Le pape a vigoureusement défendu mercredi 30 mai ses collaborateurs et fustigé l'image déformée du Vatican livrées, selon lui, par les médias après les fuites de lettres confidentielles lui étant adressées. Le saint-père, qui paraissait pâle, grave et amaigri, a été chaleureusement acclamé par les 15 000 fidèles présents sur la place Saint-Pierre. Le Vatican avait officiellement confirmé, le 26 mai, l'arrestation du majordome du pape, Paolo Gabriele, l'un des auteurs présumé des fuites.
Ces évènements "ont provoqué en mon cœur de la tristesse", mais "le Seigneur ne privera jamais l'Eglise de son aide pour la soutenir sur son chemin", a-t-il assuré. Ce message visait à rassurer ses cadres dans le monde entier, alors que se multiplient les rumeurs sur des rivalités entre cardinaux au Vatican, certains étant même soupçonnés par les médias d'avoir été les "gorges profondes".
"Des hypothèses tout à fait gratuites se sont multipliées, amplifiées par certains médias, et sont allées bien au-delà des faits, donnant une image du Saint-Siège qui ne correspond pas à la réalité, a répondu le pape. Je désire renouveler ma confiance et mon encouragement à mes plus proches collaborateurs qui m'aident quotidiennement avec fidélité, esprit de sacrifice et dans le silence, à remplir mon ministère."
"CE QU'A SUBI BENOÎT XVI EST BRUTAL"
Selon le vaticaniste Marco Tosatti, cette expression de confiance s'adresse notamment au cardinal secrétaire d'Etat italien, Tarcisio Bertone. D'après la presse italienne, l'enjeu de la publication des documents aurait été précisément de pousser vers la sortie ce proche de Benoît XVI, en raison d'une gestion jugée trop autoritaire, centralisée et insuffisamment diplomatique.
Après des jours de silence, la riposte du Vatican avait commencé mardi par un tir de barrage très dur contre les médias italiens, mené par Mgr Giovanni Becciu, substitut à la secrétairerie d'Etat. "Ce qu'a subi Benoît XVI est brutal : il a vu publiées [...] des confidences qu'il a reçues uniquement en raison de son magistère", a déclaré le numéro trois du Saint-Siège, soulignant que l'expression d'opinions divergentes auprès du pape était légitime et normale. "On fustige le caractère absolu et monarchique du gouvernement central de l'Eglise, mais on se scandalise que certains, en écrivant au pape, expriment des idées et des plaintes sur l'organisation de ce gouvernement", avait-il noté.
Les investigations, dans le plus grand secret, sont menées à deux niveaux : par la justice vaticane et par une commission de trois cardinaux qui continue d'auditionner de nombreuses personnes. Des médias italiens ont affirmé que l'enquête s'oriente vers d'autres suspects. Selon le site Vatican Insider, il s'agirait de trois fonctionnaires laïcs du Saint-Siège, résidant en Italie.
La nouvelle de l'interpellation de l'un d'entre eux le jour même de l'arrestation de Paolo Gabriele, qui aurait été relâché quelques heures plus tard, n'a pas été confirmée. Si cette piste était avérée, le Saint-Siège devrait demander la collaboration judiciaire italienne.
Selon La Repubblica, c'est le secrétaire particulier du pape, Mgr Georg Gänswein, qui, en lisant le livre de Gianluigi Nuzzi, Sua Santita, aurait demandé des explications à Paolo Gabriele sur la publication dans cet ouvrage d'un document comptable adressé directement au pape sur le budget de la "Fondation Joseph Ratzinger".
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