Tuesday, February 27, 2007

LES FEMMES RESISTENT MIEUX AUX CANCERS QUE LES HOMMES

Plus d'un cancer sur deux est guéri en France. En effet, moins de 50 % des personnes atteintes de cette maladie meurent au cours des cinq années suivant le diagnostic. Cependant, il existe de très grandes disparités selon les cancers, certains guérissant dans neuf cas sur dix, d'autres moins d'une fois sur dix. De même, la survie varie selon le sexe. Pour la première fois, une étude de très grande ampleur a été menée en France à partir des registres où sont recensés les cas, grâce au soutien de la Ligue nationale contre le cancer. Les résultats de cette étude ont été présentés mardi 27 février.

Les données rassemblent tous les cas enregistrés entre 1989 et 1997, soit 205 602 malades âgés de plus de 15 ans. Pour chaque cas, une vérification a eu lieu afin de savoir si la personne était toujours en vie au 1erjanvier 2002 et, dans le cas où elle serait décédée, si la mort était ou non la conséquence directe du cancer. On parle de survie relative pour le taux corrigé des cas de décès autres que le cancer. La taille de cette base de données a rendu possible une analyse pour les 35 localisations de cancer recensées.

"La France apparaît globalement en bonne position par rapport aux autres pays européens pour le taux de survie à cinq ans", constate le docteur Pascale Grosclaude, responsable du registre du Tarn et l'une des responsables scientifiques de l'étude. Mais, souligne-t-elle, "il faut parler non pas du cancer mais des cancers, avec certains comme celui du sein, où il y a eu des améliorations et d'autres, comme ceux du poumon ou du pancréas, pour lesquels les progrès sont lents".

"Outre la bonne performance moyenne du système de soins français, nous voyons apparaître dans cette étude les progrès accomplis au cours de la décennie des années 1990, avec un gain de 6 % à 7 % pour la survie, se réjouit le professeur Dominique Maraninchi, président de l'Institut national du cancer (INCa). Il y a eu une modification du caractère curable de certains cancers, mais pas de tous." Le professeur Henri Pujol, président de la Ligue nationale contre le cancer, abonde dans le même sens. "Il existe une grande hétérogénéité, constate-t-il. Le taux de survie relative cinq ans après la découverte du cancer est de 95 % pour celui du testicule, de 85 % dans le cas du sein, de 56 % dans le cas du côlon et du rectum, mais de 14 % si le cancer est localisé au poumon et de 6 % si c'est au pancréas. Nous voyons clairement les efforts à accomplir." Ces disparités s'expliquent en partie par la localisation, superficielle ou profonde, de ces cancers, de même que par le fait qu'ils sont plus ou moins aisément décelables. "Le cancer du pancréas ne parle pas, alors qu'une grosseur au sein ou du sang dans les selles vont alerter", explique le docteur Grosclaude.

Autre différence mise en évidence par l'étude, le taux de survie à cinq ans est meilleur chez la femme (63 %) que chez l'homme (44 %). Première explication : devant un signe d'alerte, les femmes ont plus volontiers un comportement de prévention, alors que les hommes consultent plus tardivement. Il semble également que, pour un même cancer, les femmes présentent des formes moins agressives que les hommes.

Les progrès réalisés dans l'amélioration de la survie relative résultent à la fois de diagnostics plus précoces et d'évolutions thérapeutiques. "Au cours des années 1990, la mise au point de traitements par chimiothérapie et par hormonothérapie a par exemple permis d'améliorer le taux de survie après un cancer du sein", souligne le professeur Pujol.

Au-delà des interprétations scientifiques, des conclusions plus générales peuvent être tirées. "L'analyse de la survie relative à cinq ans montre qu'il n'y a pas de justification à la pénalisation dont sont victimes les personnes qui ont été touchées par le cancer auprès des banques et des assureurs, affirme le professeur Pujol. Les disparités mises en évidences confortent la nécessité de disposer de pôles de référence régionaux pour le traitement des cancers." Pour sa part, le professeur Maraninchi estime indispensable de "garantir l'équité dans le diagnostic précoce des cancers et dans la qualité des soins".

L'exploitation de cette base de données, administrée par le réseau Francim, les Hospices civils de Lyon et l'Institut de veille sanitaire, va se poursuivre. Les résultats de l'analyse de la survie relative à dix ans devraient être rendus publics en septembre. D'ores et déjà, le président de l'INCa s'engage à "renforcer le dispositif de surveillance Francim, en particulier pour fournir des explications aux disparités constatées".

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