
reprise
en
main
de
la
politique
africaine
de
la
France
passe
par
un
affrontement
ouvert
avec
le
partenariat
sino-africain.
Cette
lutte
a
déjà
commencé
dans
les
instances
internationales
où
la
Chine
use
de
toute
son
influence
pour
protéger
ses
alliés
économiques
contre
d’éventuelles
sanctions.
La
durée
du
conflit
ivoirien
souligne
à
quel
point
la
France
ne
dispose
plus
à
sa
guise
de
leviers
dont
l’efficacité
ne
faisait
aucun
doute
dans
la
gestion
des
conflits
africains.
Dans
tous
les
cas,
l’instauration
de
structures
politiques
sino-africaines
viables
inquiète
déjà
au
point
que
Renaud
Delaporte
annonce
l’échec
des
ambitions
françaises
en
Afrique en
ses
termes: « En
plaçant
délibérément
le
sommet
sino-africain
dans
le
cadre
d’un
dialogue
sud-sud,
la
Chine
s’impose
comme
étant
la
seule
puissance
capable
d’offrir
à
l’Afrique
l’espoir
d’une
politique
de
développement
réaliste,
pragmatique
et
par
conséquent
applicable.
Elle
entérine
l’échec
de
trente-trois
ans
de
politique
africaine
française49. »
L’UE
dont
20%
des
importations
pétrolières
proviennent
de
l’Afrique
ne
tardera
probablement
pas
à
se
positionner
face
à
la
stratégie
chinoise
en
Afrique.
En
effet,
la
perte
progressive
de
concessions
pétrolières,
le
recul
des
entreprises
européennes
du
BTP
vont
éventuellement
obliger
l’UE
à
envisager
l’avenir
économique
sur
le
continent
lors
du
prochain
sommet
euro-africain
prévu
pour
le
second
semestre
2007.
Même
si
le
pétrole
africain
ne
constitue
pas
un
enjeu
stratégique
pour
la
majorité
de
ses
membres,
il
reste
que
la
guerre
du
gaz
de
décembre
2005
livrée
par
la
Russie
(qui
fournit
25%
du
gaz
et
42%
du
pétrole
à
l’UE)
incite
à
s’intéresser
à
d’autres
sources
d’approvisionnement,
dont
l’Afrique.
Enfin,
au
moment
où
l’UE
entend
insuffler
un
nouveau
dynamisme
à
sa
coopération
avec
l’Afrique
par
la
promotion
d’une
démarche
multilatérale50
la
Chine
acceptera-t-elle
de
la
rejoindre
autour
du
« partenariat
de
valeurs »
dont
parle
Louis
Michel,
Commissaire
Européen
au
Développement
et
à
l'Aide
humanitaire ?
CONCLUSION
La
fin
de
la
guerre
froide
et
la
reconfiguration
des
rapports
de
puissance
ont
entrainé
la
RPC
dans
l’élaboration
d’une
stratégie
d’expansion
et
d’affirmation
originale.
Alors
que
jusque
là,
la
compétition
militaire
semblait
être
le
garant
de
la
puissance
des
Etats,
Pékin
a
inauguré
une
nouvelle
phase
d’affirmation
centrée
sur
le
concept
de développement
pacifique.
L’objectif
ultime
est
de
participer
à
l’émergence
d’un
monde
multipolaire
dont
la
Chine
occuperait,
un
jour,
une
des
toutes
premières
places
et
non
nécessairement
la
tête.
Pour
atteindre
cet
objectif
et
dans
le
souci
d’éviter
toute
confrontation
(avec
les
Etats-Unis
en
particulier)
susceptible
de
compromettre
son
rayonnement,
la
Chine
se
déploie
selon
une
«diplomatie
asymétrique»
où
les
relations
économiques
bilatérales
occupent
une
place
centrale.
Multipliant
les
succès
économiques
depuis
l’application
de
la
réforme
initiée
par
Deng
Xiaoping
en
1978,
la
Chine
n’a
pas
mis
beaucoup
de
temps
pour
comprendre
que
le
maintien
de
sa
place
dans
le
monde
est
intimement
lié
à
sa
capacité
de
diversifier
et
de
sécuriser
ses
sources
d’approvisionnement
énergétiques.
C’est
dans
un
tel
contexte
que
Pékin,
après
une
période
de
léthargie
de
plus
d’une
décennie,
a
décidé
d’initier
un
partenariat
stratégique
dynamique
avec
l’Afrique.
Solidement
arrimée
aux
courants
des
mutations
profondes
qui
caractérisent
l’univers
post-guerre
froide,
la
Chine
s’est
lancée
dans
une
dynamique
de
calibrage
de
sa
diplomatie
afin
de
la
mettre
au
service
de
ses
objectifs
stratégiques,
dont
le
plus
important
demeure
la
sécurité
énergétique.
Le
choix
de
l’Afrique
n’est
point
fortuit
car
le
continent
a
toujours
représenté
une
pièce
maitresse
dans
le
rayonnement
de
la
Chine.
Mieux
le
partenariat
stratégique sino-africain,
du
coté
de
Pékin,
se
veut
un
modèle
éloigné
des
sentiers
battus
du
colonialisme
et
de
l’exploitation
érigés
en
règle
par
les
anciennes
puissances.
Cette
phraséologie
angélique
qui
caractérise
le
discours
officiel
chinois
a
pourtant
du
mal
à
cacher
les
mutations
intrinsèques
de
la
politique
africaine
de
la
Chine:
les
impératifs
du
marché
l’emportent
désormais
sur
le
discours
militant
des
années
70.
Au
plan
économique,
même
s’il
est
encore
prématuré
de
parler
de
péril,
les
tendances
lourdes
laissent
clairement
voir
que
le
modèle
de
coopération
chinois
en
vigueur
n’est
pas
sans
rappeler
la
politique
d’exploitation
des
matières
premières
par
les
puissances
occidentales
au
lendemain
des
indépendances
africaines.
En
ce
sens,
il
s’apparente
à
une
logique
de
prédation
et
ne
garantit
aucune
croissance
à
long
terme
des
économies
africaines.
Il
est
symptomatique
que
la
troisième
visite
du
président
chinois
en
Zambie
en
février
2007
se
soit
déroulée
sous
haute
surveillance
policière,
en
raison
des
risques
de
manifestations
violentes
des
travailleurs
du
secteur
minier
contrôlé
par
les
firmes
chinoises.
Dans
la
plupart
des
capitales
africaines,
les
protestations,
contre
la
concurrence
déloyale
au
secteur
privé
national
et
le
non-respect
des
droits
syndicaux
des
entrepreneurs
chinois,
s’amplifient
de
jour
en
jour.
Grosso
modo,
le
tableau
économique
de
la
présence
chinoise
n’affiche
pas
suffisamment
d’indicateurs
susceptibles
d’en
faire
une
bouée
de
sauvetage
pour
les
économies
africaines
à
la
dérive.
Tout
au
plus,
l’offensive
chinoise
n’offre
que
l’illusion
d’un
développement
aux
pays
africains
riches
en
matières
premières,
en
pétrole
notamment.
Dans
le
domaine
politique,
en
plaçant
au
cœur
de
sa
stratégie
le
principe
de
non-ingérence
et
de
neutralité
dans
ses
relations
avec
les
pays
africains,
la
Chine
a
introduit
de
nouveaux
paramètres
dans
l’appréciation
de
l’avenir
politique
et
économique
du
continent.
Alors
que
jusque
là
le
décollage
économique
du
continent
reposait
en
grande
partie
sur
l’application
de
règles
de
conditionnalités,
le
partenariat
proposé
par
Pékin
est
présenté
comme
une
menace
directe
au
processus
démocratique
enclenché
dans
la
plupart
des
Etats
africains.
Les
efforts
d’intégration
soutenus
par
l’UA
et
par
la
communauté
internationale
se
voient
ainsi
minés
par
l’alternative
offerte
par
Pékin
à
des
régimes
politiques
peu
enclins
à
se
soumettre
aux
règles
de
démocratisation
et
de
bonne
gouvernance.
Le
Soudan,
l’Angola
et
le
Zimbabwe
constituent
le
peloton
de
tête
qui,
vraisemblablement,
ira
en
s’élargissant
au
regard
de
l’indifférence
de
Pékin
aux
critiques
de
sa
politique
africaine.
Malheureusement,
dans
ce
domaine
particulier,
la
Chine
n’a
pas
de
leçons
à
recevoir
de
l’Occident
qui
a
soutenu
et
encouragé
des
régimes
décriés
sur
le
continent
africain.
Comme
le
note
Lionel
Vairon,
« la
Chine
se
trouve
dans
une
situation
semblable
à
celle
des
anciennes
puissances
coloniales
(…)
qui
ont
apporté
leur
soutien
à
des
régimes
autocratiques
(…).
L’ingérence
dans
les
affaires
de
ces
Etats
était
alors
la
règle,
mais
nul
ne
s’en
offusquait,
et
surtout
les
dirigeants
africains
qui
bénéficiaient
en
échange
de
leur
soumission
d’une
rente
et
d’une
impunité
confortables51. »
Loin
d’assurer
le
développement
de
l’Afrique,
le
partenariat
stratégique
sino-africain
soulève
également
des
interrogations
légitimes
sur
l’avenir
de
la
paix
et
de
la
sécurité. Le
soutien
militaire
inconditionnel
de
Pékin
à
des
régimes
politiques
décriés,
la
vente
incontrôlée
d’armes
par
les
firmes
chinoises
et
les
tentatives
d’une
implication
militaire
directe
de
Pékin
dans
la
sécurisation
de
ses
investissements
pétroliers
sont
autant
de
sujets
préoccupants.
A
un
moment
où
les
puissances
occidentales
semblent
délaisser
le
continent
africain
ou
n’y
ont
maintenu
qu’un
seuil
de
présence
minimale,
la
Chine
a
fait
montre
de
sa
capacité
à
assumer
son
nouveau
rôle
de
puissance
émergente.
Faisant
preuve
d’un
dynamisme
impressionnant,
elle
a
mis
en
œuvre
une
stratégie
globale
pour
trouver
de
nouvelles
frontières
à
ses
populations
et
à
son
économie.
Acteur
à
part
entière
de
la
mondialisation,
Pékin
a
compris
le
bénéfice
qu’il
pouvait
tirer
de
l’Afrique
en
usant
d’une
des
armes
les
plus
redoutables
de
l’après
guerre
froide :
la
puissance
économique.
Cette
puissance
en
œuvre
à
travers
tout
le
continent
n’a
pas
encore
dévoilé
toutes
ses
intentions.
Dans
tous
les
cas,
au
delà
des
questions
qu’elle
continue
de
soulever,
elle
interpelle
l’Afrique
sur
sa
capacité
à
prendre
en
charge
son
destin
et
à
considérer
l’aide
extérieure,
d’où
qu’elle
vienne,
comme
un
appoint
et
non
le
principal
pivot
de
son
développement.
En
effet,
plus
qu’une
entreprise
de
diabolisation
du
péril
rouge,
l’Afrique
devrait
se
mettre
en
ordre
de
bataille
pour
présenter
une
stratégie
d’ensemble
au
partenaire
chinois,
et
contourner
ainsi
le
bilatéralisme
déstructurant
de
la
Chine.
C’est
par
la
force
de
ses
propositions
politiques,
économiques,
sociales
et
sécuritaires
qu’elle
sera
à
même
de
jauger
de
l’utilité
du
partenariat
gagnant-gagnant
proposé
par
la
Chine.
Le
NEPAD
pourrait
être
le
point
de
départ
et
le
cadre
institutionnel
de
relations
multilatérales
sino-africaines.
Après
l’échec
de
plusieurs
décennies
de
coopération
avec
l’Occident,
le
partenariat
sino-africain
est
peut
être
un
moment
historique
d’évaluation
et
de
décision
pour
l’Afrique,
de
la
nouvelle
orientation
de
ses
relations
avec
les
partenaires
extérieurs
au
développement.
Dans
cette
perspective,
l’un
des
viatiques
les
plus
sûrs
pourrait
sans
doute
éclore
de
son
nouveau
contact
avec
l’Empire
du
Milieu qui,
après
plusieurs
siècles
d’occupation
coloniale,
semble
avoir
définitivement
tourné
le
dos
à
l’idéologie
qui
a
toujours
nourri
sa
politique
extérieure
au
profit
du
réalisme
et
du
pragmatisme,
les
nouveaux
paradigmes
de
la
diplomatie
chinoise
à
l’échelle
mondiale.
Commandant
Mbaye
Cisse
(Sénégal),
14e
promotion
du
CID.
Important :
L’Université
Panthéon-Assas-Paris
II
n’entend
donner
aucune
approbation
ni
improbation
aux
opinions
émises
dans
ce
mémoire ;
ces
opinions
doivent
être
considérés
comme
propres
à
leur
auteur.
Notes
[1]
Pour profiter pleinement de la mondialisation, la Chine a déployé des
efforts titanesques pour adhérer à l’Organisation Mondiale du Commerce
(OMC) en 2001. Pékin rappelle sans cesse la nécessité de respecter les
règles par tous les acteurs. Par ailleurs la décision de la Chine de
fusionner le ministère de la coopération et celui du commerce extérieur
est édifiante sur la volonté des autorités chinoises de faire de la
coopération extérieure et commerciale une priorité d’ordre stratégique.
Voir, à ce propos, Jean Christophe Servant : « La Chine à l’assaut du
marché africain », Le Monde diplomatique, mai 2005.
[2] Angel Ubide, « la Chine à la conquête de l’Afrique », telos-eu.com, décembre 2006
[3]
Concept lancé par Zheng Bijian en octobre 2003, Président du Forum de
réforme de la Chine et ancien vice président de l’Ecole Centrale du
Parti communiste chinois (PCC)
[4] Livre blanc du gouvernement chinois, « La voie de développement pacifique de la Chine » décembre 2005, 32p.
5
La Chine se plait à rappeler les expéditions sur la côte orientale
africaine de la dynastie des Ming qui se sont limitées à des échanges
avec l’Afrique, sans aucune volonté de domination. Voir à ce propos,
Paul Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances, Editions Payot & Rivages, 2004 pp 39-44.
6
Discours du Président Hu Jintao à la cérémonie d’ouverture du Forum de
Coopération sino-africain, 4 novembre 2006.
7 Valérie Niquet, « la stratégie africaine de la Chine », Politique Etrangère, février 2006, p.361
8 Voir « Sino-African Cooperation to Rise to New High », Quotidien du Peuple, Pékin, 10 mars 2000
9 Paul Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances op. cit. pp. 39-44
10 Adama GAYE, Chine-Afrique le
dragon et l'autruche : Essai d'analyse de l'évolution contrastée des
relations sino-africaines : saint ou impie alliance du XXIe siècle, Harmattan, 2006 p.52
11 Ibid., p 61
12 Jean-Christophe Servant, « La Chine à l’assaut du marché africain », Le Monde diplomatique, mai 2005.
13 Voir annexe I p60.
14 Discours du Président Jintao à la cérémonie d’ouverture du Forum de coopération sino-africain de Beijing 4-5 novembre 2006
15 Pour mieux mesurer la place des besoins énergétiques chinois, Voir Annexe II p.61
16
La demande quotidienne en pétrole est passée de 2,12 millions de barils
par jour en 1990 à 3, 95 millions de b/j en 1999. Elle est estimée à
7millions de b/j à l’horizon 2010. Source Agence Internationale de
l’Energie OCDE 2004
17 Voir annexe III p.62
18 Interview du Président algérien Bouteflika in www.el-mouredia.dz novembre2006
19 Voir annexe IV p.63
20 Pierre Antoine Braud, « La Chine en Afrique, anatomie d’une nouvelle stratégie chinoise » Analysis, www.iss-eu.org, octobre 2005 p.2
21 Ces ouvriers seraient des prisonniers de droit commun ayant obtenu une réduction de peines. Ibid.,p3
22 Marie-France Cros, « le nouvel ordre chinois en Afrique », la Conscience, avril 2006
23 Chung-lian Jiang, « la Chine, le Pétrole et l’Afrique », www.geopolitis.net, novembre 2004
24
Le président du Nigeria Obasanjo a demandé le soutien officiel de Pékin
pour l’obtention d’un siège permanent au Conseil de Sécurité.
25 Voir annexe V p.64
26 Interview du Président algérien Abdelaziz Bouteflika, www.el-mouredia.dz, novembre2006
27
Jawad Kerdoudi, Consultant et économiste et président de l’Institut
Marocain des Relations Internationales (IMRI), « Sommet sino-africain,
quels enjeux ? », www.menara.ma, décembre 2006
28 Valérie Niquet, «la stratégie africaine de la Chine » op.cit., pp. 363-364
29 Voir annexe VI p 64.
30 F. Lafargue. « La Chine et l’Afrique : un mariage de raison », Diplomatie, sept-oct 2005
31 Renaud Delaporte, « la Chine a lancé une OPA amicale sur l’Afrique », Agora Vox novembre 2006
32 Ibid.
33 Voir annexe VII p 65.
34 Jacques Chirac, Discours prononcé à la XIXe Conférence des chefs d’État de France et d’Afrique,
Ouagadougou, Paris, Productions 108, 5 décembre 1996, pp.10-11.
35 Pierre Antoine Braud « La Chine en Afrique, anatomie d’une nouvelle stratégie chinoise » op.cit. p.6
36 Yves Alexandre Chouala, « L’Afrique dans le nouveau partenariat international Enjeux de civilisation et de puissance », Revue Études internationales, volume XXXIV, no 1, mars 2003
37 Louis Michel, Conférence publique sur la Stratégie Afrique prononcée à Berlin, le 28 novembre 2006
38 Jim Fisher-Thompson, La Chine ne constitue pas une menace pour les Etats-Unis», www.uspolicy.be, juillet 2006
[5] 39 Valérie Niquet, interview donné au journal Expansion, 1° décembre 2006
[6] 40 Pierre Antoine Braud, op.cit. p.21
[7] 41 Yves Ekoué Amaizo, « Pour une nouvelle coopération Afrique-Chine : des erreurs à ne plus reproduire », article en ligne www.afrology.com/eco/amazoi_chinafric.htlm, avril 2006
[8] 42 Valérie Niquet, « la stratégie africaine de la Chine », op. cit. pp.373
[9]
43 Les Chinois se défendent en invoquant le manque de qualification de
la main d’œuvre locale et les contraintes de délais de livraison. Il y a
également, de leur part, une volonté de contourner les entraves d’ordre
syndical. Entretien avec M Lionel Vairon, 12 février 2007.
[10] 44 Jean-Christophe Servant, « La Chine à l’assaut du marché africain » op. cit.p.5
[11] 45 Jennifer Héry, « le Soudan entre pétrole et guerre civile », Harmattan, 20003 p40-41
[12] 46 Rapport Amnesty International, « The Human Price of Oil », Mai 2001
[13] 47 Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, « Il est temps de remettre l'Afrique au centre de la politique extérieure européenne », Conférence publique sur la Stratégie Afrique, Berlin, le 28 novembre 2006
[14] 48 Drew Thompson, “Economic growth and soft power: China’s Africa strategy”: Volume 4, publié par la Foundation Jamestown; Décembre 2004
49 Renaud Delaporte, op.cit. p.30
50 Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire « Il est temps de remettre l'Afrique au centre de la politique extérieure européenne » op. cit.
51 Lionel Vairon, Défis chinois, introduction à une géopolitique de la Chine, Ellipses 2006. p.97
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