Alors qu’il n’a pas encore vendu un kilo de ses productions, le complexe minier d’Ambatovy est déjà menacé de fermeture.
Des soit-disant anciens employés utilisés pour la réalisation du
projet donnent, en effet, à la société jusqu’au 5 novembre prochain pour
payer une indemnité de 30 millions de francs par personne sous peine de
fermeture des usines. A priori, ce groupuscule aura du mal à exécuter
sa menace. Le discours entretenu dans la ville de Toamasina sur cette
revendication et d’autres affaires appelle toutefois à la vigilance.
Légalement,
aucun travailleur ne peut demander réparation auprès d’une société avec
laquelle il n’a pas été lié par aucun contrat. A Ambatovy pourtant, des
individus se disant employés des nombreuses sociétés sous-traitantes
exigent du projet de leur payer des indemnités de licenciement après la
fin des travaux pour lesquels ils ont été engagés par les
sous-traitants.
En réalité, il ne
s’agit que d’un prétexte car sur le sort des travailleurs ayant œuvré
pour la réalisation des travaux, le consortium Sherritt a déjà pris des
mesures même si aucun règlement ne l’y oblige. Il y a d’abord le volet
AIDE (appui et initiative pour les démobilisés) dans le cadre duquel un
ancien travailleur reçoit une pécule entre 40 et 60 000 ar par mois
durant une certaine période suivant la durée de la présence sur le
projet, chaque salarié ayant travaillé au sein d’un sous-traitant étant
bénéficiaire de cet appui. Il y a aussi la création du Bureau
de redéploiement de la main-d’œuvre qui comme son nom l’indique, est
chargé du placement des anciens salariés ayant travaillé sur le projet.
Au
sein de l’association Fitama ni du côté d’un certain Riri de son vrai
nom Henri Rakotomalala qui conduisent ce mouvement, on n’entend pas
parler de ces initiatives. S’ils avaient déclaré que le volet AIDE ne
leur satisfaisait pas, on aurait peut-être interprété d’une autre façon
leur agissement. Mais là, ils affirment de but en blanc qu’« il faut
fermer le projet Ambatovy car il ne profite pas aux natifs de Toamasina
».
La phrase fait peur. Aux
initiateurs du projet mais aussi à tout citoyen malgache digne de ce
nom. Elle fait peur parce qu’elle vient surtout d’un personnage qui a
marqué la période trouble du pays en 2002. Henri Rakotomalala, il s’agit
de lui en effet, était à la tête du mouvement des jeunes dénommé «
Zatovo » qui avait soutenu l’Amiral Didier Ratsiraka. Les tentatives
menées actuellement pour la réconciliation nationale et l’amnistie
interdisent de rappeler des faits malheureux de la crise post-électorale
de 2002. Le risque provoqué par les discours régionalistes, surtout
dans le contexte actuel, est cependant trop grand pour ne pas rapporter
les sombres projets du Fitama et des Zatovo de vouloir contrôler le port
de Toamasina, les Douanes, la Chambre de commerce sous le slogan «
tsisy miala aketo niany » ( « j’y suis, j’y reste »).
Ce
slogan a été adopté après que la ministre du Commerce ait décidé de
limoger le président du comité ad hoc spécial de la Chambre de commerce
de Toamasina et de le remplacer par une autre personne non originaire de
la ville. Mais le mouvement s’est surtout activé après le déplacement
du président de la Transition pour le démarrage de l’exploitation
d’Ambatovy. Cette visite dans la capitale betsimisaraka a été l’occasion
pour Andry Rajoelina de séduire Toamasina en annonçant une kyrielle de
projets dont la réhabilitation de la rue et de la voirie de Tanamakoa
ainsi que des marchés, la construction d’un stade aux normes
internationales à Barikadimy et du nouveau centre hospitalier sans
parler de la rénovation de l’hôtel de ville.
Ces
projets n’étaient pas au goût de certains qui crient à la tricherie
électorale. Ces derniers appréhendent également que les 25 millions de
dollars alloués par le consortium Sherritt pour les projets sociaux ne
soient utilisés à des fins électorales par le clan de M. Rajoelina.
Bref,
c’est pour des objectifs purement politiques que Riri et consorts
veulent la fermeture d’Ambatovy et, créer également un climat délétère à
Toamasina. Heureusement que la ville ait un prétendant à la
Magistrature suprême en la personne de Roland Ratsiraka. Espérons qu’il a
suffisamment de pouvoir et de crédibilité pour convaincre les Zatovo et
autres Fitama d’être plutôt fiers d’un aussi grand patrimoine qu’est
Ambatovy qui offre d’ailleurs des avantages particuliers à de nombreux
jeunes bacheliers de Toamasina lesquels sont formés pour assurer la
relève. Qui parle de fermeture ?
Salomon Ravelontsalama
Cobalt d’Ambatovy : victime de sa renommée
Le
cobalt d’Ambatovy sera commercialisé au début du mois de décembre. Le
projet a signé un contrat avec une firme britannique pour sa
commercialisation, indique une dépêche de Resource Investing News. Mais à
lire cette dépêche, le cobalt d’Ambatovy est victime de sa renommée.
Les
cours du colbalt ont, en effet chuté, la mi-octobre après que l’annonce
de la mise sur le marché de la production malgache ait été annoncée.
D’après les courbes du marché du London Metal Exchange, les cours ont
chuté d’environ 1000 dollars la tonne pour se situer à environ 25 000
dollars.
En apportant les
déclarations de Mark Plamondon, président de Sherritt et CEO du projet,
selon lesquels « Ambatovy n’exporte pas des matières premières ni des
produits non finis contrairement aux divers projets miniers en Afrique
», la dépêche semble expliquer cette baisse des cours à la qualité du
produit d’Ambatovy.
En
réalité, il y a aussi le fait que la demande est faible à cause de la
morosité mondiale dont plus particulièrement la Chine. « Les commerçants
sont inquiets que plus de cobalt entre dans un marché déjà saturé à une
période économique difficile », indique-t-on. Selon l’organisme
américain Geological Survey, la production mondiale de cobalt en 2011
était de 98.000 tonnes environ. La production d'Ambatovy qui est de
5.600 tonnes par an, ne représente donc que 5,7 pour cent de la production mondiale. |
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