Monday, September 24, 2012

Terres rares : un quasi-monopole chinois


Sur le marché des terres rares, dont le chiffre d'affaires annuel avoisine 4 milliards de dollars (3,2 milliards d'euros), pour une production de 130 000 tonnes, la Chine détient aujourd'hui un quasi-monopole. Ces matériaux sont cruciaux pour les secteurs de pointe, particulièrement les industries "vertes" : jusqu'à 600 kilogrammes de néodyme, la plus utilisée des 17 terres rares, peuvent être nécessaires pour la fabrication 
d'une éolienne offshore. Or ce métal se négocie environ 170 000 dollars (138 000 euros) la tonne. "Les prévisions indiquent que la demande en néodyme et en dysprosium [également utilisé pour les éoliennes] devrait dépasser l'offre vers 2015-2020", souligne Christian Hocquard, du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM).
Dans ce contexte déjà tendu, la Chine a décidé de réduire ses quotas d'exportation en 2010, en avançant pour argument la protection de l'environnement. Un prétexte pour Christian Hocquard. "En réalité, explique-t-il, l'enjeu est double : faire monter les prix [celui du néodyme a grimpé de 600 % entre mars 2010 et mars 2011] et privilégier la consommation locale, avec la volonté de développer une industrie à forte valeur ajoutée."
RECYCLAGE
D'où l'émergence de sites de production dans d'autres pays, notamment aux Etats-Unis, dans les usines de Mountain Pass (Californie), et sur la côte est de la Malaisie, à Kuantan, où sont traitées des terres rares importées d'Australie, à la faveur d'une législation environnementale plus souple. La mine de Mountain Pass avait déjà été exploitée, mais elle avait dû fermer en 2002, après des fuites d'effluents radioactifs qui avaient conduit la Californie à adopter des normes environnementales plus strictes, rendant les prix de production trop élevés. Dans le nord de la Malaisie, une autre mine, celle de Bukit Merah, avait également fermé en 1992. D'autres projets voient le jour, en Afrique du Sud, au Brésil, au Canada, au Vietnam ou au Groenland. Le Japon a même évoqué la piste, encore très hypothétique, de l'exploration offshore.
Dans le même temps, les industriels cherchent à limiter l'usage des terres rares, voire à s'en affranchir. Mais pour les produits les plus consommateurs de ces matériaux (comme les éoliennes offshore, dont ils permettent de réduire le poids et d'améliorer la performance), les recherches ne font que débuter.
Le dernier axe de réflexion porte sur le recyclage des terres rares. Mais " ce recyclage coûte très cher, alors que les prix du marché devraient baisser", note John Seaman, de l'Institut français des relations internationales (IFRI). A court terme, les alternatives au monopole chinois restent donc très marginales.

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