Thursday, June 15, 2006

Loi Sarkozy : un Malgache de 8 ans sera expulsé, selon le « Washington Post »

La loi Sarkozy fait toujours des vagues. Jusqu’aux Etats-Unis, au Congrès américain principalement, rapporte le journal « Washington Post » en consacrant, hier, un long article sur le sujet à travers le cas d’un jeune élève malgache de 8 ans.

Il s’appelle Andrianina (son nom de famille ne sera pas divulgué pour les raisons que l’on sait). D’après le quotidien américain, il aime les maths, le basket-ball et la bibliothèque où il affectionne les livres sur la nature et les animaux. Et selon son maître à l’école primaire La Faiencerie, dans la banlieue sud de Paris (Bourg-La-Reine, près de Cachan où se trouve le foyer malgache), il figure parmi les meilleurs de la classe.

La fin de l’année scolaire ne sera cependant pas pour lui synonyme de libération et farniente avec les vacances. Elle marque plutôt son expulsion, lui, sa sœur et ses parents, dans le cadre des nouvelles mesures prises en France contre l’immigration clandestine. Car aussi jeune qu’il est, Andrianina n’est pas moins un immigré illégal.

L’histoire commence dans le tumulte de 2002. Employé dans un laboratoire pharmaceutique d’Antananarivo, son père obtient un stage de 3 mois en France. Il ne commencera jamais son stage, rapporte le « Washington Post ». Sans aucun doute, la douloureuse crise post-électorale a amené le stagiaire à faire un choix définitif de tenter l’aventure, le mythe de l’« andafy » étant pour les ressortissants malgaches. Selon le reportage, il a ainsi travaillé en tant que livreur et logeait dans un petit appartement avec 6 personnes.

Un an et des économies après, il fait venir sa femme qui confie Andrianina, alors âgé de 5 ans, et sa fille de 2 ans, à sa belle-mère. C’est en décembre 2004, à l’approche peut-être des fêtes de fin d’année durant lesquelles les sentiments sont très forts, que le « regroupement familial » (ndlr) se fait avec l’ « arrivée » des deux enfants, le couple ayant pu économiser avec l’apport de la femme qui fait du baby-sitting et du ménage et les petits boulots de l’époux en plus de son métier de livreur.

L’article du quotidien américain ne précise pas la période, mais toujours est-il qu’Andrianina puis sa petite sœur sont inscrits à l’école, la loi française n’exigeant pas la régularité des papiers des parents pour l’inscription des enfants à l’école.

Alors que les parents font tout (d’après l’article) pour ne pas s’exposer aux contrôles de Police en s’acquittant par exemple des factures de l’EDF et GDF, et achetant leurs tickets de Métro, la mère se fait quand même épingler le 18 avril dernier au sortir de la station pas très loin de sa résidence où les parents et les deux enfants logent ensemble dans la même chambre.

Après deux heures de détention, elle sera libérée en recevant une lettre d’expulsion. Elle fait appel de la décision devant la Justice française qui confirme la décision administrative. Et récemment, elle vient de recevoir l’ordre de quitter le territoire français.

Les recommandations faites, la semaine dernière, aux autorités locales sur les éventuelles régularisations des familles illégales pour cause d’enfants scolarisés, n’excluent cependant pas qu’Andrianina et sa famille soient expulsés au début du mois prochain.

Aussi malheureux qu’il soit, le cas d’Andrianina n’est certainement par unique. En 2002, il y eut beaucoup de nos concitoyens qui sont partis voir des ciels plus cléments à cause de la crise et les persécutions. En 1991, c’était le cas à peu près pareil mais dans une moindre mesure. Et la majeure partie de la diaspora en France est constituée des privilégiés de la Première République et des déçus de la Révolution socialiste de l’amiral Ratsiraka qui comble d’ironie, figure parmi les exilés.

A travers Andrianina, qui se traduit littéralement par « celui qu’on respecte », les mesures prises par la France qui est souveraine dans ses décisions, devraient en fait interpeller les autorités malgaches. « Même sans papiers, nos conditions sont 10 fois meilleures qu’à Madagascar », dit la mère après avoir fait observer au juge qu’« on est avant tout ici pour l’avenir de nos enfants ».

Cette femme est, à ne pas en douter, ressemble à toutes celles qui aspirent à une belle carrière pour leur progéniture. Le système de plus en plus sélectif, par l’argent d’abord et principalement, ne peut cependant répondre à cette aspiration à Madagascar. Demandez où sont formés les rejetons de nos dirigeants et avec quels financements et vous comprendrez pourquoi des gens se risquent pour la formation de leurs propres enfants.

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