Friday, January 29, 2010

La dévaluation, nouveau remède miracle du FMI pour l’Afrique



Solution ou bricolage ?
Face à la crise économique mondiale, le FMI a sorti sa nouvelle carte pour l’Afrique; il prescrit une autre dévaluation.

Alors que pendant longtemps les autorités africaines se sentaient à l’abri de ses effets, il est aujourd’hui de plus en plus admis que les perspectives de l’Afrique se sont fortement dégradées à cause de la crise financière mondiale. Selon les prévisions, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne était de 1,5 % en 2009 avant de remonter à un peu moins de 4 % en 2010, taux qui reste inférieur au niveau enregistré avant la crise. Ces prévisions impliquent une décélération prononcée de la croissance par rapport à 2008 et une forte révision à la baisse des prévisions publiées en octobre dernier. Il faudrait désormais s’attendre à une nette détérioration des positions budgétaires et extérieures jusqu’en 2010. Les pays exportateurs de pétrole et d’autres produits de base seront particulièrement touchés. Tant que les perspectives mondiales seront incertaines, la balance des risques restera orientée essentiellement à la baisse. Le FMI est donc monté au créneau pour faire le marketing de ses produits préfabriqués dont les résultats sont restés mitigés pour ce qui est par exemple du Cameroun.


Entre autres solutions proposées pour gérer la crise économique mondiale,le FMI, tout en invitant les pays donateurs à faire des efforts en vue de fournir une ‘’aide soutenue’’ à l’Afrique, recommande aux pays de cette région d’assouplir autant que possible leur politiques monétaires et laisser le taux de change s’adapter à la conjoncture externe. Il argumente du fait que la chute des prix des produits de base devrait donner une impulsion déflationniste qui pourrait permettre à certains pays d’assouplir leur politique monétaire. Dans les pays où les termes de l’échange se sont détériorés et où les flux de capitaux se tarissent, la monnaie devra se déprécier en termes réels.

Pour le FMI, dans la conjoncture défavorable actuelle caractérisée par les effets d’engrenage de la dépression économique mondiale et l’aversion croissante des investisseurs au risque, l’assombrissement des perspectives de croissance économique dans toute la région consécutif à chute de la demande et des cours des produits de base et au tarissement des ressources extérieures, « tous les pays (de la région d’Afrique au Sud du Sahara) devront s’adapter au nouveau contexte extérieur »… Même s’il faut passer par une dévaluation de leur monnaie.
Les observateurs de la situation économique en Afrique y voient au mieux une campagne de marketing de la part du fonds dont les produits miracles n’intéressent presque plus personne, et au pire une volonté suspecte de l’institution de toujours vouloir maintenir les économies des pays Africains toujours enfoncés.

Après plusieurs décennies d’ajustement structurelle, la plupart des pays bénéficiaires dont le Cameroun ont vu leurs économies en faillite au point de devoir se placer sous le couvert du régime de faillite international qu’on a techniquement appelé l’initiative Pays Pauvre Très Endetté( PPTE). Initiative que l’on a par ailleurs brandit comme un nouveau souffle pour l’Afrique et dont les effets pour ce qui est du Cameroun se font apparemment encore attendre, puisque le pays est incapable de lancer de vastes programmes sans le recours à l’aide extérieure. La première dévaluation du FCFA par exemple qu’on avait toujours présenté comme salvatrice n’a eu pour effet que de créer une inflation au plan interne, inflation que les rentrés de devises liées aux exportations n’ont pas su compenser.


Des experts économiques tels le camerounais Babissakana vont plus loin. Dans une lettre écrite à l’ancien patron du fonds Rodrigo de Rato, il relevait déjà le fait que si le FMI était un conseiller créateur de valeur pour le Cameroun, il aurait déjà recommandé à ses dirigeants économiques de ne plus solliciter le déblocage des tranches restantes d’un crédit qui est le générateur des conditionnalités sans fondement réel. Autrement dit le partenariat avec le FMI place les pays africains dans un état de perpétuel endettement. Ainsi pour ces techniciens financiers, si le bénéfice de l’aide du FMI est conditionné par une nouvelle dévaluation de la monnaie, les dirigeants des pays africains devraient se méfier d’un partenariat qui pourrait entrainer des troubles sociaux qu’aucun plan de réajustement de la communauté internationale ne pourrait contenir.
En ce qui concerne Madagascar,le Fonds Monétaire International commence à s’impatienter et exige une dévaluation de l’ordre de 30 à 40% de l’ariary, ce qui donnerait, au cours du jour, un euro qui s’échangerait entre 3900 et 4200 Ar. Certains opérateurs en zones franches vont encore plus loin et proposent une dévaluation de l’ordre de 80% et ce afin de compenser l’éviction de Madagascar de l’AGOA. 80% ? Ce qui donnerait un euro à 5400Ar. Dans tous les cas, l’économie nationale sera au fin fond du gouffre. Mais le malheur des uns fera le bonheur des autres car les investisseurs étrangers se bousculeront au portillon, un RMI (ou RSA) suffira à monter sa boîte à Madagascar. Tandis que les opérateurs locaux eux n’auront plus qu’à mettre la clé sous la porte car il leur sera très difficile de s’aligner dans ces conditions. Sans parler du taux d’inflation qui suivra forcément à la hausse. Les riches étrangers seront encore plus riches, le bouseux local lui n’aura plus que ses yeux pour pleurer

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